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La peinture du moi dans les Essais de Montaigne

Dissertation : La peinture du moi dans les Essais de Montaigne. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  17 Janvier 2017  •  Dissertation  •  2 112 Mots (9 Pages)  •  4 873 Vues

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Le Priol Claire                                                                                                                 14/10/16

1ère SMP2

La Peinture du moi dans les Essais de Montaigne

« Je vais me peindre tout nu et tout entier », écrit Montaigne dans son avis au lecteur. Les Essais sont en effet une œuvre dans laquelle Montaigne accumule de nombreuses réflexions personnelles sur lui-même et le monde qui l’entoure. « Je suis moi-même la matière de mon livre ». Il expérimente sa pensée et veut la mettre à l’épreuve. Il a par conséquent la volonté d’écrire un « livre de bonne foi », c’est-à-dire où il s’exprime sincèrement. Il ne veut écrire que les choses vraies, avec franchise sans exagérer ses faits et ses propos. Il déclare ainsi « Je veux qu’on m’y voie en ma façon simple ». Il désire donc esquisser sa vraie nature dans l’œuvre qu’il rédigera et complètera jusqu'à la fin de sa vie, les Essais.

Ainsi en quoi Montaigne se dépeint-il entièrement dans les Essais, aussi bien son moi intérieur qu’extérieur ?

Premièrement nous verrons la peinture du moi intérieur de Montaigne à travers le portrait qu’il fait de lui-même et de son œuvre puis dans un second temps nous verrons que ce philosophe peint également son moi social, celui en relation avec le monde extérieur.

        La peinture du moi intérieur est très présente dans les Essais, puisque cette œuvre a pour but de « se peindre » selon Montaigne.

L’auteur dresse premièrement un portrait de ses défauts et de ses qualités physiques et morales. En effet, il est convaincu qu’il faut se connaître soi-même et il accepte de parler de ses défauts dans son œuvre, bien que de nombreuses personnes vont la lire. Il écrit ainsi, dans son avis au lecteur, « Mes défauts s'y liront au vif ». Il admet donc ses faiblesses, à l’instar de sa mémoire qu’il juge comme « un instrument » faible et dont il ne veut pas « dépendre ». Il a ainsi peur que celle-ci lui fasse se répéter et il n’accepte pas que son œuvre comporte des défauts qu’il n’apprécie pas chez les autres écrivains « la redite est partout ennuyeuse ». De plus il traite souvent de sa maladie, qui le fait grandement souffrir et de la crainte de la mort. Il écrit ainsi sur le déroulement de sa propre mort qui, selon lui, sera violente et soudaine. En outre Montaigne change constamment d’avis dans un monde instable, qu’il qualifie même de « branloire pérenne » : son relativisme montre les évolutions constantes du monde qui l’entoure. De surcroît Montaigne écrit sur l’éducation très particulière qu’il a reçu. En effet grâce à la volonté de son père et au développement des idées humanistes, l’auteur a bénéficié d’une éducation unique qui lui a donné le goût de l’apprentissage de nouvelles choses et de la lecture des  grands auteurs classiques. Il fait donc référence dans son œuvre plusieurs fois à son éducation et à son père, qu’il admire et remercie.

Les Essais sont également un projet « consubstantiel » à son auteur, le livre et Montaigne ne font plus qu’un. Comme Montaigne l’écrit dans l’avis au lecteur, son œuvre est un « livre de bonne foi » qui est sincère : il ne veut pas prétendre de choses fausses. Il se peint ainsi « tout entier et tout nu ». De plus le projet en lui-même représente Montaigne. En effet il a perdu très tôt son ami, La Boétie, avec qui il avait des liens forts et la mort de celui-ci le bouleverse profondément. Le projet initial était d’entourer les citations de La Boétie par ses propres réflexions. Les Essais apparaissent ainsi comme une conversation avec le lecteur mais en réalité c’est avec La Boétie que Montaigne communique à travers son œuvre. En outre, les Essais sont le garant de sa vie. En effet Montaigne les écrit au fur et à mesure de sa vie ; il ajoute des commentaires constamment, sans ne jamais rien supprimer car cela n’est pas en accord avec sa pensée : « J’ajoute mais je ne corrige rien ».  De cette manière, il exprime qu’il ne faut jamais modifier ce qu’on a dit, qu’on peut le compléter mais qu’il est important de ne rien supprimer, car l’écrit représente ce qu’il pensait dans l’instant. Regretter ses écrits ce serait regretter le passé ce qui est contraire aux idées de Montaigne. La mort, un sujet très présent dans l’œuvre de Montaigne, est également « consubstantielle » aux Essais puisqu’il continuera de la modifier jusqu’à son décès en 1592. Il écrit ainsi au début du chapitre 9 du livre III « De la vanité », « Et quand serai-je à bout de représenter une continuelle agitation et mutation de mes pensées […] ? », Montaigne a donc confiance qu’il ne s’arrêtera jamais d’écrire, jusqu’à sa mort. Le livre est donc le garant de sa vie.

Enfin l’écriture de ses Essais est un reflet de lui-même. En effet il les rédige peu à peu, en complétant certains passages qu’il a écrit. Les couches successives d’écriture sont donc comme les couches de peinture. On peut ainsi remarquer une évolution entre le premier livre et le troisième livre, qui est plus littéraire. Montaigne fait beaucoup de digressions. Ces nombreux passages montrent son ouverture d’esprit et l’intérêt qu’il porte à de multiples sujets « Mon style et mon esprit vont vagabondant de même. ». De plus, il fait l’éloge de ses digressions : pour lui il ne s’égare pas de son sujet mais c’est le lecteur qui ne fait pas le lien. Cette remarque met en évidence que Montaigne était un homme qui réfléchissait beaucoup et que les contemporains qui le comprenaient réellement étaient peu nombreux : La Boétie était l’un d’entre eux mais sa mort isole Montaigne. En outre, ses nombreuses digressions font référence à son voyage. En effet, l’écrivain ne se fixait jamais de trajets ou d’horaires précis lors de son voyage en Allemagne et en Italie puisque selon lui cela n’a pas d’intérêt, il ne sert à rien de se presser. Il préfère faire des détours, comme les digressions le sont dans son œuvre. On remarque ainsi que l’écriture même de son œuvre est le reflet de sa personnalité.

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