Dossier sur le poison de Baudelaire
Commentaire d'oeuvre : Dossier sur le poison de Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar KORSEN • 11 Février 2021 • Commentaire d'oeuvre • 1 835 Mots (8 Pages) • 8 588 Vues
Dossier – Le Poison de Baudelaire
- Introduction -
“Le Poison” (XLIX) est un poème des Fleurs du Mal, le plus fameux recueil de
Charles Baudelaire, l’un des plus grands poètes français du XIXème siècle.
Les Fleurs du Mal est paru en 1857 pour sa première édition et est axé autour
du Spleen et de l’Idéal, qui a donné lieu à la plus grande section du recueil, où
se situe “Le Poison”.
Ce dernier est entouré de poèmes “Le Flacon” et “Ciel Brouillé”, qui sont liés
au poème étudié par l’idée du poison et de l’âme notamment
“Le Poison” est ainsi constitué de quatre quintils avec une alternance
d’alexandrins et d’heptasyllabes avec les rimes en A/B/A/B/B sur chaque
strophe. Cette forme est peu traditionnelle en général, et chez Baudelaire cela
est d’autant plus étonnant car il utilise énormément la forme classique qu’est
le sonnet.
Ce poème est l’occasion pour Baudelaire d’échapper au Spleen qui le ronge par
diverses méthodes que l’on découvre au fil du poème ; on retrouve le vin, qui
se révèle important chez Baudelaire qui lui dédie même une section dans Les
Fleurs du Mal ; est abordé alors l’opium, le second paradis artificiel de
Baudelaire ; on note également la présence de la femme, très présente tout au
long du recueil avec des cycles inspirées par les différentes femmes que
Baudelaire a fréquenté.
Passons maintenant à l’explication du texte par les principales idées que
Baudelaire nous transmet dans ces vingt vers :
Analyse linéaire:
Dès le premier vers, le vin est personnifié. En effet il est sujet des verbes « sait »vers 1,
qui montre un certain savoir, une connaissance, et « fait surgir » vers 3, le vin a ainsi du
pouvoir. Celui-ci est exprimé à travers la métamorphose d’un lieu affreux en un lieu
extraordinaire : « sordide » vers 1 se transforme en « miraculeux » vers 2.
L’endroit est décrit à travers les termes « bouge sordide » vers 1 qui viennent former un
pléonasme. Cela permet d’insister sur la misère matérielle et morale : c’est un lieu de
débauche. La vie du poète sombre ainsi dans le vice et le spleen.
Les adjectifs « miraculeux » vers 2 et « fabuleux » vers 3 montrent une hallucination qui
tient du surnaturel. Les effets du vin sont donc comparés à un miracle, et amènent l’idée
du sacré, du divin.
Le mot « portique » vers 3 renvoie à l’art grec et à sa beauté. La métaphore du vers 4
montre la beauté qui entoure le vin à travers des sensations visuelles. La présence du mot
« or » introduit l’alchimie poétique avec le vin qui transforme le laid en beau (« tu m’as
donné ta boue et j’en ai fait de l’or », Baudelaire). Le « rouge » est employé pour évoquer
l’amour, le sang, la passion. Cependant, le terme « vapeur » montre que tout cela est
éphémère : à ce moment les effets du vin se dissipent et Baudelaire retombe dans le
spleen.
Cette notion structure le vers 5 ; après l’extase amenée par le vin, le poète se retrouve
confus, brouillé, dans le trouble d’un « ciel nébuleux ».
Enfin l’expression « soleil couchant » amène d’idée de fin, de mort. Le premier quintil finit
donc sur une note négative.
La deuxième strophe est une autre tentative pour sortir du spleen. Baudelaire s’aide cette fois-ci de l’opium. La structure de ce quintil est identique à celle du premier, avec une personnification de l’opium au vers 1. Le mot « opium » est mis en évidence par une diérèse. Il est le sujet des verbes « agrandit »vers 6, « allonge » vers 7, « approfondit » vers 8.
L’assonance en «A» et le placement de ces verbes en début de vers crée une certaine musicalité.
Cette strophe-ci présente une progression par rapport à la première, en effet l’opium est
plus fort que le vin. Cette puissance est amplifiée par l’hyperbole « allonge l’illimité » vers
7. De plus, l’expression « approfondit le temps » vers 8 amène une sensation d’infini,
l’espace est devenu immense.
L’opium montre donc un grand nombre de points positifs : il « creuse la volupté » vers 8,
« remplit l’âme » vers 10. Le fait que Baudelaire se désigne par la métonymie « âme »
montre qu’il est profondément marqué par les effets de l’opium, il atteint alors un
sentiment de plénitude et de bonheur, il touche à l’Idéal.
Cependant l’oxymore « plaisirs noirs et mornes » vers 9 montre que malgré le bonheur
qu’il a créé, le poète maudit est détruit de l’intérieur par l’opium, il retombe dans sa
mélancolie. Comme pour le vin, l’opium a des effets éphémères.
Suite au vin et à l’opium Baudelaire tente d’échapper au spleen par, d’après lui, le
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