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Dissertation sur le rôle de la littérature dans la société

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Par   •  31 Mai 2017  •  Dissertation  •  2 356 Mots (10 Pages)  •  21 130 Vues

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DISSERTATION

SUJET :

Un auteur contemporain a écrit : « Je me contenterai de souligner que j’appartiens à la race d’écrivains pour qui le livre est un acte, non une simple observation, un simple enregistrement. Rien de moins gratuit que ma littérature… Je donne mon coup d’épaule pour aider les hommes à se désembourber de la barbarie et à progresser. »

Quelles appréciations portez-vous personnellement sur cette conception du rôle de l’écrivain dans la société ? Vous répondrez à cette question dans un développement argumenté, appuyé sur des exemples tirés de votre expérience de lecteur.

Introduction rédigée

Un personnage d’un roman de Henri LOPÈS ─ écrivain congolais ─ déclare à ses camarades élèves lors d’une discussion, qu’en matière de distraction, un bon livre reste la solution idéale, en tout cas plus qu’une soirée de danse. Cette façon de voir les choses n’est qu’un point de vue de lecteur. Mais lorsqu’on est écrivain, on sent qu’on a un rôle à jouer, à l’image de cet auteur contemporain qui dit que le livre est en réalité « un coup d’épaule pour aider les hommes à se désembourber de la barbarie et à progresser ». Cela voudrait dire qu’en plus de nous distraire la littérature joue un autre rôle qui est important. Que devons-nous entendre par « barbarie » et quelles sont ses différentes formes ? Par quels moyens peut-on en sortir ? Et en quoi les œuvres littéraires, dont nous évoquerons quelques-unes et leurs auteurs, peuvent-elles servir dans cette mission capitale de sauver la race des hommes de la barbarie ?

Corps du devoir

Chez les Grecs on appelait « barbare » un étranger qui n’appartenait pas à la civilisation du pays ; il était censé avoir des comportements étrangers et inacceptables. Si bien que par extension le mot « barbarie » a fini par exprimer ce qui est contraire à l’usage ou au goût, ce qui est cruel, féroce ou inhumain. Ainsi la guerre est-elle une barbarie parce qu’elle est contraire à l’éthique du bon sens. Nous allons évoquer ici quelques aspects de la barbarie du monde tels que décrits par les écrivains.

Dans Le barbier de Séville, BEAUMARCHAIS traque la barbarie qui s’exprime sous les traits d’une vieille habitude : l’incompatibilité d’âge et d’humeur dans le mariage. Le vieux médecin Bartholo veut épouser par volupté la jeune Rosine. Mais le comte Almaviva s’interpose avec la malice de Figaro pour déjouer tous ses plans. C’est la victoire des jeunes sur la vieille classe.

 Pourquoi ne pas évoquer le racisme qui a sévi en Afrique du sud pendant longtemps et que la plume d’André BRINK a su rendre impitoyablement par des mots propres au narrateur Ben Du Toit ? Cet homme blanc témoin de la ségrégation, a compris l’injustice et s’est permis de prendre le parti des opprimés noirs. Bien entendu il est aussitôt pris dans le rouleau compresseur de la Section Spéciale du colonel Viljoen, personnage froid et policier imperméable qui organise la répression officielle et met fin à tout espoir d’un autre mode de vie.

On n’oubliera pas ici l’amour débordant et insatisfait d’Emma Bovary dans le roman qui porte son nom et où FLAUBERT décrit avec le réalisme propre à lui les déboires sentimentaux et les éléments de la civilisation d’une époque passée : le 19e siècle en France.

Nous arrivons à la conclusion que le monde porte en lui-même les germes de sa propre destruction. Voilà en peu de mots à quoi ressemble la barbarie moderne. Que peut faire l’écrivain face aux faits constants de cette barbarie ?

Si le lecteur doit admettre que la littérature n’est pas gratuite, il faut comprendre par là que le livre joue un rôle : celui de dénoncer. Toutes les situations évoquées ci-dessus ne sont que la façon d’exposer le mal pour le mieux montrer, à la manière du chirurgien qui doit ouvrir la plaie jusqu’au fond pour couper le mal à la racine. L’écrivain est ainsi ce chirurgien qui observe les insuffisances, les excroissances, les incohérences ou les défauts de notre vie quotidienne et qui en parle ouvertement avec toutes les astuces liées à son art. Le texte peut se présenter sous la forme d’un roman, d’un poème ou d’une représentation théâtrale : peu importe, l’essentiel reste dans le message. La vérité est que tout le monde ne peut être écrivain ; les Grecs disaient que l’artiste était inspiré par des puissances divines appelées les Muses. Il a donc un certain don pour voir plus vite que les autres et parler plus haut qu’eux dans le but de les réveiller. Il est celui qui doit « surprendre les signes pour faire signe à son peuple » comme disait Martin HEIDEGGER. C’est à partir de ces signes particuliers que l’on détecte que le monde est dans la boue ou dans la barbarie, et c’est cela le coup d’épaule qui ébranlera les structures immobiles de nos esprits.

Mais les hommes sont-ils prêts à accepter leurs défauts et à les combattre ainsi que le voudrait l’artiste ?

Nous atteignons à ce stade la notion d’engagement. L’écrivain engagé est celui qui prend position par la voix et par l’acte en faveur des causes humaines, à la manière de Jean-Paul SARTRE qui, en plus de s’exprimer dans ses œuvres pouvait se mêler aux contestataires de la rue, se laisser arrêter pour défier les conformismes. Le livre devient ainsi un acte que l’écrivain pose, un acte aux conséquences incalculables dont la plus immédiate est l’exclusion de son auteur. S’engager, c’est aussi accepter les risques liés au fait de dénoncer.

Les pouvoirs ou les esprits intolérants ont de tout temps persécuté les écrivains : exils, prisons, exécutions, marginalisations sont le lot des écrivains, hommes d’exception qui, comme HUGO sont pourtant « l’écho sonore de leur temps ».

En effet ils s’opposent dans leurs œuvres à des habitudes, à des pratiques de toutes sortes dont l’esprit commun se défait difficilement. C’est sans doute le seul moyen pour les hommes de se « désembourber et progresser ». L’œuvre littéraire est ainsi le levier qui contribue à la construction du destin des hommes par son obstination à chanter le renouvellement des valeurs qui gouvernent notre vie pour que naissent de nouveaux espoirs. C’est pourquoi Aimé CÉSAIRE, le défenseur des libertés et des valeurs nègres, pouvait dire : « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche et ma voix la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir ».

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