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Lecture analytique Les Planches Courbes

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Par   •  11 Juin 2018  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 254 Mots (10 Pages)  •  1 536 Vues

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La section « Dans le leurre des mots est une des sections centrale du recueil Les planches courbes. Les deux poèmes, le premier de 9 strophes (dont on ne retiendra que 3 strophes) , le second de 8 strophes, semblent traiter deux thématiques et états antithétiques : le rêve (sommeil) et l’éveil. Néanmoins ces deux états servent à la même réalité : montrer la difficulté du poète à dire les réalités du monde sensible (abstrait) avec des « mots simples ». Par ailleurs, le titre même, évoque la notion de mensonge dans le nom « leurre ». Ce leurre dénote ici une position paradoxale de la poésie face aux réalités du monde. L’évidence de la relation immédiate aux choses se dissimule sous des images qui ne sont que l'apparence de ce qui est. C’est pourquoi le poète ne peut se tenir qu'au seuil du sens réel, mais inlassablement, il doit poursuivre sa quête de l'union du mot et de la chose ; et même si Y. Bonnefoy est conscient des limites de la poésie, pour lui, le poète est celui qui n’abandonne pas mais poursuit à la manière d’Ulysse, son voyage à travers les lieux qui font sens en poésie afin d’atteindre l’autre rive celle d’un quintessence des choses à travers une écriture poétique optant pour des mots simples .

On pourra donc s’interroger sur la manière la manière dont la structure du poème permet de parler de voyage entre rêve et réalité, montrant la relation entre le rêve, l’errance et l’écriture poétique.

On verra dans un premier temps en quoi la structure et la forme du poème contribuent à imiter l'écriture poétique d'Y. B. Puis nous montrerons en quoi la figure d'Ulysse est une préfiguration du poète. Enfin, on s'intéressera au rapport au rêve et à l'éveil.

I/ La structure et la forme du poème

A/ le choix de la forme

La forme du poème en vers libre (vers de différents mètres :10 syllabes décasyllabes, 11 syllabes Endécasyllabe, de 12 alexandrins

V.1 C'est/ le/ som/meil d'é/té/ cet/te a/nnée/ en/core,11

V.11 : U/ne/ fu/mée/ ren/con/tre u/ne /fu/mée : 10

V. 7 Et/ des/ sou/ffles/ nou/s en/vi/ron/nent,/ nou/s a/ccuei/llent. 12

Cette liberté formelle est-elle en cohérence avec la liberté des mouvements des éléments du poème et du rêve, mais aussi de la « barque » v 26. Une barque qui « dérivait », dont la « proue est hésitante ».

Cette liberté formelle participe aussi à l’idée de l’incohérence que permettent les rêves. En effet, « de ce songe que vit-il,/ Fût-ce la ligne basse d’un rivage ou seraient claires des ombres, claire leur nuit ? Dans ces 2 vers « la ligne » de la rive s’oppose aux oxymores «  claires/ombres », « claire /nuit » : des images qui sont incohérente dans la réalité concrète.

B/ L’absence des rimes externes… mais musicalité tout de même

Yves Bonnefoy fait le choix de ne pas jouer systématiquement sur les rimes en fin de vers, mais cela n’enlève pas la musicalité du poème. On relève des rimes internes grâce aux :

  • Répétitions et champ sémantiques paronymie

« Rêve », « rive »,

« Feu », fumée (x2), « feux »

  • Des leitmotivs : la thématique du rêve ou du sommeil revient dans les strophes 1, 2 et 3, au vers 3, au vers 17, 34.

Des rimes plus lointaines permettent de souligner l’unité sémantique entre les différentes strophes : adjectif encore V. 1 strophe 1 ( une année encore)/ v. 13 strophe 13 ( une fois encore), « étoile » strophe 2 et fin de la strophe 3, « nuit » (V. 28 et v 31)

  • Les assonances :
  • [E] été/année, branche passe le feu léger/ une fumée rencontre une fumée
  • En [i] arrivant consentit aussi, muri/ nuit : ami
  • En [ ã] chante/ avant./ chanté quand, s’endormait/ arrivant/ errance
  • Allitérations :

En [s] :
Par tout
son bras d'existence sur terre
Qu'il avait replié
sous sa tête lasse.

On notera par ailleurs que cette allitération permet de créer une harmonie imitative entre l’onomatopée « (sifflement) que l’on fait pendant le sommeil et le son « s ». Une volonté de permettre à l’écriture poétique de décrire des réalités même les plus triviales et simples de la vie. Dès lors le langage poétique, abstrait, métaphorique puise dans les lieux du mondes (« grappes des montagnes », le mûrissement des grappes, le trajet de l’étoile de Vénus) des thématique qu’il traduit en images poétiques.

II/ La quête de sens à travers la figure d’Ulysse

  1. La poésie est un voyage :

Champ lexical en lien avec la thématique maritime et de la navigation

  • Ile p 71 Rameur, barque, rive,
  • p72/ mer/ brisant
  • Vénus, étoile du berger, le dernière à disparaître et la première à réapparaître p72 guide les navigateurs

Les métonymies : de la barque dont on aperçoit que la « proue »  « hésitante » : strophe 2

Puis la barque apparait et la rame et le rameur : apparition successive à mesure que la barque avance. Cette apparition mise en scène car les « nuées », mais aussi oppositions nuit/ « lumière » empêchent de saisir d’une façon global l’ensemble des protagonistes de la scène.

B/ Ulysse serait la figure du poète

  1. Quels sont les points communs entre nous et Ulysse p 72 v 11 à 16
  2. Rôle alors du personnage d'Ulysse dans l'œuvre?
  3. Ulysse s'endort "dans l'île où faisait halte son errance": pourquoi son rêve va-t-il le pousser à "reprendre la rame" v20 p72

Le rêve est "comme un frisson de sa mémoire = il se souvient. Le chant triste du rossignol accompagne ce rêve…désir de retrouver Ithaque et Pénélope? Il rêve d'un rivage où "seraient claires les ombres, et "d'oublier toutes les îles

À jamais sans rive", nous espérons la clarté "où seraient claires les ombres "alors que nous sommes dans l'"eau noire" et nous espérons trouver une rive… à travers les souvenirs?

Il symbolise une poésie de quête. Un poète en quête de quintessence à travers les îles des mots simples. Car le poète est aussi un alchimiste qui transforme des matériaux bruts en « or » : ( v 1 l’or que nous demandons.. ;) en utilisant des outils de l’écriture poétiques : images, musicalité…

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