En quoi le valet de comédie exprime-t-il une revanche sociale sur l’ordre établi ? Quelles sont ses principales caractéristiques dans le cadre de l’Antiquité au XVIII° siècle ?
Cours : En quoi le valet de comédie exprime-t-il une revanche sociale sur l’ordre établi ? Quelles sont ses principales caractéristiques dans le cadre de l’Antiquité au XVIII° siècle ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Xsmorg • 3 Avril 2020 • Cours • 12 487 Mots (50 Pages) • 707 Vues
PARCOURS : LA COMÉDIE DU VALET
Problématiques : En quoi le valet de comédie exprime-t-il une revanche sociale sur l’ordre établi ? Quelles sont ses principales caractéristiques dans le cadre de l’Antiquité au XVIII° siècle ?
Textes :
- Plaute, Mostellaria : La Comédie du fantôme, extrait, env. 205 avant J.C.
- Térence, Les Adelphes, extrait, env. 160 avant J.C.
- Plaute, Asinaria, extrait, environ 212 avant J.C.
- Querolus, III, 1, « Monologue de Pantomalus », IV° ou V° siècle ap. J.C.
- Scarron, Jodelet ou le Maître valet, II, 14, extrait, vers 631-650, 1645.
- Molière, Le Tartuffe ou l’Imposteur, III, 2, 1669.
- Molière, Les Fourberies de Scapin, I, 1, 1671.
- Marivaux, L’Île des esclaves, scène 2, extrait, « Tirade de Trivelin », 1725.
- Beaumarchais, Le Barbier de Séville, I, 1 et 2, 1775.
1-Plaute, Mostellaria : La Comédie du fantôme, extrait, env. 205 avant J.C.
Quand le chat n’est pas là, les souris dansent : pendant que le vieux Théopropidès est en voyage, son fils Philolachès et son ami Callidamate mènent joyeuse vie avec les courtisanes Philomatie et Delphie. Le quatuor est en train de dîner en plein air devant la maison (Callidamate étant déjà complètement ivre), quand l’esclave Tranion arrive en courant : sur le port, il vient d’apercevoir le vieux [père de Philolachès].
Tranion : Philolachès ! Ton père est de retour ! Nous sommes perdus…
Philolachès : Mon père ! Tu l’as vu ?
Tranion : De mes yeux.
Philolachès : Si tu dis vrai, je suis mort !
Tranion : Pour l’instant, fais donc enlever tout cela ! Mais qui est-ce qui dort là ?
Philolachès : C’est Callidamate.
Tranion : Delphie, réveille-le !
Delphie : Callidamate, Callidamate, réveille-toi ! Le père de Philolachès est de retour !
Callidamate : Eh bien… hic ! à la santé du vieux !
Philolachès : Oh, il va bien, lui, mais moi, je suis mort. Allez, lève-toi, vite ! On te dit que mon père arrive !
Callidamate : Ton père… hic ! arrive ? Eh bien dis-lui de repartir !
Tranion (montrant Callidamate) : C’est pas vrai ! Voilà qu’il se rendort ! Réveillez-le !
Philolachès : Mais réveille-toi donc ! Mon père va être ici d’une minute à l’autre.
Callidamate : Ton père ? Attends un peu que je prenne les armes ! Je vais le tuer, moi, ton père !
Philolachès : Tais-toi, je t’en supplie ! Tu vas nous perdre tous. (Aux esclaves) Vite, prenez-le dans vos bras et emportez-le !
Callidamate : Donnez-moi un pot de chambre, sinon c’est vous qui m’en tiendrez lieu ! (On l’emporte).
Philolachès : Je suis perdu.
Tranion : Reprends courage ! Je me charge d’arranger la situation.
Philolachès : Je suis anéanti.
Tranion : Silence ! Je crois que j’ai une idée. Seras-tu content, si ton père, quand il arrivera, au lieu d’entrer dans cette maison, s’enfuit à toutes jambes ? Tout ce que je te demande, c’est de faire emporter au plus vite tout cet attirail.
Philolachès : Et moi, où serai-je ?
Tranion : Où tu le souhaites le plus : avec ta petite amie. Et pas loin d’ici : tout simplement dans la maison !
Philolachès : Pauvre de moi ! Voilà bien des belles paroles, mais quel en sera le résultat ? J’ai tellement peur que je ruisselle !
Tranion : Peux-tu reprendre ton calme et m’obéir
Philolachès : Je vais essayer.
Tranion : Avant tout, vous, les filles, rentrez dans la maison !
Delphie : Nous sommes toutes les deux à tes ordres.
Tranion : Quant à toi, mon maître, tu fermeras bien la porte à clef, et tu veilleras à ce que personne, à l’intérieur, ne fasse le moindre bruit – comme s’il n’y avait âme qui vive. Et surtout que personne ne réponde quand ton père frappera à la porte ! Je me charge du reste.
Philolachès : Tranion, je me mets sous ta garde avec toutes mes espérances (il entre à son tour dans la maison).
Tranion (resté seul). Tout le monde peut commettre des fautes. Mais là où l’on reconnaît l’homme intelligent, c’est quand il s’agit de réparer les erreurs et d’éviter les catastrophes. C’est là justement ce que je compte faire : l’orage menace, mais il va se dissiper, et ne nous fera aucun mal.
2-Térence, Les Adelphes, extrait, env. 160 avant J.C.
Ctésiphon est le fils du vieux Déméa, type même du « père-la-morale », partisan de l’éducation par le travail et de la vie saine à la campagne. Le jeune homme est précisément censé être aux champs, où son père est parti le rejoindre. En réalité, il est à leur maison de ville, où se trouve aussi la courtisane Bacchis, et il s’apprête à prendre du bon temps avec la jeune femme… mais il interroge d’abord l’esclave Syrus.
Ctésiphon : Tu dis que mon père n’est plus ici, qu’il est parti à la maison de campagne ?
Syrus : Il y a déjà longtemps.
Ctépsiphon : Tu en es sûr ?
Syrus : Oui ! il est à la propriété : je suis persuadé qu’en ce moment même il est occupé à quelque travail.
Ctésiphon : Puisses-tu dire vrai ! Sans pour autant que ça le rende malade, je voudrais qu’il y prenne tant de courbatures que de trois jours il ne puisse sortir de son lit !
Syrus : D’accord avec toi ! Et qu’il y reste, si possible, plus longtemps encore !
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