Dissertation sur les Essais de Montaigne

Dissertation les essais Des Coches et Des Cannibales de Montaigne

Intro

A la fin du XVème siècle, les Européens découvrent un nouveau continent, l’Amérique, qu’ils baptisent « Nouveau Monde ». Cette découverte bouleverse ce qu’il convient alors de nommer « l’ancien monde ». En littérature, le XVIème siècle est dominé par l’humanisme qui est un courant de pensée qui se développe en Europe et qui place l’Homme au centre de ses réflexions. Montaigne est né en 1533 et mort en 1592. Philosophe et moraliste de la Renaissance, c’est un écrivain érudit humaniste. En 1572, il se consacre à l’écriture de sa seule œuvre intitulée Essais, écriture et réécriture qu’il poursuivra jusqu’à sa mort. Il y est question de la relativité culturelle, de la tolérance et de la manière dont se sont comportés les Européens à l’égard des Amérindiens. On peut se demander dans quelles mesures le récit de la conquête d’un nouveau monde permet à Montaigne d’interroger ses lecteurs sur leur propre monde. C’est tout d’abord la conquête elle-même qui est remise en question par le penseur, ensuite ce sont l’organisation et le mode de vie des européens qui sont interrogés par la comparaison avec ceux des amérindiens. Enfin, c’est la manière d’être et de penser des Européens que Montaigne dénonce.

I. Montaigne interroge le lecteur “conquérant”

“Notre monde vient d’en découvrir un autre » : c’est plus qu’une simple découverte, il s’agit d’une conquête dont l’auteur s’attache à critiquer les moyens, les motifs et les conséquences.

A. Méthodes des Européens

Le texte souligne combien les moyens utilisés par les portugais lors de la conquête sont répréhensibles. En effet, ils ont agi avec une grande violence. Ainsi dans Des coches, les supplices endurés par les rois du Mexique et du Pérou, brûlés vifs par les Européens, sont décrits avec réalisme et dénoncés par Montaigne : “Sur quoi, par un beau jugement de ceux mêmes qui lui avait imputé cette trahison, on le condamna à être pendu et étranglé publiquement". Les portugais ont largement pratiqué la torture, ils ont massacré les indigènes. La violence est ainsi dénoncée : “nous les avons dressés et pliés”. L’hypocrisie des occidentaux est mise en évidence. En effet pour parvenir à leurs fins, les nouveaux arrivants se sont présentés comme paisibles, pacifistes. Ils ont trompé ces peuples qui les ont naïvement cru. Dans Des Coches, Montaigne décrit la manière dont les Conquistadors se sont présentés aux Amérindiens : “Ils firent à ce peuple leurs déclarations habituelles qu’ils étaient des gens paisibles, (…) que s’ils voulaient être tributaires de ce roi, ils seraient traités avec beaucoup de bienveillance”.

B. Motivations des Européens

Les Européens ne sont pas allés à la rencontre des indigènes pour développer avec eux des relations, ni par curiosité, mais par pure cupidité. Ils cherchaient à s’enrichir et mettre la main sur l’or qu’ils étaient supposés avoir : “ils leur demandaient des vivres pour leur nourriture et de l’or dont ils avaient besoin” . Ils cherchaient également à étendre leurs possessions territoriales de manière à asseoir davantage le pouvoir de leur roi. Montaigne semble se féliciter de la perte des biens pris comme si finalement les Européens avaient été punis pour leurs larcins : “Dieu a justement permis que ces grands pillages soient perdus par leurs conquérants du fait des guerres intestines au cours desquelles ils se sont dévorés entre eux”. Plus loin, Montaigne utilise le terme “butin”. Ils voulaient enfin christianiser les indigènes dans un souci de prosélytisme : “ils leur expliquaient au demeurant la croyance en un seul Dieu".

C. Conséquences sur les Amérindiens

La conquête est enfin dénoncée par Montaigne pour ses conséquences pour les peuples amérindiens. L’arrivée des conquérants a déstabilisé l’équilibre précédent, nié la culture préexistante et les civilisations locales ont été détruites. Dans Des Cannibales, il annonce “que de la fréquentation des européens naîtra la ruine des civilisations amérindiennes”. Dans Des Coches, Montaigne s’effraie des conséquences pour le Nouveau Monde.

C’est donc la conquête elle-même qui est critiquée par Montaigne, elle fut néfaste aux amérindiens. Mais de la rencontre avec ceux-ci et de l’observation de leurs modes de vie, Montaigne cherche à tirer enseignement pour ses propres lecteurs.

II. Montaigne interroge le lecteur sur son mode de vie

La découverte de l’autre dans toutes ses différences est un moyen pour Montaigne d’interroger aussi le Vieux monde sur lui-même, ses pouvoirs, son organisation sociale et son rapport à la Nature

A. Le système politique

Ainsi, la monarchie absolue est évoquée dans ce qu’elle a d’absurde. Dans Des Cannibales, l’anecdote de la visite des trois Amérindiens à Rouen en présence de Charles IX, alors enfant, en témoigne : “Ils dirent qu’ils trouvaient en premier lieu fort étrange que tant d’hommes grands, portant la barbe, forts et armés, qui étaient autour du roi, consentirent à obéir à un enfant et qu’on ne choisit pas plutôt l’un d’entre eux pour commander”. Plusieurs exemples de rois indigènes s’étant illustré pour leur courage, leur force et leur dignité émaillent en effet les deux chapitres des Essais. Les prérogatives réservées aux chefs indiens ne sont par ailleurs ni les honneurs, ni les richesses, mais bien le devoir de marcher en premier à la guerre. “La

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