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Le Pont Mirabeau, Apollinaire

Fiche : Le Pont Mirabeau, Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Novembre 2018  •  Fiche  •  1 628 Mots (7 Pages)  •  1 916 Vues

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Voici une analyse du poème « Le Pont Mirabeau » de Guillaume Apollinaire.Ce poème est le deuxième du recueil Alcools paru en 1913.Ecrit après sa rupture avec la peintre Marie Laurencin, « Le Pont Mirabeau » est un des textes les plus célèbres d’Apollinaire. D’ailleurs, il a souvent été mis en chanson.

Problématiques possibles pour un commentaire sur « Le pont Mirabeau »:♦ Montrez en quoi ce poème est moderne.♦ Que peut-on déduire de la progression du texte ?♦ Analysez les images de ce poème.♦ En quoi le poète renouvelle-t-il la tradition poétique ?♦ Qu’est-ce qui fait l’originalité de ce poème ?Dans ce commentaire, nous verrons que « Le pont Mirabeau » se présente comme un poème de rupture à la fois amoureuse et poétique (I) qui se situe entre tradition (II) et modernité (III).Cliquez ici pour lire « Le pont Mirabeau » (le texte)

I – D’une rupture amoureuse à une rupture poétiqueA – La rupture amoureuse« Le pont Mirabeau » narre une rupture amoureuse.Le poète commence par se remémorer son histoire d’amour à la première strophe :« Et nos amours / Faut-il qu’il m’en souvienne » (v. 2-3).Les strophes suivantes résument les étapes successives de l’amour jusqu’à sa fin.L’amour semble éternel, comme l’annonce l’adverbe « toujours » à la fin de la première strophe :« La joie venait toujours après la peine » (v.4).D’ailleurs, les amoureux réunis forment un pont avec leurs bras (v. 9 : « Le pont de nos bras passe » ), symbole de stabilité et de permanence.Cette idée de permanence est soulignée par les termes : « restons » (v. 5) et « éternels » (v. 10).Mais si l’amour semble éternel, il finit pourtant par passer, emporté par le cours de la Seine comme le montre la comparaison entre l’amour et l’eau du fleuve : « L’amour s’en va comme cette eau courante » (v. 13).L’hypallage (« l’onde si lasse » (v. 10)) évoque la lassitude des amants et l’anaphore du vers 14 (« L’amour s’en va ») insiste sur la diminution progressive et inévitable des sentiments.La rupture amoureuse survient entre la troisième strophe et la quatrième, après une ultime espérance :Comme la vie est lenteEt comme l’Espérance est violenteL’écho sonore entre « vie est lente » (v. 15) et « vi-o-lente » (v. 16) traduit la tentative désespérée du poète, qui cherche à s’opposer à la continuité du courant qui emporte son amour.L’espérance se présente comme un sentiment puissant. Dotée d’une majuscule, l’ « Espérance » (v. 16) est personnifiée et se caractérise par sa violence.La diérèse sur « vi-o-lente » appuie la souffrance du poète.A la dernière strophe, la rupture est consommée et l’amour n’est plus qu’un souvenir.Le verbe « passer » est répété : « Passent les jours et passent les semaines » (v. 19), et apparaît même dans sa forme de participe passé : « temps passé » (v. 20).Cette gradation du temps des jours en semaines montre bien que de l’eau a coulé sous les ponts !Enfin, la double négation des vers 20 et 21 traduit la résignation du poète : « Ni temps passé / Ni les amours reviennent ».B – La rupture poétiqueA la rupture amoureuse correspond une rupture syntaxique et poétique.Chaque strophe est composée de trois décasyllabes (un décasyllabe est un vers de 10 syllabes) qui riment entre eux.Seulement, le deuxième décasyllabe est coupé, réparti en deux vers de 4 et 6 syllabes, ce qui crée un effet de rupture dans le rythme :Sous le pont Mirabeau coule la SeineEt nos amoursFaut-il qu’il m’en souvienneLa joie venait toujours après la peineD’autre part, la progression linéaire est rompue par la reprise du premier vers à la fin du poème :« Sous le pont Mirabeau coule la Seine » (v. 22).De même, les « amours » du vers 2 sont repris au vers 21.Le poème donne alors l’impression de former une boucle.Enfin, l’absence de ponctuation et l’éclatement du texte dû au décasyllabe produisent une rupture du sens.« Le pont Mirabeau » peut d’ailleurs se présenter également comme un poème de rupture avec la tradition poétique.

II – Un poème à la fois traditionnel…A – Thèmes poétiques traditionnels : l’eau et la fuite du tempsLe poète emprunte à la tradition romantique le thème de la fuite du temps lié à l’écoulement de l’eau qu’on peut retrouver notamment dans un poème comme « Le Lac » de Lamartine (« le temps n’a point de rives ; Il coule et nous passons », Méditations poétiques, 1820)Apollinaire compare le passage du temps à l’écoulement continu du fleuve pour évoquer l’effet destructeur du temps sur l’amour (« L’amour s’en va comme cette eau courante », v. 13).L’amour passe, emporté par le flux temporel.Comme les Romantiques, le poète constate son impuissance face au temps, qu’on ne peut retenir ni revivre (« Ni temps passé / Ni les amours reviennent », v. 20-21).B – Le registre élégiaqueLe

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