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Les livres - Dissertation

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Par   •  1 Mars 2019  •  Dissertation  •  2 405 Mots (10 Pages)  •  507 Vues

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"Je hais les livres, ils n'apprennent qu'à parler de ce qu'on ne sait pas" écrit Rousseau dans Emile ou De l'éducation, en 1762. Cet ouvrage très renommé aborde le moyen d'éduquer les garçons pour qu'ils deviennent des hommes accomplis et traite bien plus rapidement la transformation des jeunes filles en bonnes épouses. Fidèle à sa théorie idéaliste du "bon sauvage" ou de "l'état naturel" comme il l'appelle, l'éducation d'Emile se fait le plus possible dans la nature, éloigné de la société qui est la seule source de perversion chez les hommes. Dans un extrait du livre III, l'auteur développe sa vision du livre : il en ressort un aspect néfaste surtout au niveau éducatif. Les livres apportent-ils toujours une connaissance partielle et non durable du sujet qu'ils abordent et une vision non véridique de la vie? Nous verrons tout d'abord les aspects en accord avec ce traité sur l'éducation puis nous nous pencherons sur la contestation de ce propos. Enfin, nous essaierons de voir si les deux avis ne sont pas conciliables et pourraient ainsi évoluer.

Rousseau développe son propos avec l'exemple d'Hermès : "S'il les eût bien imprimées dans la tête des hommes, elles s'y seraient conservées par tradition.". Il prend le parti de démontrer que le livre ne peut pas transmettre les connaissances aussi bien que l'apprentissage direct. Le vécu est nécessaire pour ancrer un savoir. Il est donc compréhensible que les livres soient alors perçus négativement puisque nombre d'entre eux proposent des réalités faussées, propices à l'élaboration de rêves qui nuisent à une bonne conception de la réalité. Les exemples les plus flagrants sont bien sûr les romans fantastiques mais plus encore les romans à "l'eau-de-rose" qui développent un sujet, une histoire idyllique impossible à réaliser tellement (presque) tout semble être parfait, tout ceci dans un cadre réel. Dans ces derniers, le sujet abordé est-il vraiment maîtrisé? Il est là aussi très difficile de savoir ce qu'est précisément l'amour or ce sujet est central dans beaucoup de livre. Le fait de parler "ce qu'on ne sait pas" prend là du sens. On peut prendre pour exemple les ouvrages de Guillaume Musso ( L'appel de l'ange...) ou encore ceux de Jane Austen (Orgueil et préjugés, Raison et sentiments) où l'amour sort toujours triomphant. Ils exposent un idéal hors d'atteinte et le lecteur peut être perdu par cette vision optimiste mais fausse.

D'autre part, Rousseau critique le fait que la littérature ne donne pas une information complète. Il écrit dans le même livre : "N'y aurait-il pas moyen de rassembler tant de leçons éparses dans tant de livres, de les réunir sous un objet commun". Sur ce point, il est indéniable qu'un livre ne peut pas rassembler toute la connaissance accumulée sur un sujet. Un livre sur une période de l'histoire ne pourra que très difficilement rapporter tout ce qu'il s'est produit, en prenant compte de tous les idéaux et circonstances car après tout, le livre adopte le point de vue de l'auteur. Nous pouvons prendre l'exemple d'Ernest Hemingway qui écrivit L'adieu aux armes. Publié en 1929, ce récit sur la Première Guerre mondiale mêle l'autobiographie au roman. Il y confie sa vie pendant et après cette guerre meurtrière en gardant comme fil conducteur son amour pour Catherine Barkley, infirmière anglaise. Ces livres, à eux tout seuls, présentent des faits d'une manière que l'on pourrait considérer comme partiale. Il faut donc croiser les livres, pour croiser les témoignages, les avis, les informations... On arrive ainsi assez difficilement à une connaissance suffisante du sujet pour développer un esprit critique. Rousseau à donc raison : il faut "rapprocher tant de leçons éparses dans tant de livres".

Tout ceci, nous amène au fait que la lecture reste subjective et il est compliqué d'apprendre du subjectif. Cette caractéristique de la lecture appuie aussi le premier fait abordé, le vécu : "Des cerveaux bien préparés sont les monuments où se gravent le plus sûrement les connaissances humaines". On peut rappeler que la littérature demeure le cinquième art. C'est donc quelque chose d'artistique, qu'il faut voir comme une oeuvre, en d'autres termes : il est nécessaire de concevoir que le subjectif est bel et bien présent pour comprendre et bien aborder la littérature. Bien que l'exemple ne s'accorde pas avec un livre défendant une idée ou apportant un savoir, Flaubert écrit à propos de Madame Bovary "Ce que je voudrais faire, c'est un livre sur rien [...] qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style" et prouve ainsi que c'est le style qui fait le livre ce n'est donc qu'une sorte d'artifice. Dans les livres, la réalité est donc très souvent romancée, embellie mais aussi ternie. Les leçons que l'on peut en tirer ne relèvent donc pas de la vérité générale et il n'est pas possible de les croire pleinement. Bien que ce ne soit pas de la littérature à proprement parler mais des traités scientifiques, on peut ici prendre l'exemple de Galien qui produisit de nombreux écrits concernant l'anatomie et le fonctionnement du corps humain basés sur des éléments en partie faussés. Ces connaissances seront plus tard remises en question par André Vésale mais, durant quatorze siècles, les médecins auront exercés selon des principes qu'ils n'auront pas contestés. Ainsi, la littérature n'expose pas forcément la vérité, ce qui nous ramène au premier propos, seul le vécu peut être une source de sûreté. Pour rester sur cet aspect de généralité, il est vrai que les témoignages communiquent une sorte de vécu aux lecteurs. Eric-Emmanuel Schmitt explique dans Ma vie avec Mozart son adolescence difficile mais dont il réussit à se sortir grâce à la musique de ce compositeur emblématique. Il est possible de changer le cours de sa vie comme cet auteur mais peut-être pas toujours, ni avec la même solution : écouter du Mozart ne changera pas la vie de tout le monde! Ses écrits futurs seront influencés : Poison d'amour expose une vision là aussi quelque peu pessimiste de cette période, il fait part d'une sorte de généralité quasi exclusive qui n'est pas pour autant vrai. Le lecteur se voit donc influencé par une expérience d'un sujet qui ne serait pas forcément la sienne.

La lecture, vue par Rousseau, empêche l'assimilation totale

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