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Les Fleurs du Mal "Rêve Parisiens analyse linéaire

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Par   •  2 Mai 2022  •  Analyse sectorielle  •  2 343 Mots (10 Pages)  •  3 057 Vues

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Texte 3 : Les Fleurs du Mal « Rêve parisien» (section « Tableaux parisiens »)

Introduction :

        Le dédicataire : Constantin Guys est un dessinateur apprécié de Baudelaire qui rédige à propos de son œuvre Le Peintre de la vie moderne, que l'on peut considérer comme un essai ou un éloge, et dans lequel il définit notamment la notion de modernité. « La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. »

(Structure : deux parties de longueurs inégales (13 et 2 strophes) ; l'ensemble du poème est composé de quatrains octosyllabiques en rimes croisées. Les deux parties mettent en relief l'opposition entre « rêve » et réalité. )

[Lecture]

Mouvements :

1 - le locuteur affirme l'emprise sur lui des images d'un rêve dont il est l'auteur/une vision fascinante. (S1 – S3)

2- description d'une ville idéale et minérale (S4-S9)

3- le locuteur réapparaît et juge sa création (S10-S13)

4- le retour à la douloureuse réalité(S14-S15)

[Projet de lecture] Nous allons voir :

* comment le locuteur nous fait entrer dans un rêve séduisant avant d'y mettre un terme brutal. *que ce poème invite à faire l'expérience de la tension entre spleen et idéal.

*que ce poème donne à voir un élan artistique vers l'idéal brutalement effacé par le spleen qu'inspire une décevante réalité.

Mouvement 1 : une vision fascinante

St. 1 « de ce terrible paysage, /Tel que jamais mortel n’en vit, /Ce matin encore l’image, /Vague et lointaine, me ravit. »

Les hyperboles aux vers 1 et 2 confèrent au « paysage » un caractère extraordinaire, voire divin, qui plonge le locuteur (présent à travers le pronom « me » ) dans l'extase (rime vit/ravit) Le présent de l'indicatif accompagné du déictique de temps « ce matin » a une valeur d'énonciation, ce qui contribue à solliciter la curiosité du destinataire.

St.2 « Le sommeil est plein de miracles /Par un caprice singulier, /J'avais banni de ces spectacles/Le végétal irrégulier, »

: la dimension divine est confirmée par l'hyperbole à connotation religieuse « miracles » ;

 la modalité exclamative manifeste à la fois l'enthousiasme et la conviction du locuteur, qui se communiquent au destinataire.

 « caprice » renvoie à un désir irrationnel tandis que le syntagme verbal « j'avais banni » suggère une action consciente et volontaire. Cette intervention confère au rêve une particularité, une singularité qui là encore appelle la curiosité du destinataire.

( L'absence d'un « règne », le végétal, est révélatrice d'un choix esthétique : l'adjectif « irrégulier », qui comporte une nuance dévalorisante, peut renvoyer à l'esthétique baroque à laquelle s'opposent la stabilité et la régularité classique.)

 St. 3 : « Et, peintre fier de mon génie, /Je savourais dans mon tableau/L'enivrante monotonie/Du métal, du marbre et de l'eau. »

 le locuteur s'affirme comme un artiste (« peintre »/ « tableau ») valorisé et exalté dans sa force créatrice (« génie ») cela  constitue une nouvelle valorisation de la description à laquelle est préparé le destinataire.

 Le dernier vers marque le début du dévoilement du tableau à travers l'énumération des matières qui le composent ou qu'il représente.

Mouvement 2 : description d'un ville idéale et minérale

St.4 « Babel d'escaliers et d'arcades,/C'était un palais infini,/Plein de bassins et de cascades/Tombant dans l'or mat ou bruni ; »

 *Antonomase « Babel » : le « paysage » décrit est identifié à une ville mythique dont la tour incarne l'orgueil humain, la volonté de rivaliser avec Dieu. La description s'ouvre sous le signe de la démesure ; cependant, ce qui est condamné dans l'épisode biblique de la tour de Babel, est au contraire valorisé dans le poème de Baudelaire.

*Imparfait de description *Hyperboles « infini » / « plein » : idée de démesure, de divinité

*Verticalité : elle domine la strophe et développe implicitement le thème de la tour ; toutefois le mouvement ascendant des « escaliers » et des « arcades » du début s'inverse en mouvement descendant « cascades » / « tombant »

*Connotation : « or » renvoie à la richesse et la beauté, ce qui fait du lieu décrit une ville idéale ; les adjectifs qualificatifs « mat » et « bruni » sont des termes d'orfèvrerie...on perçoit l'influence de l'esthétique du Parnasse.

St.5 « Et des cataractes pesantes, /Comme des rideaux de cristal,/Se suspendaient, éblouissantes,/A des murailles de métal. »

*Gradation : la chute d'un fleuve (cataracte) apparaît comme un degré supérieur de la « cascade »

*Rimes : cristal/métal met en exergue les matériaux qui constituent cette ville qui revêt ici une dimension irréelle ; ces matériaux sont de nouveau un indice de l'influence parnassienne.

St.6 « Non d'arbres, mais de colonnades/Les étangs dormants s'entouraient,/Où de gigantesques naïades,/Comme des femmes, se miraient. »

 *Adverbe de négation : souligne l'originalité du lieu qui déjoue les attentes du destinataire ; confirme le rejet de végétal énoncé au début du poème.

La pierre sculptée de l'architecture grecque qui remplace l'élément végétal attendu près d'un lac, peut encore être inspirée par le modèle parnassien ; la colonne relève aussi de l'isotopie de la verticalité qui développe le thème de la tour.

*Imparfait « se miraient » : peut avoir une valeur d'aspect inachevé → impression de fixité. Le verbe renvoie aussi au mythe de Narcisse.

St.7 « Des nappes d'eau s'épanchaient, bleues,/Entre des quais roses et verts,/Pendant des millions de lieues,/Vers les confins de l'univers ;

*Horizontalité (s'épancher/quai/lieue) rompt avec verticalité

*Hyperbole « millions » : idée d'infini, développée au vers suivant (confins de l'univers)

*Couleurs : les trois couleurs rappellent celles utilisées dans les émaux ; le rose et le vert peuvent aussi renvoyer à deux variétés de marbre.

St.8 « C'étaient des pierres inouïes/Et des flots magiques ; c'étaient/D'immenses glaces éblouies/Par tout ce qu'elles reflétaient ! »

...

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