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Lecture analytique, de l'amitié, Montaigne

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Par   •  16 Décembre 2018  •  Commentaire de texte  •  1 835 Mots (8 Pages)  •  2 468 Vues

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Argumentation

Lecture analytique

Montaigne, Essais, « De l’amitié »

Eléments d’introduction :

Bio de Montaigne (voir fiche)/ l’humanisme

L’écriture des Essais (voir fiche) : Montaigne s’est consacré à l’écriture des Essais dès 1571, les retravaillant sans cesse jusqu’en 1580 à sa mort.

Montaigne et La Boétie (voir bio): Les deux hommes se rencontrent en 1558, ils sont magistrats à Bordeaux, et leur amitié va durer 4 ans, les quatre dernières années de la vie de La Boétie. Au moment de leur rencontre, La Boétie a écrit Discours sur la servitude volontaire depuis une dizaine d’années, mais c’est Montaigne qui le publiera, à titre posthume en 1576. (il s’agit d’un pamphlet politique, qui remet en cause la légitimité des gouvernants)

La Boétie a révélé à Montaigne l’amitié. Une amitié exceptionnelle, une expérience unique que Montaigne nous relate, avec émotion et délicatesse, dans notre extrait.

Problématiques : En quoi peut-on parler d'une autobiographie au service de l'argumentation? / En quoi est-ce un texte argumentatif? / Comment Montaigne définit-il l’amitié ? / En quoi Montaigne fait-il une description argumentative de l’amitié véritable ?

Nous montrerons qu’à travers des références autobiographiques, Montaigne mène une réflexion plus générale (I) et définit ainsi ce qu’est pour lui une amitié unique (II) , faisant de son ami, un alter ego (III).

Les Essais : un modèle d’écriture

Le point de vue subjectif : Montaigne s'exprime en son nom propre :

présence du « je » (« je parle », « j’en puis »).

le caractère personnel se manifeste à travers le lexique valorisant, (« excellente », « perfection », « intelligence (= connivence, complicité) »), le vocabulaire des sentiments (« je l’aimais », « affection »), les modalisateurs (« je sens », « je crois »)

Un texte argumentatif

Proposant une délibération sur un sujet, l'auteur ne prétend pas épuiser son sujet, mais lui conférer un éclairage original. Le texte propose une réflexion, il expose, analyse : « Ce que nous appelons ordinairement… » / « « En l’amitié de quoi je parle », « ce que j’en puis dire », « je dis »

Un destinataire : le lecteur : « nous »

Un texte qui vise à convaincre

Une réflexion sur une question existentielle

Le thème de l’amitié : Montaigne définit ce qui, pour lui, est la véritable définition de l’amitié, le bonheur de connaitre ce sentiment

Une réflexion menée à partir d’événements personnels / un hommage à La Boétie (mort en 1563) : référence à l’amitié qui a uni Montaigne à La Boétie :

« Et à notre première rencontre, qui fut par hasard en une grande fête » : leur rencontre a lieu en 1557, à Bordeaux,

« nous nous trouvâmes si pris, si connus, si obligés entre nous » : utilisation du passé simple, action terminée,

« Il écrivit une satire latine excellente, qui est publiée », Montaigne fait référence au moment où il publie en 1571, un recueil de textes écrits par La Boétie écrits en latin et en français (Règles des mariages de Plutarque , par exemple)

« Ayant si peu à durer, et ayant si tard commencé, car nous étions tous deux hommes faits, et lui plus de quelques années » : en 1557, La Boétie a 27 ans et Montaigne 35 ans.

Montaigne se sert de sa relation avec La Boétie pour mener sa réflexion. Mais dans notre extrait, il dépasse cette relation : le texte devient une véritable réflexion générale, qui tente de définir ce qu’est l’amitié.

Une amitié unique

Une amitié hors du commun

Dans la première phrase, Montaigne souligne le caractère commun de la plupart des amitiés.

Le verbe « appeler » met à distance l’usage habituel des mots « amis » et « amitiés », il apparaît comme usurpé lorsqu’il n’est pas employé dans toute sa force.

L’adverbe « ordinairement » insiste également sur cet affaiblissement sémantique parce que le contexte lui donne une valeur légèrement péjorative : en effet, les amitiés ordinaires sont ensuite qualifiées d’ « accointances » (= simples relations avec des personnes qui nous sont familières) et de « familiarités » : les termes sont faibles et motivés eux-mêmes par des mots dévalorisants : « occasion » (= dues au hasard), « commodité » (=par intérêt).

Ainsi, l’amitié ordinaire suit un fondement purement utilitaire et social et s’oppose au sens moral et noble. Dans la plupart des amitiés que la vie nous propose, Montaigne ne voit qu’une relation où la flatterie et l’intérêt ont toujours leur rôle à jouer. Son opinion n’est pas au fond très différente de celle de La Rochefoucauld qui écrivait un siècle plus tard, dans ses Maximes : « L’amitié n’est qu’un commerce où notre amour propre se propose toujours quelque chose à gagner ».

La négation restrictive « ce ne sont que…. » renforce cette impression et minimise ce qui passe habituellement pour de l’amitié.

Le pronom « nous », le présent de vérité générale et le pluriel des mots « amis » et « amitiés » sont des marques de généralisation qui tendent à resituer ces prétendues amitiés dans le monde du commun.

Ces prétendues amitiés s’opposent à celle qui unit Montaigne à la Boétie.

En effet, la phrase 2, au contraire met en valeur le caractère unique et exceptionnel de l’amitié qui liait Montaigne à la Boétie.

Le mot « amitié » est au singulier et est précisé par la proposition subordonnée relative qui restreint le sens du nom : « l’amitié de quoi je parle » : l’histoire entre Montaigne et La Boétie se distingue de des amitiés ordinaires.

La métaphore de la « couture », de la jointure donne une image frappante de cette amitié : elle rend absolue la fusion des âmes, ce qui lui donne un aspect surprenant, au-delà

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