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Lecture analytique - Je, d'un accident ou d'amour (Loïc Demey)

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Par   •  7 Octobre 2018  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 184 Mots (5 Pages)  •  1 151 Vues

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Je, d’un accident ou d’amour

Exposé

        Loïc Demey est un professeur d'éducation physique et sportive et poète contemporain né en 1977 à Amnéville en Moselle. Il publie en 2014 dans la collection grise des éditions Cheyne Je, d'un accident ou d'amour, récit poétique en prose qui a obtenu le Prix Révélation poésie 2016 de la Société des Gens de Lettre. Ne se rendant pas réellement compte du temps qu’il passe à écrire un livre, il pense néanmoins avoir passé un mois sur Je, d’un accident ou d’amour et se juge désormais incapable de renouveler dans de prochains livres la forme d’écriture déployée dans celui-ci pour lequel son éditeur lui a d’ailleurs imposé très peu de modifications. Loïc Demey a également décidé que l’écriture de ce livre était achevée quand il a jugé qu’il avait dit tout ce qu’il avait à dire et qu’il n’avait plus rien à ajouter car plus que l’épaisseur, c’est le style qui donne au livre toute sa consistance ! S’inspirant d’univers poétiques et musicaux, tant au niveau du texte que celui de la mélodie, il détourne et bouscule la langue afin d’y trouver la bonne tonalité et la mettre au service de l’histoire. Puisque le réel ne peut être raconté, il tente de dire ce qu’il en reste. A savoir sa sensation.

La douzième séquence que nous allons étudier ici a pour thème la vie de couple de Delphine et Hadrien qui, si l’on se fie à la dernière ligne, « Puisqu’aujourd’hui je m’Adèle », serait antérieur au départ d’Adèle et à sa lettre laissant prévoir son retour (séquence 16). Elle est insérée entre le récit de la nuit amoureuse d’Adèle et Hadrien et celui de leur dernier après-midi. Cette page est en relation directe avec la séquence 6 où le couple apparaît enfermé selon Hadrien dans des rituels et sans plus de relation amoureuse, « Et l’on se corps de moins en moins. ». L’intérêt principal vient de ce qu’elle réunit le désordre dans la langue et celui du couple : la langue se défait en même temps que le couple se décompose.

        Avant de passer à l'analyse du texte, nous allons procéder à la lecture de celui-ci.

Tout d’abord, cette séquence souffle le chaud et le froid quant à la relation entre Hadrien et Delphine

La page s’ouvre avec une liste de comportements négatifs, équivalents d’un côté comme de l’autre, en commençant par l’expression de rejets mis en lumière à travers une construction en chiasme (Delphine/je/je : vers 1). L’accord dans le refus est accentué par l’effet de rime riche des propositions finales (« insupportable », « irrespirable » : vers 2). La suite du texte qui explore ce qui peut séparer Delphine et Hadrien en présente les conséquences.

Le second paragraphe porte sur l’idée du désaccord commun. Les pronoms alternent (On/je/elle : vers 6) mais « on », pronom personnel indéterminé, est plus fréquent et a pour effet d’éloigner, d’exclure la valeur affective très différente de « nous ». La distance vécue dans le couple s’accroît, pour passer du désaccord (« discorde », « dissension » : vers 4) à la dispute (« scène », vers 7), puis à la réconciliation (« suspension »,  « temporisation » : vers 8) qui est une réconciliation provisoire puisque la séparation constitue l’étape suivante. Le désaccord est marqué par le parallélisme des noms communs, tous deux commençant par –dis, des adverbes de sens analogue indiquant un degré très élevé (« très », « trop » : vers 5), de l’opposition entre totalité et absence (« tout », « rien » : vers 5). Le jeu de mots « Scène de ménage » est décomposée en ses constituants, « ménage » pouvant être aussi interprété comme verbe (« je la scène, elle se ménage » : vers 6), « je » et « elle » sont réunis dans la phrase suivante en un « on » avec le composé « déménagement » (vers 7), à comprendre également au sens figuré (déménager signifiant aussi perdre la raison). Le terme « déménagement » montre que la séparation est inéluctable, définitive et qu’il est nécessaire pour chacun de prendre de la distance avec l’autre. D’où le retour au calme accepté et un arrêt des affrontements ; la trêve est notée par des termes positifs (« réflexion » et « fidélité » : vers 9), position commune d’un « on ».

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