Fiche lecture Rhinocéros
Fiche de lecture : Fiche lecture Rhinocéros. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Benoit Delecourt • 25 Octobre 2015 • Fiche de lecture • 1 515 Mots (7 Pages) • 18 239 Vues
Fiche de lecture
→ Rhinocéros, Ionesco
Biographie de Ionesco
- Eugène Ionesco est né en novembre 1909 en Roumanie (son père était roumain et sa mère française).
- Ses parents s’installent en France peu après sa naissance. En 1925, c’est le retour en Roumanie jusqu’en 1938, année où Ionesco revient en France été « ni finie ni commencée ».
- La Cantatrice chauve, première pièce (ou plutôt « anti-pièce ») de Ionesco, est créée en 1950. Le succès n’est pas immédiat. En 1951, Ionesco écrit La Leçon, suivie des Chaises l’année suivante. À partir de 1960, Ionesco, avec Rhinocéros, connaît le succès.
- En 1970, il est élu à l’Académie française.
- Il meurt en mars 1994 à Paris.
L’œuvre
- Date de parution : 1959. Première représentation le 6 novembre 1959 au Schauspielhaus de Düsseldorf.
- Genre littéraire : théâtre de l’absurde
- Contexte personnel : Ionesco a connu dans les années 1930 en Roumanie la montée en puissance des fascistes de la Garde de fer et a alors tout fait pour échapper à un embrigadement qui transformait ses plus proches amis en monstres méconnaissables. Il présente ainsi le propos de sa pièce dans la revue des Arts en janvier 1961 : « Je dois dire que le propos de la pièce a bien été de décrire le processus de la nazification d’un pays ainsi que le désarroi de celui qui, naturellement allergique à la contagion, assiste à la métamorphose mentale de sa collectivité. Originalement, la « rhinocérité » était bien le nazisme ».
- Contexte historique : Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, artistes et intellectuels se trouvent face à un double sentiment. D’un côté, celui d’une déréliction généralisée (Etat de l’homme qui se sent abandonné, isolé, privé de tout secours divin), d’un effondrement total des valeurs humanistes sur lesquelles les sociétés occidentales se pensaient déjà fondées, et que le premier conflit mondial avait déjà sérieusement ébranlées vingt ans auparavant. Auschwitz et Hiroshima viennent de montrer qu’on peut toujours repousser les limites de l’horreur. D’un autre côté, la victoire des forces alliées sur le nazisme semble ouvrir une période de renouveau. Un formidable élan intellectuel accompagne la libération des ténèbres culturelles où l’Occupation avait plongé la France. Ce climat impose un double défi : se réapproprier un destin commun en surmontant le traumatisme collectif, et sauver la culture de la débâcle pour lui donner une place éminente dans la reconstruction morale, politique et critique.
Bref résumé de l’intrigue
- Dans une ville, ou plutôt un village quelconque, les habitants vont se retrouver confrontés à l'apparition étrange de rhinocéros. D'abord, seul un spécimen est repéré, et beaucoup ne croit pas à son existence et pensent à des hallucinations. Mais les créatures se répandent, et les gens se rendent alors comptent que ces rhinocéros sont en fait des humains qui ont subit une transformation due à une maladie nouvelle, la « rhinocérite ». La métamorphose est imputée non pas entièrement à cette maladie mais à la volonté des transformés, qui ont en fait choisit ce nouvel état et n'ont pas sut résister au pouvoir d'attraction qu'exerce la meute grandissante des pachydermes. Finalement, seul être humain face aux rhinocéros qui barrissent autour de sa maison, Béranger choisit la lutte et la pièce finit sur son monologue, quand il se saisit d'une carabine et dit «Je ne capitule pas ! » après en avoir débattu avec lui même.
Structure et intrigue
- Rhinocéros est une pièce de théâtre en trois actes et 4 tableaux. Ecrite, en prose, Rhinocéros dépeint une épidémie imaginaire de « rhinocérite », maladie qui effraie tous les habitants d'une ville et les transforme bientôt tous en rhinocéros.
