La princesse de Clèves, Mme de Lafayette
Dissertation : La princesse de Clèves, Mme de Lafayette. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Vicopico • 15 Novembre 2020 • Dissertation • 2 168 Mots (9 Pages) • 4 949 Vues
Exemple de dissertation rédigée sur La princesse de Clèves : En quoi peut-on dire que le roman de Mme de Lafayette est proche d’une tragédie classique ? Vous répondrez en un développement organisé en vous appuyant sur votre lecture du roman | |
Le siècle de Louis XIV est dominé par le Classicisme, mouvement dont les valeurs sont l’ordre, la mesure et l’harmonie. Caractérisé par des règles strictes héritées des anciens, il a pour double devise « placere et docere » qui signifie en latin « plaire et instruire ». De grands auteurs marquent ce Grand Siècle comme Molière, Racine et Corneille, qui font briller le genre théâtral. Mais le roman se renouvelle lui aussi en particulier grâce à Mme de Lafayette. Cette dernière, née Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, se fait remarquer dans les salons mondains par son esprit et son style. Loin de revendiquer ses œuvres qu’elle publie anonymement, elle est appelée « Le Brouillard » par ses amis. Elle écrit notamment La Princesse de Montpensier (1662) et La Princesse de Clèves (1678). L’autrice y raconte l’histoire d’une jeune fille, Melle de Chartres, mariée sans inclination au prince de Clèves, mais qui s’éprend peu à peu du duc de Nemours et qui lutte avec un certain héroïsme contre sa passion. Cependant, celle-ci remet en question ses principes et sa morale et a des conséquences funestes. Nous pouvons alors nous demander en quoi La Princesse de Clèves ressemble à une tragédie classique. Correspond-elle à la définition donnée par Aristote dans La Poétique : « La tragédie est la représentation d'une action noble [...]en représentant la pitié et la frayeur, elle réalise une épuration de ce genre d'émotions » ? En quoi ce premier roman moderne utilise-t-il les ressorts du genre dramatique ? Dans un premier temps, nous verrons que les caractéristiques d’une tragédie se retrouvent dans ce roman d’analyse. Dans un second temps, nous étudierons la manière dont il est représentatif du Classicisme. En premier lieu, il est possible de trouver dans La Princesse de Clèves les éléments d’une tragédie tels que la noblesse de ses personnages, leur combat contre leur fatum et le dénouement de l’intrigue. Tout d’abord, l’auteur d’une tragédie doit faire évoluer des personnages nobles, c’est-à-dire de rang social élevé : ils sont riches, possèdent des titres et des privilèges. Ainsi, dans notre roman, les personnages sont issus de la cour des derniers rois de la dynastie des Valois, entre 1558 et 1560. Leurs journées sont occupées à des divertissements princiers tels que les bals. Par exemple, lors des fiançailles de Claude de France, la fille de Henri II et de Catherine de Médicis, et du duc de Lorraine, toutes les grandes figures de la Cour sont présentes comme la reine dauphine, Marie Stuart, femme du futur François II, amie et confidente de notre héroïne. La grandeur de ces personnages tient également à leur culture et à leur éducation. Madame de La Fayette s’attarde lors du long portrait de son héroïne sur la qualité de l’éducation que lui a dispensée sa mère pendant son enfance lui peignant l’amour et lui enseignant la vertu. Ces personnages puissants se caractérisent finalement par leur grandeur morale, leur sens de l’honneur. C’est le cas du Prince de Clèves. Ce personnage conserve sa dignité en toutes circonstances : il aime sa femme sans en être aimé, il souffre de la jalousie en silence. Au moment de l’aveu de sa femme à Coulommiers, il éprouve de l’estime et de l’admiration pour elle. Il insiste pour obtenir le nom de l’amant mais n’y parvenant pas, il ne s’emporte pas. Ces figures historiques et romanesques apparaissent donc comme les dignes héritiers des personnages légendaires des tragédies antiques.
