En quoi l’ouvrage Les Caractères est-il une dénonciation de la société du spectacle, par laquelle tout le monde joue un rôle pour duper autrui, et des vices humains ?
Dissertation : En quoi l’ouvrage Les Caractères est-il une dénonciation de la société du spectacle, par laquelle tout le monde joue un rôle pour duper autrui, et des vices humains ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lassstar • 9 Octobre 2022 • Dissertation • 1 372 Mots (6 Pages) • 2 824 Vues
En quoi l’ouvrage Les Caractères est-il une dénonciation de la société du spectacle, par laquelle tout le monde joue un rôle pour duper autrui, et des vices humains ?
Vous répondrez à cette question dans un développement structuré. Votre travail prendra appui sur Les Caractères de La Bruyère, sur les textes et documents que vous avez étudiés en classe dans le cadre du parcours associé à cette œuvre, et sur votre culture personnelle.
► Type de plan attendu : un plan thématique.
► Connaissances attendues : le sujet requiert une analyse précise des termes « dénonciation », « société du spectacle » et « vices ».
► Introduction : partir de la citation d’Érasme en exergue des Caractères : « Admonere voluimus, non mordere ; prodesse, non laedere ; consulere moribus hominum, non officere » (notre intention a été d’avertir, non de mordre ; d’être utile, non de blesser ; de faire du bien aux mœurs, non du tort aux hommes). La développer à partir de l’exemple d’un ou deux personnages fortement ridicules : Giton, Nicandre, Arrias… afin de montrer le caractère artificiel et faux de ces types de personnages.
► PROPOSITION DE PLAN DETAILLÉ
I. Une remise en cause de la société du spectacle : instruire en dénonçant la comédie sociale
1. Le monde des Caractères, un monde du spectacle dénoncé par La Bruyère
• Nombreux portraits de spectateurs curieux (texte 10)
• Nombreuses références aux spectacles de la cour :
– les fêtes : mises en scènes des fêtes à Versailles (IX, 4),
– les pièces de théâtre, avec Molière (« Qui croirait que l’empressement pour les spectacles, que les éclats et les applaudissements aux théâtres de Molière et d’Arlequin, les repas, la chasse, les ballets, les carrousels couvrissent tant d’inquiétudes, de soins et de divers intérêts, tant de craintes et d’espérances, des passions si vives et des affaires si sérieuses ? », textes 12)
• La cour : un spectacle joué par le roi et les courtisans (VIII, 71, 74)
• Voir et être vu, les deux règles de vie du courtisan :
– polyptote de « voir » (VIII, 4)
– satire de Cimon et Clitandre, « leur profession est de voir et d’être vu » (VIII, 19)
• Théodote entrant en scène (texte 6)
2. Un monde dans lequel hommes et femmes avancent masqués
• L’omniprésence du topos du masque
– description de « l’homme qui sait sa cour » (VIII, 2)
– portrait de Ménophile : « Ménophile emprunte ses mœurs d’une profession, et d’une autre son habit ; il masque toute l’année, quoique à visage découvert, il paraît à la cour, à la ville, ailleurs, toujours sous un certain nom et sous le même déguisement. On le reconnaît et on sait quel il est à son visage » (textes 11)
• La cour comme une dystopie aux hommes emperruqués et aux femmes fardées : « L’on parle d’une région… » (VIII, 74)
• L’évocation des maquillages et fards (VIII, 74 ; IX, 48)
3. Les hommes, des comédiens pour tromper les autres ?
• Le veuf épouseur (texte 2)
• Le courtisan endosse un rôle, qui le transforme en comédien, voire en pantin :
– « Il n’y a rien qui enlaidisse certains courtisans comme la présence du prince ; à peine les puis-je reconnaître à leurs visages ; leurs traits sont altérés, et leur contenance est avilie… » (textes 11)
– « Théodote avec un habit austère a un visage comique, et d’un homme qui entre sur la scène ; sa voix, sa démarche, son geste, son attitude accompagnent son visage. » (texte 6)
– portrait de Pamphile : « aussi les Pamphiles sont-ils toujours comme sur un théâtre » (texte 5)
• La métaphore simiesque : les nobles « singes de la royauté » (VIII, 12)
4. Du theatrum mundi au spectacle du monde
• Un thème antique que l’on retrouve dans tout le XVIIe siècle : « Dans cent ans le monde subsistera dans son entier : ce sera le même théâtre et les mêmes décorations, ce ne seront plus les mêmes acteurs. » (texte 9)
Cette thématique rend compte du spectacle de la vie sociale.
