Fiche de lecture Stendhal

Fiche de lecture : Le Rouge et le Noir, de Stendhal.

Titre : Le Rouge et le Noir (sous-titré « Chronique du XIXème siècle »)

Auteur : Stendhal (Henri Beyle)

Date de parution : Première parution en 1830

I Contexte de l’oeuvre :

a)Contexte historique et politique :

        Le roman est paru en 1830 et bien qu’il n’existe pas de dates précises et officielles, on sait que Stendhal l’a écrit très peu de temps avant (en 1829).  Il se trouve alors à Paris. Le roman a donc été écrit dans le contexte de la restauration monarchique. C’est en France une période difficile propice à la pensée de personnages tantôt nuancés comme le maire de Verrières , inconfortablement situé entre son statut social bourgeois et son anti-jacobinisme pro ancien régime, tantôt caractéristiques comme Julien Sorel, admirateur absolu de Napoléon, ambitieux, séducteur et manipulateur. On pourrait imaginer de toute la myriade de personnages que propose l’oeuvre qu’ils sont véritablement tirés de cette époque (par ailleurs, le héros, Julien Sorel, pourrait bien être tiré directement de l’ « Affaire Berthet », fait divers polémique dans lequel un paysan devient un séminariste et s’élève socialement  avant d’intenter à la vie d’une noble). Le roman porte sur la société un regard (bien qu’il soit difficile à qualifier parce que pas exactement critique ni admiratif) et se veut selon Stendhal lui-même « un reflet » de celle ci.

b)Contexte littéraire         

        En France, c’est le romantisme qui marque de son empreinte le XIXème siècle (en particulier le début de celui-ci durant lequel le roman de Stendhal parut). Cependant, dès 1830, le réalisme semble se placer sur le devant de la scène et c’est Stendhal qui présente  Le Rouge et le Noir  en 1830 qui initiera le mouvement. En effet, si le roman a une dimension psychologique initiatique (il est par ailleurs qualifiable de roman d’apprentissage), il revêt  également un aspect social et politique. Le roman dit les barrières qui divisent la France alors : d’abord celle qui sépare les provinciaux des parisiens, que Julien exprime à lui tout seul puisque malgré son intelligence il ne parvient pas à faire l’unanimité en société. Ensuite, la barrière de l’opinion politique : dans un contexte historique pour le moins polarisé, les personnages sont parfois dans des positions délicates en société vis à vis de leurs vraies pensées (exemple extrêmement typique et flagrant : Julien se débarrasse d’un tableau de Napoléon pour ne pas que Mme de Rênal, son amante, ne le voie). Enfin, au cours du séminaire de Julien, le roman montre la barrière qui existe au sein de l’église entre les jansénistes comme l’abbé Pirard et les jésuites plus traditionnels, comme l’abbé Castanède,  qui feront démissionner l’abbé Pirard par des manœuvres politiques internes à l’église.

c) Contexte personnel de l’auteur

         Le Rouge et le Noir se posant comme un roman d’initiation et un roman psychologique, il est essentiel de comprendre le contexte personnel dans lequel l’auteur a écrit le roman  pour  en comprendre pleinement la teneur. Stendhal a écrit ce roman en 1829, période dans laquelle il se trouvait à Paris (celui-ci avait alors passé quelques années en Italie, entre 1814 et 1821) et durant laquelle il connut un « rythme de croisière artisitique» : il fréquente les salons de la haute société (notamment La Fayette, Madame Ancelot) dans laquelle il a un certain succès. Il se passionne pour l’opéra et se lie d’amitié à Giuditta Pasta (cantatrice italienne). Il publie De l’amour en 1822, Vie de Rossini en 1823, Armance en 1827, Promenades dans Rome en 1929 et devient devient un journaliste très prolifique de 1824 à 1827. Ce retour à Paris marquera également le début d’une ère de succès pour Stendhal avec les femmes : les relations éphémères et les amours passionnées se succèdent. Son roman Le Rouge et le Noir semble donc constituer un aboutissement de cette courte période à Paris (il repartira à nouveau pour l’Italie en 1830, alors même que Le Rouge et le Noir est publié). En effet, celui-ci est souvent cité comme ce que Stendhal a écrit de mieux mais aussi de plus complexe et fini : son expérience des femmes (bien que ses véritables amours, Métilde et Angela appartiennent à une période de sa vie antérieure), de la bonne société, et de lui même se ressentent toutes trois chez le héros. Julien est comme Stendhal sur bien des aspects : tous deux orphelins de mère, haïssant leurs pères respectifs, l’admiration à l’égard de Napoléon, le regard âpre porté sur la nouvelle bourgeoisie et surtout le même schéma du provincial qui arrive à Paris et fait la connaissance de la luxure et du faste de la haute société. Comme de nombreux romans d’initiation, le personnage principal semble être directement inspiré de l’auteur lui-même, tout en s’inscrivant dans le cadre historique et littéraire dans lequel l’oeuvre fut écrite.

II Genre et caractéristiques de l’oeuvre :

a) Un roman politique réaliste

        Le Rouge et le Noir est un roman réaliste dont le contexte spatio-temporel se situe vers 1830 en France. Stendhal a respecté ce contexte sans pour autant tomber dans le « piège facile » de créer des personnages entièrement essentialisés par leurs classes sociales ou politiques : les personnages du roman sont presque tous nuancés (et ceux qui le sont le moins sont les moins au devant de l’histoire du roman). Mr de Rênal n’est pas seulement un pro ancien-régime bourgeois, l’abbé Pirard n’est pas seulement un janséniste et surtout Julien Sorel n’est certainement pas seulement un paysan napoléoniste.

b) Un roman psychologique

        En créant des personnages nuancés et complexes, Stendhal se pose comme un fin psychologue (Nietzsche dit d’ailleurs de lui qu’il est le dernier grand psychologue français). Julien (personnage complexe auquel une partie entière de la fiche de lecture sera consacrée) est torturé entre son ambition et son romantisme, Louise est tiraillée entre sa passion pour Julien et sa vertu (qui n’est pas seulement apparente et conditionnée par sa bourgeoisie comme le montre le début du roman durant lequel elle se questionne profondément sur le caractère moral de sa relation) , Mathilde est partagée entre sa passion véritable pour Julien et son caprice  bourgeois de vouloir une amourette superficielle avec un fils de paysan.

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