Lecture analytique L'étranger Albert Camus Excipit
Analyse sectorielle : Lecture analytique L'étranger Albert Camus Excipit. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar florence stéphan • 17 Mars 2022 • Analyse sectorielle • 2 396 Mots (10 Pages) • 612 Vues
Lecture analytique 7 : L’ÉTRANGER D’ALBERT CAMUS
• Extrait du chapitre 5 (2ème partie) « Excipit » : la mort comme révélation de l’homme à lui-même.
• De « Lui parti, j’ai retrouvé le calme (…) m’accueillant avec des cris de haines »
INTRODUCTION :
Prix Nobel de littérature en 1957, Albert Camus né en Algérie en 1913 était un journaliste et un écrivain engagé dans les combats sociaux de son temps. Réflexions qui l’ont poussées à dépasser dans son œuvre l’existentialisme afin de développer sa philosophie de l’absurde selon laquelle l’existence est privée de sens, seuls la fatalité et le hasard guident nos pas.
Nous en retrouvons l’illustration dans son roman, L’Étranger paru en 1942 qui raconte à la première personne l’histoire de Meursault un employé de bureau sans histoire qui vit à Alger. C’est un homme dénué de sentiments totalement « étranger » à la société et qui suite à un concours de circonstances, en vient à tuer un homme sur une plage.
Cet extrait se situe au dernier chapitre de la 2nde partie : dans sa cellule après le procès, Meursault pense à son exécution, à son pourvoi et à Marie qui ne lui écrit plus. L’aumônier lui rend visite malgré son refus de le rencontrer. Meursault est furieux contre ses paroles, réagit violemment et l’insulte. Après son départ, il se calme, réalise qu’il est heureux et espère pour se sentir moins seul que son exécution se déroulera devant une foule nombreuse et hostile. Il permet de répondre à la question suivante : Quel est le bilan de la vie de Meursault ?
D’abord nous verrons…………ensuite nous aborderons et enfin………….
I – Communion avec le monde :
A – Un sentiment de paix :
Meursault, personnage d’ordinaire peu bavard, est entré dans une colère noire lorsque l’aumônier est venu lui rendre visite dans sa cellule.
- Ce déchaînement de violence, quoique purement verbale, a vidé Meursault de toute son énergie : « Lui parti, j’ai retrouvé le calme » l1 : c’est un rapport de cause à effet entre le départ de l’aumônier et son retour au calme ».
- La violence du verbe « se jeter » indique l’intensité de sa colère et son besoin de récupérer (« je me suis jeté sur ma couchette » l2).
- Il tombe dans un sommeil réparateur sans s’en rendre compte(« je crois que j’ai dormi » l1) et se réveille à la nuit tombée, comme en témoignent la présence d’« étoiles ». L’apaisement et le sommeil sont liés comme le souligne le rapprochement des termes « paix » et « endormi » dans la comparaison : « La merveilleuse paix de cet été endormi entrait en moi comme une marée.» l 3-4.
- C’est un homme nouveau qui sort de ce sommeil. Il ne craint pas la mort, au contraire, il semble plus vivant que jamais, si l’on en croit l’éveil des sens qui accompagne l’éveil de l’esprit : l’ouïe (« des bruits de campagne »), l’odorat (« des odeurs »), le goût (« sel ») et le toucher (« rafraîchissaient », la vue « les étoiles ».
B – La communion avec la nature :
- Sa première sensation est celle des « étoiles sur le visage » : la cellule autour de lui a disparu, il semble qu’il ne reste que la nature plongée dans la nuit, qui contraste avec l’agressivité du soleil aveuglant dans le chapitre 6.
- D’abord simplement posée « sur » lui « des étoiles sur le visage » l2, la nature agit ensuite directement sur Meursault :
♦ Les bruits « mont[ent] jusqu’à [lui] »;
♦ Les odeurs « rafraîchiss[ent] » son front dans la chaleur de la nuit;
♦ « La merveilleuse paix de cet été endormi entr[e] » en lui.
- Meursault évoque la campagne (« des bruits de campagne ») et la mer (« comme une marée ») en usant d’un vocabulaire mélioratif (« merveilleuse paix », « rafraîchissaient ») qui témoignent de l’effet positif qu’a sur lui la nature.
- Les étoiles communiquent avec lui et lui transmettent un message plein de sens : « cette nuit chargée de signes et d’étoiles », qui l’aide à appréhender sereinement la mort qui l’attend. Camus joue ici sur l’étymologie du mot « signe », qui vient de signum en latin, ce qui peut également se traduire par « étoile ».
C – L’étirement du temps :
- Le choix de l’imparfait est ici significatif : ce temps qui a une valeur durative donne l’impression que la paix et la plénitude durent dans le temps et semblent sans fin (« montaient », « rafraîchissaient », « entrait »).
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