Jean Rouaud pour vos cadeaux
Commentaire d'oeuvre : Jean Rouaud pour vos cadeaux. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar pasdenom88 • 11 Juin 2019 • Commentaire d'oeuvre • 880 Mots (4 Pages) • 520 Vues
Pour vos Cadeaux : Article
Un roman comme au cinéma
Pour vos Cadeaux est le 4ème roman écrit par Jean Rouaud, après Les Champs d’Honneurs, Des hommes Illustres, et Le Monde à peu près. Il le consacre à sa mère, personnage dans l’ombre durant ses premiers livres. Il va donc mettre cette « petite silhouette ombreuse » en lumière, sous les projecteurs, la rendant personnage principal du film biographique qu’il nous livre. Car en effet, si l’œuvre de Rouaud est faite d’encre et de papier, la forme et le contenu empruntent les codes du 7ème art.
Premièrement, le roman est caractérisé par une mise en fiction tout au long de l’histoire. Jean Rouaud utilise à plusieurs reprises du vocabulaire et des expressions appartenant au champ lexical du théâtre ou du cinéma comme « réplique théâtrale », « spectateur », « final », « théâtre de rue », « comédie » ... Il compare sa mère à la fin, à Charlot, personnage comique et iconique du cinéma, « s’éloignant avec son baluchon sur le dos », ce qui dans les films de ce dernier, est synonyme d’épilogue. Il aimerait, d’ailleurs, que ce soit un film et non la réalité douloureuse « voila qui cadrerait bien. Mais la réalité est plus délicate ». De plus certains membres de sa famille, en particulier Emile, semblent jouer des rôles. En effet, horloger d’après le livre, il nous apparait plutôt comme un chirurgien : il possède « des outils fins, délicats (minuscules tournevis, pinces, cisailles) » qui rappellent les instruments de chirurgie. Il pourrait « opérer une mouche à cœur ouvert » et il travaille au-dessus « des entrailles de montres éventrées ». Et au-delà du champ lexical, lorsque Joseph est en train de mourir et que Annick renait, elle tente en vain d’appeler Emile, et deux lignes plus tard, il est dit qu’elle n’arrive pas à joindre de médecin. Nous pouvons aussi parler des mises en abimes qui sont faites tout au long du roman. De nombreuses personnages de films et de livres sont cités comme Laurel et Hardi, Robin des Bois, Charlot, mais aussi de nombreux auteurs : Molière, Chateaubriand, Henry Bordeaux et Alexandre Dumas avec Les Trois Mousquetaires et surtout l’adaptation du Comte de Monte-Cristo au cinéma (qu’elle était allée voir sur grand écran au moment des bombardements). Pendant tout le livre, Jean Rouaud crée un parallèle entre Edmond Dantés, héros de l’histoire de Dumas, et sa mère, principalement lors de la mort de Joseph. En effet, ce passage qui termine la 1ère partie et qui est une métaphore de la naissance de la mère (« martèle la cloison », « communique sa présence au monde des vivants », …) qui était dans l’ombre jusque-là, est mis en relation avec l’évasion de Dantés de la prison et sa renaissance sous le nom du Comte de Monte-Cristo : « Comme Edmond Dantés, pour sortir de l’ombre, elle va prendre la place du mort ». Le vocabulaire théâtral, les personnages qui semblent donc jouer des rôles, et les différentes mises en abimes donnent donc une réelle portée cinématographique au roman.
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