Ensuite, la tragédie se caractérise par son registre tragique qui se définit par l’impuissance des héros face à la fatalité. Comme chez Racine, la passion est un ennemi de la liberté. Son étymologie latine, patior, renvoie d’ailleurs à la souffrance. C’est ainsi que l’amour du prince de Clèves peut être considéré comme une maladie, un poison qui va le tuer. En effet, la jalousie amène le prince à interpréter de façon erronée le rapport que lui fournit le gentilhomme qu’il a envoyé espionner la princesse à Coulommiers. Celui-ci lui explique avoir vu deux nuits de suite le duc de Nemours s’introduire dans le jardin, le prince pense aussitôt que sa femme lui a été infidèle. Le soir-même il est pris d’une fièvre qui l’emporte peu de temps après. Le lecteur assiste à l’engrenage tragique qui a mené à cette issue fatale : c’est d’abord l’ordre de Henri II lancé à la princesse de prendre le duc pour cavalier qui apparaît comme une fatalité. Puis la dauphine joue un rôle non seulement dans le rapprochement des amants pour récrire la lettre adressée au vidame par Mme de Thémines, mais aussi lors du vol du portrait de la princesse. Enfin, l’aveu de Coulommiers creuse un fossé entre le mari et son épouse. Ce destin funeste ne frappe pas seulement les personnages principaux. Le poids du destin apparaît aussi car la mort d’Henri II a été prédite par un astrologue : le roi lui-même le rappelle lors d’une conversation chez la reine : on lui a dit qu’il pourrait lors d’un duel. L’accident survient lors de l’ultime duel d’un tournoi contre le comte de Montmorency : le roi reçoit un éclat de lance dans l’œil. La tragédie est donc au service d’une vision pessimiste de la passion amoureuse. Enfin, un dénouement malheureux scelle la fin de toute tragédie. Il consiste le plus souvent en la mort du personnage principal, parfois en un échec, une renonciation ou une trahison. La fin de La Princesse de Clèves réunit un certain nombre de ces éléments. En effet, deux personnages trouvent la mort. Le premier est le prince de Clèves qui meurt d’une maladie de langueur due à sa jalousie et à sa tristesse de ne pas vivre un amour partagé avec sa femme. Sa mort, loin de libérer sa veuve, la contraint à repousser le duc de Nemours qu’elle considère comme en partie responsable. Par respect pour le souvenir de son mari, la princesse refuse d’épouser Nemours. Elle renonce alors à sa passion mais aussi à la vie en se retirant le reste de sa brève existence entre une maison religieuse et sa retraite sur ses terres des Pyrénées. « Cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie », comme l’affirme Racine dans la préface de Bérénice, naît aussi de l’échec de l’histoire d’amour entre le duc de Nemours et notre héroïne. Le duc semblait s’être transformé après son coup de foudre : il n’était plus le don juan que sa réputation précédait, mais un homme en quête de preuves d’amour. Dans une ellipse temporelle, l’autrice nous indique qu’il oublie finalement sa passion. Le lecteur ressent alors pleinement les deux sentiments que doit susciter une tragédie digne de ce nom : la terreur face aux désordres causés par la passion et la pitié pour la destinée malheureuse de ces personnages impuissants mais lucides. Par les qualités de ses personnages, leur lutte digne contre le destin et son dénouement tragique, ce roman possède donc bel et bien une veine tragique. Est-il aussi ce chef d’œuvre du classicisme que l’on nous présente ? Nous allons voir en second lieu, que ce roman se rattache en effet aux valeurs du classicisme tout d’abord par son respect des règles fixant alors la création artistique puis par son observation de la devise classique et enfin par sa visée hautement morale. D’abord, le classicisme se caractérise par le respect de règles figées énoncées par Boileau dans son Art poétique. Elles sont au nombre de trois : la règle des trois unités, la règle de bienséance et la règle de vraisemblance. « Qu’en un lieu, en un jour, un seul fait accompli / Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli » explique Boileau pour résumer la règle des trois unités. L’unité d’action est respectée par Madame de La Fayette puisque le récit se concentre ………………………………………………………………………………………………………………………….. Le lieu unique -exceptées les quelques échappées à Coulommiers- est …………….. qui apparaît comme un ………………………………………………. pour la princesse qui a bien du mal à se faire à ce monde où règnent ………………………………………………. Quant à la durée, elle est limitée à ……………………………….., il s’agit d’une crise brève et violente. La règle de bienséance correspond à l’idéal de l’honnête homme car il s’agit d’écarter ………………………………………………….. afin de ne pas …………………………………………… le public. La mort de Madame de Chartres illustre parfaitement cette règle en cela qu’elle demande à sa fille de sortir afin d’éviter tout attendrissement. La règle de vraisemblance est guidée par la raison. Les personnages doivent agir conformément à ce que le public sait d’eux, dans le