Lecture Analytique, Phèdre, Racine, Le récit de Théramène
Commentaire de texte : Lecture Analytique, Phèdre, Racine, Le récit de Théramène. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lila Calandra • 29 Avril 2017 • Commentaire de texte • 2 613 Mots (11 Pages) • 5 215 Vues
LECTEUR ANALYTIQUE : Le récit de Théramène, Phèdre, Racine
CONTEXTUALISATION :
Racine est un dramaturge (auteur de tragédies) classique français du 17ème siècle et à écrit des pièces de théâtre tel que Andromaque ou Phèdre (1677).
- Phèdre est l’une des tragédies les plus célèbres qui l’a pu écrire. Cette pièce traite de la passion incestueuse que l’héroïne Phèdre (seconde épouse de Thésée) a pu éprouver pour son beau fils Hyppolite. Elle lui avoue son amour croyant que son mari Thésée est mort. Ce dernier revient et Phèdre calomnie Hyppolite qui est maudit par son père (par l’aide de Neptune). Sur le chemin de l’exil, Hyppolite meurt. Théramène, son précepteur raconte à Thésée les circonstances de la mort de son fils.
PLAN DE LA L. ANALYTIQUE : I- Un récit vivant
- Une scène épique
- La mort d’un héros tragique
- Une situation d’énonciation pathétique
- Le mythe et la règle de bienséance.
QUESTIONS TYPES : En quoi cette tirade est-elle puissante ?
I. Le caractère épique de la scène
II. Un éloge posthume
III. L'aspect baroque
Comment Racine parvient-il à concilier le mythe et les règles classiques ?
I. L'émotion tragique
II. La représentation épique et baroque du monstre
III. Une scène rapportée qui respecte la bienséance
En quoi cette scène est-elle baroque ?
I. Un combat épique
II. Un monstre effrayant
III. Une mort violente
En quoi la description que Théramène fait d'Hippolyte est-elle héroïque ?
I. Une scène épique
II. Une mort héroïque
III. Une réhabilitation du personnage
LA STRUCTURE DU RECIT → (PROGRESSION) :
-Du vers 1 au vers 19 : surgissement du monstre accentué par l’effet d’attente (crainte)
-Du vers 20 au vers 37 : un combat effrayant (admiration)
-Du vers 38 à la fin : la mort d’un héros (la pitié)
C’est une succession de sentiments.
- Un récit vivant
- Le récit paraît vivant. C'est la description d'un combat épique
- Les temps utilisés dans le récit : L’imparfait → description, ensuite le passé composé = relater les actions de premier plan : "Un effroyable cri, sorti du fond des flots, / Des airs en ce moment a troublé le repos. » (v-1/2) C'est ensuite le présent de narration qui est utilisé : "et d'un dard lancé d'une main sûre / Il lui fait dans le flanc une large blessure" (v-23/24) , "Dans les rênes lui-même il tombe embarrassé."(v-38) = rend vivant la scène, comme si elle se déroulait sous nos yeux : "Répond" (v- 4) , "S'élève" (v- 7) , "approche" (v-8) "vomit" (v-8). Viennent ensuite l'impératif et le futur simple = rupture → on revient au témoignage de Théramène. À partir du (v-50), le passé composé et le présent de narration reviennent. C'est la description de la mort d'Hippolyte : "Tout son corps n'est bientôt qu'une plaie." (v-44) = le présent permet de rendre vivant une mort affreuse. Des vers soixante-quatre à soixante-dix, Théramène utilise le présent d'énonciation pour rapporter les dernières paroles d'Hippolyte. Il fait parler un mort, on parle donc de prosopopée. À la fin de la tirade, l'imparfait revient → L'utilisation que Racine fait des temps permet donc de donner au spectateur un récit qui semble se dérouler sous leurs yeux. Cela crée de l'émotion et une forte tension dramatique. Alors que la scène est simplement rapportée, le spectateur a l'impression de revivre l'action → hypotypose.
