Le procès de Baudelaire

 Le procès de Beaudelaire

Considéré comme un poète maudit : poètes qui vivent en marge de la société ou leurs écrits sont des échecs car ils sortent des conventions esthétiques. Cela peut les mener jusqu'aux tribunaux.

Exemple de poètes maudits : Beaudelaire, Rimbaud

Né le 9 Avril 1821 et mort le 31 Août 1867 à Paris, Beaudelaire est un poète français du 19ème siècle. Tourné vers le classicisme, Beaudelaire détache la poésie de la morale dans son œuvre « Les fleurs du Mal » ou comme le suggère le titre, il tente de tisser des liens entre le mal et la beauté.

Le 21 Juin 1857, « Les fleurs du Mal » est publié mais la presse, choquée du contenu, s'offusque. Le procureur général ordonne la saisie des exemplaires du recueil de poèmes. Un mois plus tard s'ensuivront le procès et la condamnation, un exemple des tensions entre littérature et justice sous le Second Empire.

En Aout 1857, Beaudelaire est attaqué pour atteinte à la morale publique et aux bonnes mœurs mais aussi pour offense à la morale religieuse avec son recueil « Les fleurs du mal ». Le procès intenté à Beaudelaire n'est pas pour surprendre dans la situation politique de l'époque. En effet, sous le Second Empire, la justice engage régulièrement des poursuites contre les hommes de lettres dont elle juge les écrits immoraux. 6 mois auparavant Flaubert a été poursuivi et accusé lui aussi d'immoralité pour son dernier roman « Mme de Bovary » bien qu'il ait été acquitté. Mais pour Beaudelaire, les choses ne seront pas aussi faciles. Le régime de Napoléon tolère un certain libéralisme dans les spectacles, dans l'opéra, dans les mœurs elle-même mais les écrivains lui sont fortement suspects. D'ailleurs Victor Hugo n'a jamais cessé de le défier de son exil.Finalement, plus de cinquante ans après l’abolition de la censure par la Révolution Française, le procès des Fleurs du mal ravive la question de la liberté d’expression. La presse foisonne et pourtant ne soutient que très peu les écrivains. Au contraire, les journalistes attirent surtout l’attention de la justice sur des écrits considérés comme obscènes.

C'est pourquoi, après avoir échoué contre Flaubert, Ernest Pinard, substitut du procureur, cherche à prendre une revanche sur Beaudelaire. Le 20 Août 1857, s'ouvre le procès de Fleurs du Mal à la sixième chambre correctionnelle. Sur le banc des accusés, Beaudelaire et à ses cotés son éditeur. Face à eux, Ernest Pinard mène l'accusation. Il veut à tout prix gagner ce procès d'autant plus qu'il a perdu celui de Flaubert il y a peu.

Beaudelaire commence le procès désavantagé par sa réputation de poète marginal, maudit et dont la réputation dégage une odeur de souffre. Ernest Pinard est sans pitié et les condamne sans appel. Il considère que l'oeuvre est à juger et non l'auteur. Il critique l'oeuvre en disant qu'il n'y a que le mauvais coté de la société qui est mis en avant, il considère que certains poèmes contiennent des passages obscènes et immoraux.

C'est ensuite au tour de l'avocat de la défense de plaider. Il insiste sur le fait que Beaudelaire peint le vice afin de mieux le condamner. Pour donner du poids à sa plaidoirie, il prend à témoin Molière lui-même qui en a fait de même en dénonçant les vices de ses contemporains. Il déclare :« Alors si on veut condamner Baudelaire, il faut condamner Molière, il faut condamner Rabelais, il faut condamner La Fontaine. »

 Il se sert de cela pour montrer que les intentions de Beaudelaire sont pures. Il poursuit « Monsieur l’avocat général, ce n’est pas sur un extrait d’un livre qu’on doit condamner ou se faire une opinion, c’est sur l’ensemble du livre. Et l’ensemble du livre n’est pas une offense à la morale publique » en finissant par demander l’acquittement de ce dernier et de ses éditeurs. Beaudelaire, quant à lui, n'approuve pas les dires de son avocat. Pour lui l'artiste n'a pas de compte à rendre à la morale. Il n'a pas à avoir de bonnes intentions, seulement du talent.

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