• Dans « Des grands », La Bruyère associe les grands à des « figures de carton qui servent de montre à une fête publique » (IX, 32).
• Portraits des personnages qui entrent en scène devant les autres : Giton (texte 3), Arrias (texte 4), Nicandre (texte 2).
II. Les Caractères, une instruction morale du lecteur sur les défauts humains
1. Une instruction sur les vices des contemporains : la vanité
• L’œuvre met en scène une galerie de personnages vaniteux afin de les désigner comme tels pour que le lecteur les reconnaisse à leur ridicule et puisse s’en corriger :
– Arrias, qui « a tout lu, a tout vu » (texte 4)
– Nicandre (texte 2)
– Giton (texte 3)
– « Être infatué de soi, et s’être fortement persuadé qu’on a beaucoup d’esprit, est un accident qui n’arrive guère qu’à celui qui n’en a point, ou qui en a peu » (V, 11)
– Théodecte (V, 12)
• L’énumération des signes par lesquels les grands se distinguent les place finalement à nu, ils ne sont qu’apparence :
– « L’avantage des grands sur les autres hommes est immense par un endroit : je leur cède leur bonne chère, leurs riches ameublements, leurs chiens, leurs chevaux, leurs singes, leurs nains, leurs fous et leurs flatteurs… » (IX, 3)
– « Des grands » (IX, 4) développe le même thème, et par antithèse montre ce que devrait être une attitude véritable de grand, respectable, « honnête ».
2. Une instruction sur les vices des contemporains : la vacuité du courtisan
– Exemple de Théodote (texte 6)
– Le courtisan, comédien protéiforme (textes 11)
– « L’on s’accoutume difficilement à une vie qui se passe dans une antichambre, dans des cours, ou sur l’escalier » (VIII, 7)
– « Les cours ne sauraient se passer d’une certaine espèce de courtisans, hommes flatteurs, complaisants, insinuants, dévoués aux femmes, dont ils ménagent les plaisirs, étudient les faibles et flattent toutes les passions… » (VIII, 18)
– « Ne croirait-on pas de Cimon et de Clitandre qu’ils sont seuls chargés des détails de tout l’État, et que seuls aussi ils en doivent répondre ? » (VIII, 19)
– « Les roues, les ressorts, les mouvements sont cachés ; rien ne paraît d’une montre que son aiguille, qui insensiblement s’avance et achève son tour : image du courtisan, d’autant plus parfaite qu’après avoir fait assez de chemin, il revient souvent au même point d’où il est parti » (VIII, 65)
3. Une instruction sur les vices des contemporains : la cruauté des grands
• Un portrait opposé à l’image de l’honnête homme : Pamphile (texte 5)
• Parallèle de La Bruyère entre le peuple et les grands, et préférence pour le peuple, dont il préfère faire partie, parce que les grands sont vaniteux et indifférents aux sorts des autres hommes (texte 1)
• Quelques citations qui montrent l’égoïsme des grands :
– Les grands ne se soucient pas des besoins des autres hommes : « Les grands se piquent d’ouvrir une allée dans une forêt, de soutenir des terres par de longues murailles, de dorer des plafonds, de faire venir dix pouces d’eau, de meubler une orangerie : mais de rendre un cœur content, de combler une âme de joie, de prévenir d’extrêmes besoin ou d’y remédier, leur curiosité ne s’étend point jusque-là. » (IX, 4)
– « Les grands sont odieux aux petits par le mal qu’ils leur font, et par tout le bien qu’ils ne leur font pas » (IX, 22)
Conclusion
• Résumé des deux parties
• Ouvertures possibles :
– sur la comédie moliéresque qui critique le ridicule des hommes
– ou bien sur Les Liaisons dangereuses de Laclos (œuvre proposée en lecture cursive), dont la préface invite à une lecture édificatrice de l’œuvre : « c’est rendre un service aux mœurs, que de dévoiler les moyens qu’emploient ceux qui en ont de mauvaises pour corrompre ceux qui en ont de bonnes, & je crois que ces lettres pourront concourir efficacement à ce but. »
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