Corpus Médée et Andromaque
Synthèse : Corpus Médée et Andromaque. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Hakti1 • 16 Mars 2020 • Synthèse • 1 262 Mots (6 Pages) • 486 Vues
CORPUS
Quelles visions de l’héroïne tragique ces textes nous proposent-ils ?
Le corpus proposé présente deux extraits de tragédies inspirées des mythes de la Grèce Antique. Le premier texte est extrait de la tragédie antique Médée, écrite par le dramaturge romain Sénèque au 1er siècle. Le second texte provient de la tragédie classique Andromaque, écrite par le dramaturge français Racine et publiée en 1667. Bien que parues à des époques différentes, ces deux tragédies mettent en scène des héroïnes dont les tourments les poussent à commettre des crimes, parfois monstrueux. Quelles visions de l’héroïne tragique ces textes nous proposent-ils ? Nous montrerons d’abord que ce corpus présente des héroïnes victimes d’une passion violente aveuglante, puis nous expliquerons en quoi elles sont déchirées entre des sentiments contradictoires.
Tout d’abord, ce corpus met en scène des héroïnes victimes de leur passion. Les deux héroïnes sont guidées par leur désir de vengeance qui étouffent leur amour. C’est le cas de Médée, dont la jalousie est si violente qu’elle la fait basculer vers la folie meurtrière comme le montre la répétition de « heureuse » (lignes 3 à 5), qui met en avant tous les crimes qu’elle a commis. De même, la multiplication des types de phrases traduit l’intensité de ses sentiments : questions rhétoriques, phrases exclamatives ou injonctives. Hermione a également été victime de sa passion : ses « emportements » (l.13) l’ont poussée à tuer son amant par l’intermédiaire d’Oreste. Désormais, sa colère est remplacée par une terrible souffrance, comme le montre le rythme ternaire des phrases qui insiste sur l’intensité de sa douleur : « Avez-vous pu, cruels, l’immoler aujourd’hui ? » (l.15) ; « Tu m’apportais, cruel, le malheur qui te suit. » (l.32)
De plus, ces héroïnes sont aussi déchirées entre des sentiments contradictoires, partagées entre leur volonté de vengeance et leur amour. Tout d’abord, Médée est en proie à une force qui la dépasse et ne parvient pas à maîtriser ses sentiments, comme le montre le chiasme ligne 33 : « Ma colère chasse la tendresse, ma tendresse chasse ma colère. » Ainsi l’amour maternel rattrape sa colère et la rend indécise, comme le montre le parallélisme de construction : « Qu’ils meurent, ils ne sont pas à moi, ; qu’ils périssent : ils sont à moi ». (l.3) En outre, l’héroïne s’adresse à des émotions personnifiées : tantôt à sa colère (« Où donc t’élances-tu, ma colère » l.8 à 9), tantôt à sa douleur (« Cherche un nouvel objet, ma douleur »L . 7). Enfin, elle tutoie son âme, ce qui reflète son dilemme intérieur, à savoir sacrifier son amour maternel pour accomplir sa vengeance : « Pourquoi vacilles-tu mon âme ? Pourquoi ces hésitations qui t’écartèlent entre la colère et l’amour ? » (l.28 à 30). Quant à Hermione, bien qu’elle ait déjà commis son crime, elle est également déchirée entre amour et désir de vengeance : « Que mon cœur démentait ma bouche à tous moments » (l.24) La colère lui a fait perdre sa lucidité : elle souhaitait la mort de Pyrrhus pour se venger, mais elle ne peut accepter la réalité. Elle fait donc preuve de mauvaise foi et rejette la culpabilité sur Oreste : « Et n’impute qu’à toi ton lâche parricide » (l.10)
En conclusion, ce corpus met en scène des héroïnes guidées par leur désir de vengeance, qui finit par triompher sur leur amour puisqu’elles basculent toutes deux dans le crime. De plus, elles sont divisées entre des sentiments contradictoires, à savoir la colère et l’amour. Ainsi le spectateur est horrifié par les crimes commis par les héroïnes, mais prend pitié devant leur douleur. Ce corpus délivre donc un portrait à la fois coupable et innocent de l’héroïne tragique. Elle est
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