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Le Roman de Renart, « les ambassades à Renart » (vers 1170 à 1250),

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Par   •  6 Novembre 2018  •  Commentaire de texte  •  793 Mots (4 Pages)  •  636 Vues

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Le Roman de Renart, « les ambassades à Renart » (vers 1170 à 1250),

texte anonyme (traduit en français moderne par Henry Rey-Flaud et André Eskénazi)

Dans ce roman médiéval, le chat Tibert, émissaire du Roi Lion pour faire venir Renart à la Cour, se rend chez le goupil[1] qui accepte de sortir de sa tanière mais propose au félin de commettre un larcin en chemin.

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- Tibert, savez-vous ce que nous allons faire ? dit Renart ; un prêtre habite ici, et je sais ce qui le préoccupe : il a du froment et de l’avoine à foison, mais les souris sont pour lui un fléau ; elles en ont déjà mangé près du muid[2]. J’étais encore ici il y a peu, et je leur ai fait une escarmouche[3] : j’en ai fait prisonnières dix, et j’en ai mis cinq dans ma resserre[4] ; quant à la sixième, je l’ai mangée aujourd’hui. Voilà le trou par où j’entre. Passe et rassasie ton ventre ! »

L’infâme lui mentait, car le prêtre qui habitait là n’avait ni orge ni avoine : il  n’avait nul souci de ce côté-là. Mais tout le village le plaignait car il vivait avec une ribaude[5] – la mère de Martin d’Orléans – qui lui avait mangé son bien[6], de sorte qu’il ne lui restait pas même un bœuf ou une vache, ni aucune autre bête, du moins à ma connaissance. Il n’avait plus que dix poules de bonne race. Renart lui avait mis à mal sa basse-cour, ayant emporté deux poules et un coq ; et Martin – qui depuis a pris le froc[7] et s’est fait moine – avait au trou tendu ses lacets pour prendre Renart le goupil. Que Dieu garde au prêtre un fils qui est si bon élève, et compte prendre au piège un goupil et un chat ! Renart n’ignore pas le traquenard ; mais il n’en souffle mot à son compère.

« Tibert, vas-y, dit Renart. Merde alors ! comme tu as la frousse ! Je monterai la garde ici dehors. »

Tibert s’introduit dans le trou, mais il ne trouve ni froment ni orge ; et le lacet l’étrangle. Tibert le chat tire, tire encore, mais le lacet lui serre le cou ; il tâche de se dégager mais rien n’y fait : Martinet, le petit clerc, se précipite vers lui : « Sus[8] ! sus ! crie-t-il, beau-père ; à l’aide ! à l’aide ! belle-mère ! Allumez la chandelle au foyer : le goupil est allé au trou ! »

La mère de Martinet se réveille ; elle saute du lit, allume la chandelle ; elle tient à sa main une quenouille[9]. Et le prêtre, qui tient sa saucisse, n’a pas tardé non plus, à sauter du lit. Voilà donc Tibert assailli, et il a son compte : il reçoit cent coups avant de pouvoir se libérer. Le prêtre le bat, ainsi que sa ribaude ; mais Tibert aux dents acérées regarde la couille du prêtre ; et selon l’histoire, il lui lacère les bourses de ses dents et de ses griffes ; en guise d’adoubement[10], il lui arrache la moitié de ce qui pend. La femme a vu ce ravage ; elle s’est rendue à l’évidence ; par trois fois, elle s’est lamentée sur son triste sort, et, à la quatrième, elle a perdu connaissance. Cependant que Martinet clame sa douleur devant sa mère qui a perdu connaissance, Tibert ronge le collet à belles dents : c’est ainsi que le chat se délivra. Il a passé un mauvais quart d’heure, mais il a fini par le faire payer cher au prêtre qui l’a battu.

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