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Le renard et les raisins, Jean de la Fontaine

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Par   •  23 Janvier 2020  •  Analyse sectorielle  •  872 Mots (4 Pages)  •  4 010 Vues

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LE RENARD ET LES RAISINS Jean de LA FONTAINE (1621-1695)

Certain Renard Gascon, d'autres disent Normand,

Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille

Des raisins mûrs apparemment,

Et couverts d'une peau vermeille.

Le Galand en eût fait volontiers un repas ;

Mais comme il n'y pouvait atteindre :

« Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. »

Fit-il pas mieux que de se plaindre ?

LECTURE ANALYTIQUE

- Oralité et versification

Les vers sont libres, irréguliers (ou hétérométriques) mais suivent un rythme symétrique 12-12-8-8-12-8-12-8. La Fontaine dit de ce procédé qu’il relève de l’oralité et a « un air qui tient beaucoup de la prose » Ce changement de rythme entre les différents vers donne une dynamique à la lecture et, d’après l’auteur, est idéal pour une fable ou un conte. L’anacoluthe (vers 2 à 4) amène une rupture de la concaténation qui amplifie ce dynamisme.

Le registre de l’oralité se retrouve également dans le vocabulaire assez familier, ce qui nous renvoie à l’effet de prose que Jean de La Fontaine affectionne, ainsi que dans le premier verbe du huitain « disent ». De plus, le premier vers est en discours indirect libre (effet de prose). L’ellipse du « ne » au début du dernier vers renforce aussi cet effet de prose.

La première diérèse du second vers « Mourant presque de faim » est une sorte d’oxymore, puisque l’on est soit mourant, soit pas du tout. Par ce « presque », La Fontaine désamorce l’effet de crainte amenée par l’expression mourir de faim et apporte donc une ironie à cette anecdote.

Le regard du lecteur est dés le début du verset attiré en hauteur « haut d’une treille », comme c’est également le cas dans la fable le Renard et le Corbeau dans laquelle l’objet de convoitise du renard est gardé par le corbeau. L’oralité dans cette fable sert au renard à obtenir ce qu’il souhaite, alors que dans la fable qui nous intéresse, elle lui sert à se draper d’orgueil et de mauvaise foi afin de ne pas perdre la face. D’ailleurs, on ignore à qui s’adresse le renard quand il dit des raisins qu’ils sont trop verts. Lui-même, peut-être, pour tenter de s’en convaincre ?

- Les registres et isotopes

L’enjambement du vers 2 à 3 et le passage d’alexandrins en octosyllabes permet de mettre en valeur les raisins, l’objet de convoitise -> isotopie de l’apparence (« vit », « apparemment », « mûrs », « peau vermeille », « trop verts » et même « galand » qui peut dire malin mais aussi courtois, empressé). Le sens de la vue est donc mis en avant à la lecture de cette fable.

Vient également l’isotopie de l’incertitude ou de l’ambiguïté, notamment dans les vers 1 à 3 (« certain », « d’autres », « presque », « apparemment », « gascon » / « normand ») qui s’oppose à la seule certitude du texte (les raisins sont inaccessibles). Cette hésitation constante, poussera

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