Eugène Fromentin, Dominique ou Le Bourgeois Romantique.
Commentaire de texte : Eugène Fromentin, Dominique ou Le Bourgeois Romantique.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar BONP1142 • 13 Mars 2022 • Commentaire de texte • 976 Mots (4 Pages) • 527 Vues
Clara Bonpunt 1G6
COMMENTAIRE DE TEXTE
Madeleine, j'en étais certain, ne pouvait ressentir aucun intérêt pour un étranger que le hasard avait jeté dans sa vie comme un accident. Cette citation provient de l’unique roman autobiographique d’Eugène Fromentin, Dominique ou Le Bourgeois Romantique. Le roman a été écrit en 1863 et s’inscrit dans la fin du romantisme, qui se caractérise par la dominance de la sensibilité, de l’émotion et de l’imagination sur la raison et la morale. Le mouvement s’applique aussi bien à la peinture qu’à la littérature, l’auteur peut donc exprimer son romantisme dans les deux. Dans le roman, Dominique narre l’histoire de son amour compromis malgré qu’il soit partagé au lecteur. Cet extrait est tiré d’un des derniers chapitres, dans lequel les deux amants se séparent et à partir duquel Madeleine disparaît du récit.
Comment cette scène de rupture rappelle-t-elle une tragédie racinienne ?
Dans un premier temps, nous observerons la relation qu’a Madeleine, une honnête femme, avec l’amour, puis nous relèverons en quoi cette scène est une tragédie romanesque des dangers de la passion.
Certes le roman appartient au romantisme, or il se situe tout de même à la fin de ce mouvement, c’est pourquoi la vertu prend le dessus dans l’histoire. Madeleine D’Orsel est déjà mariée, et en tant qu’honnête femme, elle se devra de renoncer à l’adultère car ce serait égal à la mort, qui plus tôt l’a touché de près, notons la formule hyperbolique (l. 2), et cet évènement l’a changé ainsi que le cours de son existence. Ce renoncement qui lui apportera la rédemption, comme c’est écrit ligne 25. La vertu la raffermit grâce à un miracle, nom commun qui entraîne un vocabulaire mystique voire religieux. L’aveu de Madeleine lui paraît défendu (l.24), nouvelle notion religieuse, mais nécessaire car l’antithèse ligne 23 prouve que l’amour d’aujourd’hui n’a plus d’espoir, la vertu prend le dessus.
Par ailleurs, l’amour a beau ne plus avoir d’espoir, Madeleine se trouve tout de même amenée à argumenter sur les raisons de sa séparation, bien qu’elles soient ici évidentes pour les deux amants. Madeleine n’a pas le temps de respecter les conventions, son aveu est urgent. Après une entrée brusque remplie d’audace, la fille s’adresse de façon directive à de son père, à qui elle ne cache son besoin d’avoir une conversation avec son ami intime, ce qui n’est pas commun comme échange entre père et fille. Madeleine garde un ton sec lors de son échange avec son amant, qu’elle commence avec une proposition simple qui peut être assimilée comme injonctive (l.6).
Non seulement Madeleine est abrupte dans cette scène, mais l’auteur amplifie implicitement le contraste de caractère entre les deux personnages. Dominique semble soumit, il n’a le droit qu’à une unique parole dans laquelle il acquiesce (l.8) et celle-ci n’a point d’incidence sur le comportement de Madeleine. Il est simple car l’auteur, qui initialement est un peintre, nous peint la scène. Nous visualisons chaque fait et gestes des protagonistes, ce qui permet au lecteur de vivre la scène. Après avoir été debout, Dominique se retrouve à genoux, suppliant Madeleine comme si c’était une déesse. Son amour pour Madeleine lui a fait perdre sa vertu, et il en est conscient, il l’exprime ligne 26 avec une double négation. La narration de son désespoir amoureux se termine par une gradation ascendante (l.28) qui implique la disparition de Madeleine.
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