Le sauvage de Jean Lery
Dissertation : Le sauvage de Jean Lery. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jessica Gottheff • 16 Mai 2017 • Dissertation • 2 229 Mots (9 Pages) • 1 190 Vues
Dans la littérature, dès le XVIe, le regard porté par les Européens sur le "sauvage", est nostalgique sur la dégénérescence sociale et morale, comme un "Paradis perdu"loin de la civilisation corruptrice. Jean de Léry, Calviniste, va mettre en avant dans Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil: « Je regrette souvent que je ne suis parmi les sauvages ». " une représentation positive du Sauvage, pour repousser les impostures de l'explorateur catholique André Thévet, dans le contexte tendu des guerres de religions. Sa conception de l' Homme naturel et bon, va inspirer littérature et philosophie, comme les mythes du "Bon Sauvage"de Rousseau, et "des Cannibales"de Montaigne.
Cette publication date de 1578, vingt ans après le retour en France de Jean de Léry, et peu d'années après les massacres de la Saint Barthélémy et ses luttes sanglantes. Elle reflète sa déception quant aux mœurs des Européens et sa nostalgie de l'âge primitif.
Alors que les XIXe et XXe siècles produisent des utopies au nom d'une Société plus égalitaire, la révolution des nouvelles technologies du XXIe siècle, apportera-t-elle l'espoir d'un monde meilleur? Nous aborderons la question du bonheur du primitif , puis nous verrons les regrets de l'age primitifs et enfin nous analyserons que la vie des civiliser est incontestablement meilleur que celle des primitifs .
Dans un monde primitif dépourvu de notions matérielles , l'Homme est au contact direct de la nature et sa vie s'ordonne autour de la satisfaction de ses besoins de vie, voire de survie. Certains auteurs au XVIIIe siècle véhiculent l'image idyllique du "bon sauvage" bienheureux.
Déjà Montaigne dans les Essais, plus particulièrement dans Des Cannibales et Des Coches, nous dresse un portrait de ce que l'on appellera au dix-huitième siècle le "bon sauvage" et nous vante les mérites de ces peuples purs et innocents, à l'inverse des Européens, vils et cruels. Il fait l'éloge de leurs qualités morales ( franchise, courage, loyauté), de leur bon sens, de leur habileté. Ils n'attachent à l'or et aux pierres précieuses qu'une importance esthétique et ne s'en servent que pour rendre leurs villes plus belles. Ils ne connaissent ni l'envie ni la jalousie et ne s'adonnent à aucune guerre de conquête. La propriété privée n'existe pas plus que la notion de classe sociale. A la sagesse des "barbares" qui sont hospitaliers et qui vivent tranquillement au sein d'une nature luxuriante, il oppose la cruauté des Européens colonisateurs qui ne pensent qu'à s'enrichir, détruire, asservir. Il accuse les conquistadors de pervertir ce " monde enfant". En vivant selon la nature, les sauvages nous rappellent qu’elle est la mère nourrice des hommes. Montaigne rappelle aussi que suivre la nature, c’est suivre le bien et la raison. Le mode de vie qui semble le mieux convenir aux hommes est donc celui qui se rapproche le plus de l’état de nature.
Cet ordre naturel n’est pas sans évoquer le mythe de l’âge d’or, exposé par Hésiode, poète grec du VIIIe siècle avant Jésus-Christ, et transmis par la culture classique. Ce mythe suppose qu’aux origines l’homme vivait dans un état paradisiaque, jouissant de tous les bonheurs de la nature en même temps que d’une éternelle jeunesse . L'âge d'or est celui qui suit immédiatement la création de l'homme. C'est une période où règne une totale plénitude. Les hommes baignent dans l'innocence, la justice, l'abondance, le bonheur. La Terre jouit d'un printemps perpétuel, les champs produisent sans culture, les hommes vivent presque éternellement et meurent sans souffrance, s'endormant pour toujours.Par ailleurs, le mythe de l'age d'or a permis a beaucoup d'auteurs de se poser la question du bonheur .
Notamment dans Utopia Thomas More est toujours à la recherche de l'idéal en défendant l'ouverture d'esprit, l'aptitude à l'expérimentation et la discussion pour améliorer la société. Il rêve de créer un État libéral qui permettrait de satisfaire les besoins de chacun et de faire respecter les droits individuels, à la recherche d'une société égalitaire, juste et heureuse. L''âge d'or affranchit les hommes des lois, des institutions, des rapports sociaux ; il les rend à une forme de chaos originel, d'ensauvagement primitif, où le bonheur est dans la fusion des hommes avec une nature entièrement pacifiée, indépendamment de toutes les prescriptions ou hiérarchies qu'impose la vie en société. Ce sont les « cieux nouveaux et la terre nouvelle » annoncés par le prophète Isaïe, où « le loup et l'agneau iront paître ensemble, le lion mangera de la paille comme le bœuf et le serpent se nourrira de poussière » (Is 65, 25). L'utopie de l'âge d'or est un lieu idyllique de « bonne sauvagerie », l'homme y vit à l'extérieur, entièrement nu, débarrassé des vêtements qui marquent les différences sociales, en toute égalité et en parfaite consonance avec son environnement naturel. L'homme de l'âge d'or se contente de plaisirs simples : vivre au sein d'une nature qui ne lui impose que son harmonie, sa luxuriance et son éternel printemps, parfois derrière un mur qui le sépare des constructions humaines, comme dans cette célèbre toile de Lucas Cranach (1530).
Ainsi, dans l’état de nature, l’homme serait heureux. Selon rousseau « l'Homme nait bon » c’est la société qui le déprave; la civilisation correspondrait à la chute de l’homme, une perversion de sa nature.
Certains auteurs comme La Bruyère ,Victor Hugo ou Jacques Prevert ont dénoncé la misère et l’inégalité entre les hommes générées par la civilisation. En effet dans Les caractères, La Bruyere soulève les problèmes de la misère et de l’inégalité, de l’injustice sociale. Lorsque Rousseau vante la vie des sauvages, on pourrait affirmer que l'homme est le seul à conditionner son bonheur si on entend par là la satisfaction de ses désirs. En effet, lorsque les techniques se développent , lorsqu’elle se spécialisent , c'est à ce moment qu'il ya une dependance ainsi qu'une domination de certains hommes sur les autres. C’est pour cette raison que Rousseau dans son Discours sur l’inégalité entre les hommes (1755) regrettait que les hommes aient quitté l’état sauvage, seul moment adapté à leur finitude. Car la technologie, en mettant à portée de mains plus d’objets, met
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