respect du cadre dans lequel ils évoluent. L’histoire d’amour de la princesse de Clèves est rendue impossible par son éducation morale stricte qui lui fait considérer la vertu comme la valeur par excellence. Pour ce qui est de la sincérité qui mène la princesse à tout avouer à son mari, c’est un trait dominant de son caractère dont son entourage s’étonne et que certains admirent. Les règles classiques semblent donc bien respectées par la romancière. Ensuite, l’autrice suit le principe du « placere et docere » en cherchant à divertir son lecteur. Pour ce faire, elle utilise plusieurs ressorts : le suspense, le cadre historique et les émotions. Poursuivez ici cette partie en développant ces 3 idées (supense, cadre historique, émotions) sur le modèle vu au-dessus. ………………………………………………………………………………………………................................. ……………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………................................. ……………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………................................. ……………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………................................. ……………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………................................. ……………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………................................. ……………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………................................. ……………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………................................. ……………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………................................. ……………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………................................. ……………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………................................. ……………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………................................. ……………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………................................. ……………………………………………………………………………………………………………………………… Enfin, la visée morale de ce roman est indéniable. Outre la catharsis provoquée par la terreur et la pitié du tragique, le lecteur reçoit plusieurs leçons de morale qui doivent le faire réfléchir à la condition humaine. Mme de Lafayette a longtemps été considérée comme une moraliste à l’instar de nombreux auteurs de son siècle comme La Rochefoucauld par exemple. On a même souvent restreint la visée de son roman a une simple mise en garde contre les dangers de la passion, qui serait fort « incommode » selon le mot de l’auteur, et qui crée toutes sortes de désordres comme semblent l’illustrer les nombreux embarras dans lesquels s’engluent les personnages, tel le vidame de Chartres par exemple. Cependant, le long combat que la princesse se livre contre sa passion et qui se constitue le cœur du récit, est mené au nom de sa morale personnelle, bien plus qu’au seul nom de conventions ou de la bienséance. Plongée à seize ans, sans expérience, dans l’arène de la cour où menacent les dangers de la galanterie contre lesquels sa mère l’a mise en garde, elle se doit de respecter ses leçons et la personne de son mari pour qui elle a une réelle estime. Ce premier combat n’est pas facile et la jeune femme est souvent en proie au doute. Cependant, ces obstacles ne tiennent plus à la mort de Monsieur de Clèves et pourtant elle renonce à épouser l’homme qu’elle peut désormais aimer. C’est alors à une autre réflexion que nous invite l’auteur : faut-il craindre la mort de la passion au point de se refuser à la vivre et au risque de renoncer à la vie elle-même ? C’est à cette pessimiste conclusion que semble être arrivée l’héroïne. Mais peut-être est-ce, pour une femme du XVIIè siècle, la condition, cher payée, de sa liberté. Ainsi, ce riche roman, écrit par une « précieuse » est-il bien un chef-d’œuvre du Classicisme qui a intégré au genre romanesque, alors en construction, toutes les règles de ce mouvement, tout en parvenant à faire un récit plaisant et plein d’émotions qui présente une haute visée morale, plus complexe qu’on ne veut le dire. La Princesse de Clèves est donc un roman qui ressemble beaucoup à une tragédie classique. En effet, il réunit les caractéristiques de ce genre dramatique par ses personnages nobles, son registre tragique lié aux passions et l’omniprésence de la mort. D’autre part, Mme de La Fayette n’a pas échappé à l’influence de son époque, suivant les règles et les principes du classicisme avec justesse et rigueur pour mieux analyser les sentiments de l’héroïne. Finalement, on peut se demander si, paradoxalement, le personnage le moins tragique de ce récit n’est pas la princesse de Clèves elle-même, car, certes, elle meurt à la fin, cependant elle ne cède jamais à sa passion amoureuse, restant libre de ses choix, aussi douloureux soient-ils et restant dans les mémoires pour avoir donné « des exemples de vertu inimitables ». |
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