La réponse à la question sur le corpus de A.Gill, Plantu
Dissertation : La réponse à la question sur le corpus de A.Gill, Plantu. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar gigilamagie • 10 Novembre 2018 • Dissertation • 499 Mots (2 Pages) • 617 Vues
Le corpus proposé réunit quatre documents à visée argumentative qui ont pour but de dénoncer la censure exercée à diverses époques à l'encontre de la liberté d'expression et de la création. Le document A, dessin du caricaturiste du XIXème siècle André Gill, représente la censure sous les traits d'une vieille femme menaçante ; il est également l'auteur d'un article paru en 1874 dans le journal L'Eclipse dans lequel il imagine la biographie ironique d'Anastasie Censure (document C). Le document B est un croquis de presse paru dans Le Monde dans les années 1980 représentant un dirigeant militaire soviétique surveillant la création littéraire. Comment la censure est-elle représentée à travers ces trois documents ?
Tout d'abord, les documents du corpus critiquent la censure en l'associant à une idée de privation systématique, aveugle, sans discernement ni intelligence : la répétition dans tout le corpus de la métaphore de la suppression le prouve. Anastasie est munie d'énormes ciseaux dans le premier document et l'article qui lui est consacré (troisième document) multiplie les répétitions du verbe "couper" : "Coupons, coupons, coupera" l.14-15-16. De son côté, Plantu représente un crayon dont la gomme est un militaire prêt à effacer les écrits qu'il jugerait condamnables. Gill va plus loin en accusant la censure de s'exercer même quand un écrit n'est que potentiellement dangereux au cas où : "Quand il ne découvrira pas l'allusion, il coupera la phrase aussi" l.17.
Par ailleurs, la censure est comparée à un espionnage insupportable et permanent : Anastasie porte des lorgnons et la chouette sur son épaule observe également de ses grands yeux ronds ; le militaire est indissociable du crayon de l'écrivain et porte des lunettes doublée d'une longue vue ; enfin, le "Guide du parfait censeur" insiste sur le travail souterrain de la surveillance des oeuvres : "déterrer, découvrir, dissimulées" l.9-12-17.
De plus, la censure est présentée comme une menace comme l'atteste le doigt crochu tendu d'Anastasie et comme une oppression exercée sur la liberté d'expression. En effet, la position dominante du militaire au-dessus de la main qui tient le crayon, métonymie de l'écrivain, représente la pression du pouvoir sur les artistes, journalistes, opposants. Gill et Plantu définissent la censure comme une arme utilisée par le pouvoir politique et/ou religieux pour imposer son arbitraire : le "Guide du parfait censeur" aurait été rédigé par un pape et Plantu vise les hauts dignitaires du régime.
Enfin, on peut noter que les deux documents de Gill se limitent à une critique féroce de la censure alors que le dessin de Plantu est porteur d'une note positive. En effet, Plantu, en représentant la main créatrice beaucoup plus grande que le militaire qui veut la censurer, laisse entendre que la liberté et la création triompheront toujours de tous ceux qui veulent les museler.
Ainsi, les divers documents du corpus utilisent-ils une stratégie argumentative qui cherche à convaincre, par l'ironie et la caricature, de l'absurdité et de la dangerosité de la censure.
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