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La poésie doit-elle selon vous décrire la réalité du monde ou la transfigurer ?

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Par   •  23 Janvier 2023  •  Dissertation  •  2 230 Mots (9 Pages)  •  473 Vues

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« Ma fonction est extra-humaine ». C’est ce qu’a écrit Baudelaire, parlant du poète, dans un article consacré à Théophile Gautier en 1859. Cette citation nous interroge sur le rôle du poète, et plus largement sur la poésie. En effet, on peut se demander comment cette discipline aborde la réalité : l'extra humain nous évoque un être éloigné, différent, savant, un alchimiste ? Le poète possèderait des pouvoirs que les autres n’ont pas, par conséquent, la réalité peut se voir déformée par ce pouvoir. Cette tension entre réalité transmise ou transmutée subsiste ainsi quant au rôle de la poésie. Nous nous intéresserons à ce que Baudelaire fait de la mission de cette poésie, inspirée du Romantisme et du réalisme et qui initie le symbolisme. Ainsi, on se demandera si la fonction de la poésie pour Baudelaire, n’est que de représenter la réalité du monde ou bien de la transmuter. Nous montrerons d’abord que la réalité du monde est bien souvent une terre fertile pour la création poétique, nous expliquerons ensuite pourquoi la poésie est en mesure de transformer jusqu’à extraire le beau, et enfin nous montrerons que la transmutation est finalement un moyen efficace pour représenter le réel.

Le début de notre analyse montrera d’abord que la réalité du monde occupe une place prépondérante dans la poésie de Baudelaire. Elle est en quelque sorte le terreau principal de la création poétique de l’auteur. Ainsi, il est légitime de penser que la poésie doit s’intéresser à ce réel, souvent brut et décevant.

Le premier aspect analysable est le fait que le monde brut, ce qui entoure le monde est une matière propice à la poésie. En effet, le poème peut dans une certaine mesure représenter le monde et son réel tels qu’ils le sont. Ainsi, apparaissent les défauts, le laid, dans cette poésie. Dans une certaine mesure, la poésie peut représenter, transmettre des sensations, des émotions de la réalité. C’est ainsi que dans le poème « A une passante », Baudelaire parvient à représenter l’aspect brut du réel. Dans ce poème, la femme est un vecteur, qui nous emmène dans la ville. On nous présente un décor réel, qui semble paraître authentique. L’accent est mis sur la sensation que l’on éprouve à la lecture. A travers le poème, le décor placé réussit à faire émerger les sensations de la ville. On ressent ainsi le bruit, et l’agitation par la plume de l’auteur. Ainsi, la représentation des sensations, des émotions que peuvent provoquer la réalité qui nous entoure, peut-être une des missions de la poésie Baudelairienne.

Cette thématique du réel authentique est d’ailleurs menée plus loin par Guillaume Apollinaire. En effet, transmettre le réel peut paraître être le rôle de « Zone ». En effet, Apollinaire représente la ville à travers les yeux, comme pour Baudelaire, d’un flâneur, mais il y incorpore des éléments saisis au vif. C’est ainsi que dans un poème, on découvre les sensations des quartiers ouvriers, les monuments, jusqu’au prix des journaux. Ainsi, la ville est un outil choisi pour représenter le réel en poésie.

Cependant, Baudelaire ne transmet pas non seulement des émotions, et des éléments empruntés à la ville, à notre réalité, mais il donne à la poésie un rôle plus important. En effet, il s’agit dans nombre de poèmes de représenter la réalité du mal qui ronge l’humanité. Sans transformation, sans embellissement, Baudelaire peut nous faire passer, nous transmettre d’une manière presque cruelle la réalité de la condition humaine. C’est ainsi, à travers l’association préalable à des figures démoniaques, que notre auteur nous met sous les yeux l’un des plus grands vices de la réalité : « l’ennui ». Il montre à travers « au lecteur », une certaine forme de la réalité du monde, qu’il nous accuse de ne pas vouloir saisir. La poésie est donc capable de montrer du doigt le mal, la « triste » réalité qui nous entoure, et est capable de l’exploiter. L’auteur avec cette poésie réussit à montrer que le monde subit cette triste réalité et est donc capable de nous la transmettre d’une manière efficace, avec la forme du poème.

Néanmoins, à la lecture des « Fleurs du Mal », la fonction de description de la réalité semble être mineure. En effet, un autre aspect est beaucoup plus marqué, c’est la transmutation. Chez Baudelaire qui s’affirme comme un véritable démiurge, la transformation est monnaie courante. Le rôle de la poésie Baudelairienne semble davantage se tourner vers la recherche d’un certain idéal, un beau, obtenu à l’aide des ses pouvoirs de poète.

En premier temps, ces transformations, ces transformations, s’opèrent dans un but de réussir à rendre belle la réalité. Celle-ci se voit manipulée, remodelée et assemblée à l’aide de procédés poétiques, qui agissent comme un agent extracteur : l’auteur peut grâce à la poésie extraire le beau, c’est donc une fonction qu’on peut lui attribuer. Ainsi dans les « Fleurs du mal », la poésie embellit, découvre certains aspects de la beauté grâce à ses transformations. C’est le cas notamment dans le poème « A une mendiante rousse ». Baudelaire, arrive à extraire la beauté : il transforme la femme en lui ajoutant des attributs tels que le poignard d’or ce qui permet d’élever une figure pauvre. De plus, l’auteur de par sa sensibilité, saisit le beau sur ce sujet pauvre. Sa sensibilité appliquée à la poésie permet donc de créer la beauté. L’accès à la beauté semble donc être la quête de la poésie, mélangée à la sensibilité de l’auteur : la transformation est donc sa fonction dans le but d’embellir.

Vu d’un autre angle, le but de la poésie serait finalement de réussir à tendre vers une plus grande beauté, comme l’affirme Baudelaire dans « notes sur Edgar Poe » : « le principe de la poésie est strictement et simplement l’aspiration humaine vers une beauté supérieure ». On peut donc comprendre qu’au-delà de la transmutation vers le beau, la fonction de la poésie de tendre vers cet idéal embelli serait finalement qu’un désir naturel humain, que sa nature imparfaite ne lui permet pas d’atteindre.

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