Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley
Fiche de lecture : Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar zabpay • 11 Janvier 2023 • Fiche de lecture • 1 610 Mots (7 Pages) • 368 Vues
Présentation de l’œuvre :
Frankenstein ou le Prométhée moderne est un roman de Mary Shelley paru en 1818 et mêlant romantisme, tragédie classique, gothique et science-fiction.
Lors d'une tentative d'exploration polaire par Robert Walton, un certain Victor Frankenstein est recueilli par l’explorateur sur la banquise. Ils nouent très vite une amitié, et le mystérieux Frankenstein lui narre les tourments que lui a fait endurer le monstre qu’il a lui-même créé.
J’ai choisi cette œuvre :
Parce que, en tant que passionné d’histoire et de science, j’ai vraiment eu l’impression dans ce roman d’être immergé dans une époque charnière pour le progrès scientifique :
Préface de 1831 : « Ils s’entretinrent des expériences du Dr Darwin. (…) Peut-être parviendrait-on un jour à ranimer un cadavre. Le galvanisme portait à y croire »
Dans cet extrait, Mary Shelley fait référence aux travaux du docteur Erasmus Darwin, grand-père de Charles Darwin, qui amorce les réflexions sur l’origine de la vie et son évolution, et aux travaux des galvanistes, qui étudiaient la contraction des muscles stimulés par un courant électrique. On y retrouve toute l’incertitude que provoquaient ces découvertes, sur ce qu’elles permettraient dans l’avenir. Surtout, se pose la question à l’origine même du roman : « Parviendra-on à redonner vie à un cadavre ? »
Ce roman mélange les genres :
On y retrouve du romantisme :
Chapitre 10 : « La mer, ou plutôt le large fleuve de glace, serpentait entre les montagnes dont les cimes aériennes surplombaient les criques. Leurs pics glacés et étincelants scintillaient dans le soleil au-dessus des nuages. La joie transporta mon cœur, triste un instant auparavant. »
La joie et la tristesse sont associées à des paysages montagneux, inaccessibles. Ce lyrisme de la nature est typique du romantisme. La nature, ici les Alpes, provoque chez l’homme un sentiment d’émerveillement.
On y retrouve aussi la tragédie classique :
Lettre 4 : « Je vous remercie, dit-il, de votre prévenance, mais elle est inutile ; ma destinée est presque accomplie (…) rien ne saurait modifier mon sort : écoutez mon histoire et vous comprendrez qu’il est tracé de façon irrévocable. »
Tel Prométhée, d’où le titre du roman, condamné par Zeus pour avoir donné le feu aux hommes, Victor Frankenstein est puni pour son arrogance et pour avoir créé la vie. Pour corriger son erreur, il n’a plus qu’un seul but, détruire sa créature. Tel un héros tragique, il est forcé d’accomplir son destin « irrévocable », tuer sa créature ou être tué par celle-ci, et il sait que, dans tous les cas, la seule issue est la mort.
Mais Victor Frankenstein n’est pas le seul héros tragique :
Walton (suite) : « Il y a quelques années, quand les images qu’offre ce monde m’apparurent pour la première fois, quand je sentis la chaleur réconfortante de l’été, que j’entendis le bruissement des feuilles et pépiement des oiseaux et que cela était tout pour moi, j’aurais pleuré à l’idée de mourir ; aujourd’hui, je vois là ma seule consolation. Souillé par mes crimes, et déchiré par un remord amer, où pourrais-je trouver le repos sinon dans la mort. »
Le monstre de Frankenstein n’est pas foncièrement mauvais, il est même par nature plutôt bon, mais son apparence immonde lui vaut le rejet des hommes, et cette frustration le pousse aux pires crimes, ce qui le dégoute de lui-même. Toutes ses tentatives pour s’attirer les faveurs des hommes échouant, son apparence monstrueuse le condamnant au désespoir et au vice, tout comme le destin condamne le héros tragique, sa seule consolation est la mort.
On y retrouve enfin l’horreur gothique :
Chapitre 5 : « Ce fut par une lugubre nuit de novembre que je contemplais l’accomplissement de mon œuvre. Je rassemblais autour de moi, avec une anxiété proche de l’agonie, les instruments de vie afin d’en infuser une étincelle à la chose inerte qui reposait à mes pieds. (…) je vis s’ouvrir l’œil jaune et terne de la créature : elle respirait avec peine et un mouvement convulsif agitait son corps. Comment pourrais-je décrire mes émotions devant cette catastrophe, devant le malheureux que je m’étais employé à former … »
Dans cette scène horrifique, se déroulant de nuit, nous est décrite l’effrayante naissance du monstre de Frankenstein. On y retrouve l’horreur typiquement gothique, mais la magie est remplacée par l’électricité.
De plus, on y retrouve la science-fiction, un genre dont je suis passionné :
Préface de 1817 : « Le Dr Darwin et quelques physiologistes allemands ont donné à entendre que le fait sur lequel se fonde cette fiction ne relève nullement de l’impossible. (…) Il s’est imposé à moi par la nouveauté des situations qu’il autorise, et bien que constituant une impossibilité sur le plan physique, il permet à l’imagination de cerner les passions humaines de manière plus complète et plus riche qu’un enchaînement de faits réels. »
La créature de Frankenstein n’est pas magique, mais elle fait appel aux connaissances de l’époque, avec par exemple les travaux du Docteur Darwin. Mary Shelley extrapole à partir des avancées scientifiques.
Mes attentes :
Avant d’avoir lu ce roman, ma vision de Frankenstein s’était construite à partir des nombreuses adaptations, notamment cinématographiques. Or, ces adaptations, si elles reprennent de nombreux aspects du roman, diffèrent tout de même beaucoup de ce dernier. J’ai donc découvert une histoire très différente de mes attentes, dans laquelle la créature est douée de parole et d’une capacité de réflexion très poussée, qu’elle démontre lors de ses discussions avec son créateur. Les personnages voyagent beaucoup, entre les rives du Rhin, le contour du lac Léman ou les Orcades écossaises, et le moyen utilisé par Victor pour donner vie à son monstre est peu précis dans le roman, il est simplement fait mention d’« instruments » et d’une « étincelle de vie ».
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