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En quoi le portrait de Gwynplaine est-il une réflexion sur l’art et le rire ? Et en quoi celui-ci permet t 'il de dire que Gwynplaine est l'archétype du personnage romantique ?

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Par   •  13 Mars 2021  •  Commentaire de texte  •  2 530 Mots (11 Pages)  •  1 406 Vues

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L'artiste doit aimer la vie et nous montrer qu'elle est belle. Sans lui, nous en douterions.

Anatole France


  C'est bien en totale contradiction que Gwynplaine, fils de Lord vivant en Angleterre, à la fin du XVIIe siècle,  enlevé par des bandits qui lui ont taillé un sourire permanent alors qu’il était enfant et qui fut recueilli par un comédien généreux, avec qui il gagne sa vie grâce à ses spectacles de rue, exerce son art. Effectivement, dans cette extrait de L'Homme qui rit (roman philosophique) , roman écrit par Victor Hugo, chef de file du romantisme au XIXème siècle , on découvre, par le biais de cette pause, Gwynplaine, un jeune homme dont  les joues ont été incisées de la bouche aux oreilles, de façon à donner l'illusion d'un sourire permanent. Mais, cependant, ce sourire forcé, comme le montre cet extrait, ne reflète en aucun point le cœur de l'artiste. Plus qu 'une simple description narrative,  l'écrivain fait de cette description une description à caractère argumentatif.

 En quoi  le portrait de Gwynplaine est-il une réflexion sur l’art et le rire ? Et en quoi celui-ci permet t 'il de dire que Gwynplaine est l'archétype  du personnage romantique ?

 Dans un premier temps, nous verrons donc le portait de Gwynlaine,  puis nous mettrons en lumière en quoi son portait interpelle à une réflexion et enfin en quoi ce portrait invite à la réflexion .

1.1Une description réaliste

Le vrai réalisme consiste à montrer les choses surprenantes que l'habitude cache sous une housse et nous empêche de voir.

Le récit réaliste est un récit qui privilégie le réel, la réalité. En accord avec cette citation, l'écrivain  use du réalisme, ici, pour faire la description de ce personnage atypique qu'est Gwynlaine. Ainsi, il souhaite montrer le réel dans sa diversité et sous ses aspects les plus ordinaires, pour donner de la crédibilité à son personnage. On remarque cela notamment par la précisions du cadre et notamment de la toponymie qui donne au lecteur un repère dans sa lecture. «L'action se déroule en Angleterre, à la fin du XVIIe siècle». De plus, il utilise un lexique spécialisé dans le visage, qui rend la situation plus claire ,ce qui donne une meilleure compréhension pour le lecteur: champ lexical du visage: bouche, nez, rire, oreilles. On remarque également qu'il utilise des comparaisons et des métaphores pour enrichir sa description. «  un hiatus pour bouche, une protubérance camuse avec deux trous qui étaient les narines». D'office, par ces nombreux procédés, l'auteur crédibilise Gwynlaine, un être incrédule qui, par sa description, porte une subjectivité sur sa personne, lui donne un côté irréel.

1.2Un portrait atypique

«l'homme est le seul animal qui ait la faculté de rire »

Effectivement, par sa description, l'écrivain nous montre un monstre. Dans les lignes 1 à 5, on découvre déjà un rapide portrait de celui-ci, qui parait alors assez atypique: «Elle lui avait donné une bouche s’ouvrant jusqu’aux oreilles». Mais, ensuite, dans les  lignes 7 à 10, puis lignes 13 à 21, cette idée est confirmée par une description plus détaillée où on découvre toute  la particularité du visage de Gwynlaine.

La conjonction de coordination « mais » dans l’interrogation « mais était-ce la nature ? » (lignes 4 et 5) introduit un doute renforcé par une deuxième interrogation « Ne l’avait-on pas aidée ? » (l.6).

On voit en ce personnage un monstre notamment par les descriptions peu organisées et les nombreuses énumérations dispersées dans tout le texte qui prennent le dessus sur la personne moral qu'il est aussi: Deux yeux pareils à des jours de souffrance, c’est en riant que Gwynplaine faisait rire. Et pourtant il ne riait pas.»

Sa monstruosité est renforcée de plus par le champ lexical de la difformité: “difforme” (l.3), “écrasement” (l.7), “distendu” (l.22), “cicatrices” (l.23)

et les nombreuses énumérations hyperboliques :“une bouche s’ouvrant jusqu’aux oreilles [...] et un visage que l’on ne pouvait regarder sans rire”

-“débridé les lèvres, dénudé les gencives [...] décloisonné les cartilages, désordonné les sourcils”.  De plus, le parallélisme du préfixe dé- montre à quel point son corps est mutilé par les nombreuses parties manquantes. Enfin, les nombreux adjectifs qualificatifs sont essentiels pour montrer ces difformités “nez informe” (l.3), “protubérance camuse” (l.6), “pour face un écrasement” (l.7) .

Un héros romantique est une personne exceptionnelle et souvent mystérieuse, habituellement dans des circonstances exceptionnelles. 

1.3personnage sacrifié

«Suffit d'un rire
Pour me retenir»Les Frangines

La description finit par montrer un personnage clownesque, sa laideur fait rire : en effet après avoir décrit le visage mutilé, l’auteur annonce l’effet que produisait Gwynplaine sur les autres

A l'aide de 3 phrases courtes dont la dernière est non verbale, l’effet est immédiat: « Gwynplaine était saltimbanque. / Il se faisait voir en public. / Pas d’effet comparable au sien » l33. –Dans ce paragraphe, l’auteur insiste sur le côté représentatif de Gwynplaine : « se faisait voir » l33, « apercevaient » l35, « on voyait » l36, « il parlait » l36.

C’est est un artiste. Le mot « bateleur » est répété deux fois (l.11). On trouve le mot « saltimbanque » (l.27), terme qui renvoie au spectacle, de même que le mot « masque » (l.20) . Gwynplaine va donc « dans les champs de foire et dans les carrefours » (l.31). Son rôle est mince tant les Comprachicos ont, si l’on ose dire, bien fait les choses : « Il se faisait voir en public. Pas d’effet comparable au sien» (l.27). Gwynplaine n’a rien à faire (« rien qu’en se montrant », l.28). L’asyndète aux lignes 29 à 30 suggère le caractère automatique de l’effet produit par son visage : « On voyait Gwynplaine, on se tenait les côtes ; il parlait, on se roulait à terre ».

Le rire est associé à la face de Gwynplaine. Le mot traverse tout le texte : « rire » (l.9, 10 et 33). Mais aussi les mots « joie » (l.10 et 36), « gaieté » (l.12).

Mais l’auteur, à travers cette description à la fois réaliste, irréelle, cherche à nous interpeller et pose une réflexion .

2.1 un être pathétique

Le premier paragraphe évoque la nature (le groupe nominal est répété trois fois) comme l’auteur(e) de l’apparence physique de Gwynplaine. Une nature  désignée ironiquement comme bénéfique (« prodigue », « bienfaits » à la ligne 1 ; « comblé » à la ligne 4).

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