- C'est le témoignage d'un homme qui a assisté à la scène, ce qui rend le récit d'autant plus véridique. Théramène a en effet vu la mort d'Hippolyte : "J'ai vu"(v-41). C'est un point de vue externe mais émotionnel, car Théramène connaît le prince. Le verbe "voir" est utilisé de nombreuses fois, on a aussi "yeux" et "œil".
- Le discours insiste aussi sur d'autres sensations : répétition de "cri"(v-1), "voix"(v-43), "crie"(v-45).
- Une scène épique
- La scène racontée est épique, nous avons un gros plan sur Hyppolite ce qui souligne sa bravoure. On le désigne par la périphrase « digne fils d’un héros » (v-21) (référence à Thésée)
En + : le registre épique ?
- Pour souligner l'action, Racine utilise de nombreux verbes de mouvement : "approche", "se brise", "vomit", "saisit", "Pousse" (v-22 à 24) qui montre la puissance et le courage d’Hyppolite.
- Il y a souvent une accumulation rapide de verbes de mouvement.
- On relève plusieurs figures de style qui soulignent le caractère épique de la scène. Des hyperboles : "effroyable cri"(v-1), "voix formidable"(v-3), "cri redoutable"(v-4), "épouvanté" (v-17) .
- Il y a une métaphore : "font trembler le rivage"(v-14)
- On trouve une personnification : "Le flot qui l'apporta recule épouvanté"(v-17)
- Le champ lexical de la guerre est employé : "char", "gardes", "s'armer", "javelots".
- L’apparition du monstre est marquée par une attente de plus en plus angoissée, cette attente qui va se muer en crainte (terreur) —> renforce le caractère épique. Le dernier mot de cette partie « épouvanté » (v.19) = la gradation de la terreur et va captiver le spectateur.
→ Le surgissement progressif du monstre se ressent tout d’abord par :
- •L’OUIE : « effroyable » (v.1), « formidable » (v.2), « redoutable » (v.3) = synonymie, rimes riches. Le deuxième cri : « gémissant » (v.4) créature des profondeurs, monstres (maléfiques). La réaction prouve une grande terreur : c’est la réaction physique « notre sang s’est glacé » (v.5) : à la fois aux hommes et aux animaux « le crin s’est hérissé » (v.6). Ce début de vers nous amène un danger.
- •LA VUE : Nous avons 4 vers pour l’apparition du monstre une longue phrase de 4 vers (v.7 à 10). Au terme de la phrase, le monstre surgit « monstre furieux » (v-9) = diérèse qui souligne la violence. « Indomptable taureau, dragon impétueux » (v.13) = c’est une créature hybride. Ce monstre a pour fonction la destruction, faire le mal. Il manifeste la colère des dieux, en effet il est envoyé par Neptune (malédiction de Thésée). La mer est ici représentée comme un séisme une catastrophe naturelle « plaine liquide » (v. 7). « L’onde, approche, se brise et vomit à nos yeux » (v. 9) = quelque chose qu’on rejette, une gestation, on ne peut pas le garder »
- •LA DESCRIPTION : Les éléments de caractérisation sont : -les adjectifs/ -les périphrases/ -les propositions relatives. Une structure qui souligne le caractère hybride : a) taureau effroi / b) dragon= (v.13) il y’a un hémistiche et un chiasme tout cela souligne les adjectifs et rapproche la créature hybride. (v.14) = Théramène est perdu, il est bouleversé : il y’a une rupture syntaxique, c’est le bouleversement de Théramène c’est une tension émotionnelle. On a une présence des 4 éléments, « le ciel », « le rivage », « la terre », « l’air » : la crainte est donc communiquée à travers tous les éléments.
- La mort d'Hippolyte est héroïque, elle clôt un combat héroïque contre un monstre gigantesque.
- La mort d'un héros tragique
- Cette scène dresse le portrait du héros Hippolyte. Il y a d'ailleurs une répétition du mot dans la tirade.
- Théramène rappelle que le jeune homme est "fils de héros" et prince : "des rois ses aïeux". C'est donc un jeune homme de la noblesse →référence à Thésée.
- On relève de nombreux adjectifs mélioratifs : "digne", "intrépide", "généreux".