- Le premier lieu, la place publique où plusieurs villageois sont présents, symbolise l’endroit où l’opinion publique s’exprime. Cette dernière est bouleversée par la présence de rhinocéros qui apparaît ici, comme un scandale.
Etude thématique
La rhinocérite est une forme de métaphore sur le nazisme. Les gens se transforment en rhinocéros parce qu’ils sont conformistes, ils suivent la masse, et n’écoutent pas leur bon sens, leur raison.
Que représente le rhinocéros ? C’est un animal borné, il a une carapace, c’est une bestiole qui incarne la vitesse malgré son poids massif, c’est une force aveugle qui charge tête baissée, obstinée, agressive et violente.
Les thèmes principaux de l’œuvre sont la montée progressive des rhinocéros dans le village. On retrouve donc le thème de la métamorphose mais aussi ceux de l’amitié, de l’amour.
- Pour le thème de la métamorphose, il est surtout représenté dans l’Acte II, dans le tableau 2, où le spectateur assiste à la transformation progressive de Jean en rhinocéros. Dans ce passage, les didascalies avertissent ce changement : « Jean encore plus vert », « voix méconnaissable », « barrit presque ».
- Pour le thème de l’amitié, il est représenté à l’Acte I, où l’on voit les relations bien qu’ambigües, entre Jean et Béranger. Dans l’Acte II, tableau 2, Béranger appelle Jean « mon chez ami » etc...
- Pour le thème de l’amour, il est représenté à la fin de l’Acte III, lorsque Daisy et Béranger se retrouvent seuls chez Béranger. Les deux protagonistes parlent alors d’avenir, de mariages…
Mais rhinocéros n’est pas seulement une pièce de théâtre représentant un village devenant rhinocéros, c’est un prétexte pour Ionesco de dénoncer la montée du nazisme, le totalitarisme et l’endoctrinement qui agit souvent comme une véritable épidémie. Nous retrouvons donc de nouveaux thèmes comme :
- Les régimes totalitaires : Ionesco dénonce l'ensemble des régimes totalitaires, véritable fléau incarné ici par la rhinocérite, et l'attitude passive des gens face à la domination.
- La collaboration : la pièce fait plus particulièrement allusion à la montée du nazisme, et à l'attitude des français qui furent beaucoup à collaborer par peur de l'ennemi pendant la Seconde Guerre mondiale.
- Le conditionnement de l'homme : dans la pièce, tous les personnages, à l'exception de Bérenger, finissent par adhérer à la totalité, à l'uniformité. L'homme a tendance à rester passif, oubliant de remettre en question le système dans lequel il est happé.
Etude des personnages
- Bérenger : c’est le personnage, se laisse aller, il paraît faible et naïf. Il est défaitiste. S’il est le seul à ne pas se transformer en rhinocéros, c’est parce qu’il a son bon sens, il n’est pas conformiste comme tous ceux qui l’entourent. principal. Il boit
- Jean : l’ami de Bérenger. Pourtant, ils ne se ressemblent pas du tout. Jean est très conformiste, égocentrique, il refuse d’écouter et des comprendre les autres, il se vexe très facilement.
- Botard : collègue de Bérenger. Il a des idées fixes. C’est un ancien instituteur, il symbolise donc un certain type de savoir, il incarne l’école publique, laïque et obligatoire. Il confond méthode et vérité, il fonctionne par association d’idées. Il est donneur de leçons.
- Dudard : collègue de Bérenger. Symbolise le savoir universitaire. Lui et le logicien (qui apparaît acte I) sont deux images catastrophiques des intellectuels. Botard et Dudard : la terminaison «-ard» est péjorative.
- Daisy : elle est secrétaire là où travaille Bérenger. Il est amoureux d’elle.
- M. Papillon : c’est le supérieur de Bérenger.
Mouvement littéraire : L’absurde
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