Incipit d'un amour de swann
Analyse sectorielle : Incipit d'un amour de swann. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Wow954 • 4 Février 2016 • Analyse sectorielle • 1 781 Mots (8 Pages) • 5 318 Vues
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Introduction
- Présentation de Marcel Proust : auteur iconoclaste, originaire de la haute bourgeoisie, carrière de chroniqueurs mondains, homme d’un roman fleuve : A la recherche du temps perdu qui comptera 7 volumes.
- « Un amour de Swann » est la deuxième partie du 1er volume Du côté de chez Swann publié en 1913 à compte d’auteur chez Grasset.
- Ce roman dans le roman peut être pris de façon autonome car il est le seul passage de La recherche qui possède un narrateur à la troisième personne, alors que le reste de l’œuvre présente une narration à la première personne.
- « Un amour de Swann » est un récit rétrospectif s’attardant sur le personnage central de Swann, déjà connu du lecteur, car étant à l’origine du « drame du coucher » raconté longuement dans «Combray » (1ère partie du 1er volume). Cette analepse, puisque les événements se passent avant la naissance du narrateur du reste de La Recherche, retrace l’histoire amoureuse de Swann et d’Odette de Crécy, une demi-mondaine. Proust va analyser les tourments de l’amour et ses désillusions.
- Ici, nous avons l’incipit qui présente le salon des Verdurin, un couple de riches bourgeois lors de l’une de leurs soirées (rdv mondains hebdomadaire des riches classes sociales du XIXème siècle, proches des salons artistiques)
Pour la lecture
Lisez de façon théâtrale les passages au discours direct afin de faire ressortit la satire sociale.
Problématique
En quoi cet incipit fait-il la satire sociale de la haute bourgeoisie ?
I/ Un incipit descriptif
- La présentation d’un microcosme social : le salon des Verdurin.
- Présentation dès les premières lignes d’un cercle très fermé, élitiste avec l’anaphore de l’adjectif « petit ».
- Champ lexical des arts avec « le pianiste », « le peintre », mais aussi les références aux musiciens célèbres de la fin du XIXème siècle avec « Planté » (pianiste français), « Rubinstein » (célèbre compositeur russe), « Wagner » (compositeur allemand alors à l’avant-garde), mais aussi référence aux sciences avec le « médecin Cottard » présenté comme une sommité de la médecine grâce au comparatif de supériorité « plus---que » et la référence à « Potain », grand médecin de la fin du XIXème siècle, ayant appartenu à l’Académie de médecine → milieu donc très intellectuel.
- Milieu présenté aussi comme « bohême » avec l’emploi du langage relâché « camarades », « copains », « lâcher », « fariboles » et le champ lexical de la liberté. En outre, la brièveté de la phrase « Pour la soirée, il n’y avait pas de programme » contraste avec la phrase proustienne habituellement longue, ce qui lui donne un aspect percutant à cette absence de règlement
Nous avons donc bien la mise en place d’un cadre spatio-temporel précis un salon bourgeois parisien de la fin du XIXème siècle.
- La présentation des personnages
- Tout d’abord, il faut rappeler que le personnage éponyme du roman « Swann » est absent de cet incipit, ce qui s’explique facilement par le fait que le lecteur de La Recherche du temps perdu le connaît déjà, puisqu’il est présenté comme le voisin du narrateur enfant dans la première partie Du Côté de chez Swann
- Au centre de cet incipit Les Verdurin, surtout madame comme le montre le fait que c’est elle qui est le plus décrite. Dans cette partie, nous n’allons nous intéresser qu’à la description a priori méliorative du personnage.
- « vertueuse d’une respectable famille bourgeoise excessivement riche », redondance des deux groupes d’adjectifs soulignés qui insistent sur la richesse et la respectabilité du personnage.
- En outre Mme Verdurin est présentée comme une protectrice des artistes (« protégé »), à l’âme si sensible que Wagner lui donne la migraine.
- Odette de Crécy, personnage qui est déjà présenté comme central dans l’œuvre puisque c’est la seule qui possède alors un prénom, de plus le terme affectif « un amour » renvoie au titre du « roman », le lecteur attentif s’attend donc à ce qu’elle soit l’amante de Swann annoncée par le titre (ce que sait déjà le lecteur de « Combray », puisque la scandaleuse Mme Swann s’appelle Odette. Elle est présentée de façon paradoxale puisqu’elle possède une particule, ce qui la relie aux plus hautes sphères de la société (la noblesse), mais le 2nd paragraphe par une gradation descendante passe de l’euphémisme « une personne presque du demi-monde » à l’appellation insultante de « cocotte ». Odette est donc une courtisane, et en cela Proust reprend un topos de la littérature du XIXème siècle (Marion Delorme de Hugo, Splendeurs et misères des courtisanes de Balzac, La Dame aux camélias de Balzac, Nana de Zola) Le charisme de ce personnage est aussi souligné par la tournure « Ils étaient presque uniquement réduits », où le modalisateur presque traduit le fait qu’Odette capte toute l’attention
- Les autres personnages, à part M et Mme Cottard, les autres membres de ce salon ne sont pas nommés, comme nous le verrons dans la seconde partie, ils n’ont ici qu’un rôle de faire-valoir
Nous avons donc bien un incipit traditionnel de par la mise en place d’un cadre spatio-temporel précis et des personnages principaux. Mais cet incipit a une autre fonction, essentielle dans l’ensemble de l’œuvre, celle de la satire sociale.
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