- Hippolyte se bat seul contre un monstre, ce qui souligne son courage : "Hippolyte lui seul". Il n'a pas peur, il agit : "Arrête ses coursiers, saisit ses javelots." (v-22)
- Il y a une réhabilitation d'Hippolyte. En effet, son père l'a chassé après l'avoir faussement accusé. Cette description de sa mort héroïque permet de lui redonner l'estime de son père.
- Hippolyte devient un héros tragique, car sa mort était voulue par les dieux : "Un dieu qui d'aiguillons pressait leur flanc poudreux." (v-34). Il est frappé par la fatalité.
- La mort d'Hippolyte est tragique, car si le monstre le terrasse, c'est à cause des chevaux dont il s'est occupé : "Traîné par les chevaux que sa main a nourris." (v-42) Son destin était scellé. Il faut rappeler que le prénom Hippolyte est lié aux chevaux, car "hippos" signifie cheval en grec. Son prénom même prophétisait sa mort.
- La mort d'Hippolyte est violente et cruelle : "Tout son corps n'est bientôt qu'une plaie", "généreux sang", "dépouilles sanglantes", "corps défiguré", "méconnaîtrait l'œil même de son père". Le corps d'Hippolyte est complètement réduit à de la chair.
- Une situation d'énonciation pathétique
- L'émotion dans le texte est d'autant plus forte que la situation d'énonciation est particulière.
- En effet, c'est Théramène, qui connaît bien Hippolyte, qui raconte sa mort à Thésée, le père du jeune homme.
- Théramène est locuteur et narrateur. Le récit est raconté à la première personne. La situation est donc pathétique.
- La tristesse de Théramène le pousse parfois à arrêter son récit : "Excusez ma douleur. Cette image cruelle / Sera pour moi de pleurs une source éternelle."
- C'est Thésée qui entend ce récit. La parenté entre les deux hommes est plusieurs fois rappelée : "votre malheureux fils".
- Thésée est responsable de la mort de son fils. En effet, non seulement il l'a banni pour une faute qu'il n'a pas commise, mais il l'a aussi maudit (Neptune)
- Le mythe et la règle de bienséance
- Racine doit jouer avec les règles classiques, et dans cette scène, il se confronte à la règle de bienséance et de vraisemblance.
- Le monstre marin est une créature mythologique qui n'existe pas. Le récit de la mort d'Hippolyte paraît donc invraisemblable : "un monstre furieux", "Indomptable taureau, dragon impétueux" → c’est une créature hybride.
- Contrairement à ce qu'impose le classicisme, Racine exagère la scène. On a relevé les hyperboles → sont typiques du mouvement baroque.
- La mort du héros est racontée avec des détails très choquants qui sont en contradiction avec les règles classiques : "les ronces dégoûtantes", "les dépouilles sanglantes", "corps défiguré" = discours choquant.
- La scène a quelque chose de surnaturel : "Un effroyable cri, sorti du fond des flots / Des airs en ce moment a troublé le repos / Et du sein de la terre une voix formidable / Répond en gémissant à ce cri redoutable." La mer et la terre sont personnifiées, elles crient, elles ont des voix.
- Le monstre est associé à deux métaphores hyperboliques : "plaine liquide" et "montagne humide".
- Par ailleurs, si la scène est terrible, elle n'est pas montrée sur scène. Racine joue donc avec les règles classiques : il ne présente pas de mort sur scène, même s'il parvient à rendre vivant le récit d'une mort. Il joue avec le mythe, car même si la présence du monstre est invraisemblable, il ne trahit pas le mythe.
ENTRETIEN :
Au début je n’avais pas compris mais pour les gens du 17ème siècle c’était commun et concernant le cinéma se serait une catastrophe car ça gâcherait la beauté du texte.
CONCLUSION :
Ce texte exerce une puissance/un pouvoir sur le spectateur mais aussi Thésée, la beauté du texte captive le spectateur et lui fait ressentir des sentiments divers qui s’ancre dans le tragique. Il y’a aussi une variété dans les registres (pathétique, épique et tragique). On peut conclure que ce récit est propre à susciter une émotion intense.
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