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Les mendiants de Victor Hugo analyse linéaire

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Par   •  30 Juin 2022  •  Commentaire de texte  •  1 717 Mots (7 Pages)  •  3 830 Vues

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Le Mendiant, Victor Hugo

Victor Hugo, chef de file du romantisme, a publié « Le Mendiant » dans Les Contemplations, recueil de 1856. Mais le poème est daté de décembre 1834, date où le jeune poète

de 32 ans. Le poème, en alexandrins et rimes suivies, décrit avec beaucoup de simplicité

et de pudeur sa rencontre avec un pauvre vieillard, mendiant. Victor Hugo confère à ce modeste personnage méprisé par la société une dimension merveilleuse et mythique grâce à

l’écriture poétique. Nous étudierons donc la manière dont Victor Hugo transforme et ennoblit cette figure du mendiant. Le poème est composé de trois parties. Il débute par le récit

de la rencontre, des vers 1 à 9, puis se poursuit par un dialogue entre le poète et le mendiant, des vers 10 à 17, et s’achève par la description du manteau qui fait l’objet d’une mé-

tamorphose poétique.

- Vers 1 à 9 : Le récit de la rencontre

- Vers 10 à 17 : Le dialogue entre le poète et le mendiant

- Vers 18 à 26 : Le manteau, support de la métamorphose poétique

- Dès le 1er vers, le récit installe une dimension pathétique à la fois par le sujet « Un

pauvre homme passait » et par le cadre hivernal inhospitalier « dans le givre et le vent ».

L’antéposition de l’adjectif « pauvre » modifie son sens pour crée un sentiment de pitié. Le

mot « givre » est mis en valeur par la reprise de ses sonorités dans un écho musical

(«givre » « vitre » « ouvris »), renforcé par les allitérations en V (pauvre, vent, vitre, devant,

ouvris, civile, ville, vieux, vit), l’harmonie imitative évoque le vent froid.

- Cette rencontre est présentée comme un souvenir personnel, comme le montre la pré-

sence de la 1re personne : « je cognai sur ma vitre », « ma porte que j’ouvris ». Le poète

est ici acteur de cette rencontre et sujet des verbes d’action. Le mendiant ne mendie pas,

c’est le poète qui lui offre l’hospitalité, il invite le « pauvre homme » par sentiment d’humanité. L’idée d’hospitalité est soulignée par le complément circonstanciel de manière « d’une

façon civile ». Le récit est raconté de manière très simple et très naturelle. Victor Hugo,

pour lui donner plus de souplesse et de naturel, s’affranchit du rythme traditionnel de

l’alexandrin en faisant des enjambements aux vers 2-3 (puis ensuite au vers 6-7). La prosodie reflète ainsi la simplicité d’une scène banale. Le carcan du vers s’ouvre en même

temps que la porte du poète.

- La banalité du cadre réaliste est précisée aux vers 4-5 qui donnent un arrière-plan quotidien et modeste à cette scène campagnarde (« ânes », « marché », « paysans »). Les

ânes, animaux souvent méprisés, sont ici le sujet de la phrase, et associés à l’idée du fardeau qu’ils portent (le « bâts » des ânes désigne le dispositif que l’on met sur dos pour

qu’ils portent des charges, et qui parfois les blesse. Non seulement Hugo peint une scène

réaliste, mais il met au cœur de celle-ci les créatures les plus modestes.

- L’identité de l’homme est précisée au vers 6, par un présentatif à l’imparfait : « C’était le

vieux qui vit dans une niche / Au bas de la montée ». Il marque une reconnaissance par le

passage de l’article indéfini « un » à l’article défini « le ». La pauvreté de l’homme est évoquée par son lieu de vie : « une niche », terme d’architecture, mais qui laisse entendre une

animalisation. Cela renforce l’aspect pathétique. L’antithèse entre « bas » et « montée »

est soulignée par l’enjambement : le vieil homme vit rejeté, à l’écart de la société. Le «

bas / de la montée » est à la fois géographique et symbolique, car il semble indiquer sa

place dans la société. L’effet est d’autant plus fort que le mot « bas » est associé aux «

bâts » des ânes (rime équivoquée).

- La description du mendiant prend ensuite une dimension plus poétique, avec le verbe «

rêve » : il s’éloigne du prosaïsme quotidien et de la misère. L’adjectif « solitaire » crée de la

pitié, mais assimile également le pauvre homme à une figure d’ermite. L’utilisation du

présent pour « vit » et « rêve » rend la scène encore actuelle pour le poète et semble l’inscrire dans une sorte d’éternité.

- Les deux vers suivants (8 et 9) sont construits sur deux antithèses et deux parallélismes

entre le ciel et la terre, entre les hommes et Dieu. L’ensemble forme un chiasme (ciel – terre //

hommes – Dieu). L’attitude de prière et de modestie de cet homme, qui se contente de très

peu (un « liard », c’est très peu, et la diérèse met le mot en valeur), et qui vit de la charité, souligne son lien avec Dieu. On remarque que l’image « un rayon du ciel triste » (au lieu d’un

rayon de soleil) est très poétique et permet de renforcer la dimension pathétique, grâce à

l’hypallage « ciel triste » (ce n’est pas le ciel qui est triste, mais le mendiant).

La 1re partie du texte dresse donc le cadre réaliste de la rencontre, mais permet également de

créer une atmosphère pathétique, tout en inscrivant peu à peu la figure du mendiant dans une

dimension plus symbolique et religieuse.

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