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Le Corbeau et le Renard cas

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Par   •  26 Janvier 2016  •  Commentaire de texte  •  2 351 Mots (10 Pages)  •  2 738 Vues

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Gabrielle REY 1er ES                                                                                                                              16/10/2015

 Première commentaire composé à propos du « Corbeau et du Renard », Livre 1,  Jean de la Fontaine                                                                                                                    

        Jean de La Fontaine achève son premier livre de fables en 1668 et connait un succès immédiat et phénoménal sous la monarchie de Louis XIV, le Roi Soleil. Celui-ci, traumatisé par la Fronde, a décidé de garder les nobles sous sa coupe et de transformer ces grands seigneurs en courtisans dépendants de lui. Ils cherchent par intérêt à gagner les faveurs du roi, notamment au moyen de la flatterie. Cette société est l’objet d’une virulente critique de Jean de La Fontaine au travers de ses fables, dont il fait un véritable instrument de satire. Il invente toute une société animale représentant celle de son temps, échappant ainsi à la censure. Dans la fable « Le Corbeau et le Renard », Livre 1, nous assistons au dialogue de deux animaux incarnant deux types moraux bien différents: le Renard est un courtisan rusé, beau-parleur et hypocrite, quant au Corbeau, il apparait vaniteux, sa trop grande estime de lui-même le mettant dans l’embarras. La tonalité comique de l’apologue permet d’apprendre au lecteur en l’amusant à se méfier des flatteries intéressées. Mais cette fable critique-elle seulement la flatterie ? Tout au long de l’histoire, les personnages connaissent une évolution, nous verrons d’abord celle du Corbeau et ensuite celle du Renard. Enfin nous nous intéresserons à la morale à double niveau énoncée par le personnage du  Renard.

        Nous étudierons les changements du personnage du Corbeau depuis sa situation initiale jusqu’à son envol, à la fin de sa mésaventure. Nous rencontrons le Corbeau en tant que Maitre, « sur un arbre perché ». Il serait donc l’animalisation d’un bourgeois. En outre sa situation topographique et son titre lui procure une apparence socialement et intellectuellement supérieure. Il tient dans son bec un fromage, cette précision apprend au lecteur que cet objet est important, il est un symbole de richesse que le Corbeau affiche avec fierté.                                          .
       Jusque-là le lecteur a une bonne estime du personnage, mais celui-ci va montrer à plusieurs reprises qu’il ne la mérite pas. Il illustre pour la première fois sa bêtise lorsqu’il ne se méfie pas de l’appellation « Monsieur du Corbeau », dont le lecteur sent bien toute la nuance moqueuse, mais dont le personnage est charmé, séduit par ce nouveau titre qui l’anoblit. Sa sottise se confirme lorsqu’il est enchanté des paroles du Renard, n’ayant pas la présence d’esprit de les interpréter comme fausses et exagérées. En effet, le Corbeau laisse libre cours à son imagination emportée par la métaphore du Phoenix. Il perd toute mesure, il ne se rend pas compte que ce portrait est l’antithèse de sa nature, que cette métaphore est ironique et fausse. Le lecteur par contre en rit. De plus, les termes « ramages » et « plumage » riment avec fromage, mais le Corbeau n’est pas frappé par cet écho qui trahit la volonté du Renard de lui voler ce qu’il possède. Il est loin de deviner l’objet de la flatterie. Il préfère ouvrir le bec très grand comme pour prendre son élan, tellement persuadé d’avoir une superbe voix, qu’il veut en montrer toute la valeur.                                                                
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       Le Corbeau perd son butin, mais aussi son honneur, qui lui est retiré par le Renard et le narrateur. Ainsi, il est humilié par le flatteur qui prend plaisir à lui donner une leçon. Il l’oblige par l’impératif « Apprenez » à considérer ses défauts, se rendre compte de sa bêtise. L’escroc lui-même ose faire la leçon à l’escroqué, le Corbeau est tombé bien bas. Il n’est plus appelé « Monsieur du Corbeau », mais « Mon bon monsieur ». Le mépris et l’ironie du Renard sont flagrants à présent que son interlocuteur ne possède plus la richesse et n’est plus rien qu’un hideux volatile. Le narrateur non-plus ne se prive pas de se moquer du Corbeau. Dès le vers 10, le lecteur sent toute l’ironie de celui-ci lorsqu’il expose hyperboliquement la joie du flatté qu’il condamne avec amusement. Le narrateur poursuit sa moquerie en utilisant une antithèse, la figure de l’ironie par excellence, lorsqu’il qualifie de « belle » la voix du Corbeau. Au vers 17, la répétition accentue l’humiliation du Corbeau qui, d’ailleurs, n’est plus appelé Maitre, puisqu’il ne mérite plus ce titre. Enfin l’incise de La Fontaine en fin de fable insiste une dernière fois sur le cas du Corbeau et accentue l’ironie faite à son encontre et à celle de sa vanité. Le Corbeau est donc victime de la flatterie, mais il est surtout victime de son trop grand égo et de sa bêtise qui le font descendre de sa position pendant que le Renard suit la trajectoire opposée.

        Le Renard est un flatteur invétéré qui parvient toujours à ses fins. Le beau-parleur nous apparait d’abord en position d’infériorité, il est attiré par le fromage mais, de sa position, il ne peut l’obtenir par la force. Cependant nous comprenons vite que ce personnage n’en use jamais, ce n’est pas un prédateur : il préfère utiliser la ruse, dans laquelle il est passé Maitre, comme nous l’indique son titre. Le lecteur est averti par le narrateur des intentions du Renard par l’adjectif « alléché », il comprend que toutes les paroles de celui-ci vont n’être prononcées que dans un seul but : obtenir ce qu’il convoite. Le Corbeau tient peut-être le fromage –pour l’instant- mais le Renard tient le langage (vers 4). Il est séduit par l’idée de posséder le fromage, tout comme le Corbeau sera séduit par ses paroles ; son odorat est flatté par le doux fumet, comme l’oiseau sera flatté par ses compliments. La Fontaine établit un certain parallélisme entre les personnages et montre une ressemblance dans leurs réactions.

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