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La Chanson de Roland, lecture analytique

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Par   •  2 Avril 2016  •  Commentaire de texte  •  1 655 Mots (7 Pages)  •  10 518 Vues

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La Chanson de Roland, lecture analytique

        La chanson de geste appartient au registre épique. Elle s’inscrit dans la tradition des épopées de l’Antiquité comme l’Iliade et l’Odyssée. Il s’agit d’un récit le plus souvent en vers composé de strophes de décasyllabes narrant les exploits d’un héros. Comme dans l’épopée, le monde est perçu de façon simple : le héros agit pour le bien de la communauté et dans le respect du roi et de Dieu. Le partage entre le bien et le mal n’est pas ambigu. Les scènes d’action suscitent l’admiration du lecteur ou de l’auditeur. Le contexte est toujours guerrier. Les situations sont de ce fait extraordinaires. Tout semble vu à travers un principe d’amplification.

        La Chanson de Roland raconte les guerres menées par Charlemagne en Espagne au VIIIème siècle. Elle est composée vers 1100. Elle est signée d’un certain Turoldus mais on n’est pas sûr de l’identité de l’auteur. Il existe par ailleurs plusieurs versions : la plus ancienne étant celle d’Oxford.

        L’un des passages les plus célèbres est celui qui raconte la bataille de Roncevaux et la mort de Roland alors que Charlemagne et son armée rentraient en France après la victoire contre les Maures. Cependant Ganelon, jaloux de Roland, organise une embuscade dans laquelle le fidèle chevalier de l’Empereur, resté à l’arrière-garde, va trouver la mort. C’est ce passage qui est ici proposé.

        Pb : En quoi cet extrait illustre-t-il la dimension épique de l’œuvre.

I Un récit alerte

Cadre spatio-temporel : « C’est l’après-midi d’un jour éclatant » (23)

Paysage de montagne à peine ébauché, tout juste suggéré : « tant que durent les cols » (18)

Succession des actions

Le récit au présent rend l’action dans son immédiateté et donne l’impression à l’auditeur d’assister à la scène en direct : « Le comte Roland a la bouche en sang » (1), « Charles l’entend » (4). Les actions se succèdent après un temps comme suspendu qui correspond au son de l’olifant c’est-à-dire à l’appel de Roland attaqué par les Maures et qui, de cette façon, prévient son roi afin que ce dernier lui vienne en aide. Lorsque la décision est prise, les actions s’enchaînent : ordre de Charlemagne exprimé à l’impératif au style direct « Armez-vous, lancez votre cri de guerre » (9), préparatifs « Les Français mettent pied à terre et s’arment » (13), et se portent sans plus tarder au secours de leur compagnon en difficulté « Ils piquent fort des éperons » (18), « l’empereur chevauche furieusement » (28).

  • Alternance de passages narratifs et de passages dialogués

Pour rendre le récit plus vivant encore, l’auteur alterne avec adresse les passages dialogués et les passages narratifs : la première laisse est composée d’un récit évoquant la situation de Roland (5 vers), d’une restitution de la parole prononcée par l’empereur : « Ce cor a longue haleine » (1 vers) et de la longue réponse du duc de Naimes qui occupe la deuxième partie de la laisse (5 vers). Cette variété donne vie au récit. On observe que la parole prononcée par Charlemagne est à la foi brève et percutante, mise en valeur par sa position centrale dans la strophe. La parole du roi termine la troisième laisse, également mise en valeur par cette position privilégiée. La deuxième laisse est composée d’un long passage descriptif interrompu par une restitution, au style direct des paroles des chevaliers : « Si nous voyons Roland … de grands coups » (20-21). Ainsi nous avons dans ces trois laisses, des passages descriptifs, des passages narratifs et des passages au discours. Le récit est vif, plaisant et bien équilibré.

  • Situation haletante

Le récit ménage dans sa progression une situation de suspens. La situation est présentée d’emblée comme désespérée car le narrateur évoque dès le début la situation tragique dans laquelle se trouve Roland : « La bouche en sang … De son cerveau la tempe est rompue » (1-2). Puis le narrateur semble ménager une sorte de ralenti dans la narration, par l’évocation de la réflexion de Charles et du Duc de Naimes et par le temps des préparatifs qui est suggéré par le passage descriptif. L’intensité de leur course est ensuite évoquée.

  • Situation pathétique

Mais on sait, avant même que le récit ne se termine, par une précision du narrateur que la situation, déjà annoncée comme désespérée, l’est en effet : « Mais à quoi bon ? Ils ont trop tardé. » (22). Nous n’en sommes donc que plus attentifs aux allusions discrètes à la peine ressentie par tous. Le lexique de la souffrance en est un témoignage : ce lexique évoque dans un premier temps la souffrance de Roland agonisant « douleur et peine » (3), « un baron y met toute sa peine » (6), « se lamente » (11). Puis il évoque, comme un écho, la peine des compagnons : « les Français, chagrins et courroucés » (29), « Il n’en est pas un qui ne pleure amèrement / Pour Roland ils sont tous angoissés » (30-31).

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