Commentaire la duchesse de Langeais
Commentaire de texte : Commentaire la duchesse de Langeais. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Armance Coppoolse • 16 Juin 2017 • Commentaire de texte • 2 856 Mots (12 Pages) • 5 728 Vues
Question de Corpus
L’amour est un thème majeur de la littérature française, où les romanciers font part du regard qu’ils portent à ce sujet. Ainsi, La Duchesse de Langeais reflète la pensée de Balzac sur les relations amoureuses, et il en est de même concernant La Prisonnière pour Marcel Proust et Belle du Seigneur pour Albert Cohen. Quelle vision de ces relations chacun de ces romans donnent-ils ?
Les auteurs présentent tous trois les relations amoureuses comme cause de profonde souffrance. Antoinette de Langelais, « femme froide et tranchante autant que l’acier » suscite ici de la souffrance chez Armand de Montriveau en répondant à son amour par « une grâce moqueuse » et une « dureté » sans pareille. La douleur qu’engendre la liaison entre le narrateur de La Prisonnière et Albertine est plus clairement encore illustrée par le champ lexical de la souffrance, tel « souffrir », « distraction atroce » et le mot « souffrance » qui est opposé, par une antithèse, à la joie. Solal quant-à-lui « soupire », se lamente de sa situation amoureuse qu’il juge être une « tragédie ». La paradoxale que lui cause l’amour est mise en lumière à travers les antithèses « pauvres bonheur s » et « diner raffiné cafardeux ». Les relations amoureuses ont donc dans ces trois cas toutes comme finalité la souffrance, qui a cependant des sources différentes.
Dans La Duchesse de Langeais, Balzac explique cette souffrance par la relation conflictuelle des deux amants, qui mènent « une partie d’échec ». Antoinette séduit volontairement Armand mais refuse de céder à son désir. C’est pourquoi elle se montre distante à travers l’emploi du « vous » en réponse au tutoiement initial du général. Ce dernier est donc contraint d’entreprendre une véritable conquête amoureuse « plus difficile à faire que ne l’avait été celle de l’Europe ». La métaphore guerrière explicite l’affrontement de l’homme et de la femme dans cette relation amoureuse.
Chez Marcel Proust, c’est la jalousie qui rend l’amour du narrateur douloureux. Ce dernier souhaiterait « plus souple la chaine qui le liait » à Albertine, qu’il juge trop tendue. Il est « si jaloux » que cette relation le rend « malheureux » et le plonge dans un « néant », « une zone mobile d’incertitude et de vague ». Pourtant, malgré toute le souffrance que lui cause sa jalousie, celle-ci semble être le seul moteur de son amour, qui est né du « désir qu’elle suscitait chez les autres ». La relation amoureuse ne pourrait être donc ici que source de souffrance.
L’amour du narrateur pour Albertine n’est nullement passionnel puisqu’il est uniquement issu d’un sentiment de jalousie. En conséquent, une véritable lassitude pèse sur la relation amoureuse qui devient pour cause douloureuse : « Par la souffrance seule , subsistait mon ennuyeux attachement ». Pour Solal aussi, l’ennui a pris la place de la passion. Celui-ci est traduit par les répétitions de « et toujours » et du mot « éternellement ». Solal qualifie de « tragique » sa situation et s’en lamente comme le montre l’emploi répétitif de l’interjection « Oh ». L’amour non passionnel est dans ces deux romans source seule de souffrance car elle provoquerait soit jalousie soit lassitude et ennui.
Proust et Cohen prétendent ainsi tout deux que l’amour ne pourrait être source de bonheur seulement si celui-ci est passionnel. Mais ils présentent la passion également comme un sentiment éphémère qui est impossible de singer. Tandis que le narrateur de La Prisonnière tente de procurer à Albertine « l’illusion de ce bonheur », Ariane « faisait de son mieux pour conserver un climat de passion » avec Solal, mais en vain. Pour Armand de Montriveau, l’amour passionnel est également rendu impossible, non pas car il a pris fin pour un des amants, mais par sa non-réciprocité.
Ces trois romans donnent donc une vision pessimiste de la relation amoureuse, qui est présentée comme source de souffrance. Chez Balzac, celle-ci est due à la forme de combat stratégique qu’elle prend entre les deux amants. Proust quant-à-lui l’explique par la jalousie indispensable à l’entretien du sentiment amoureux, qui devient pour cause ennuyeux. La lassitude est également source de souffrance dans le roman de Cohen. Les trois romanciers se rejoignent dans le fait qu'un amour passionnel est impossible ou ne peut dans tous les cas durer éternellement. Le regard négatif sur les relations amoureuses de ces auteurs pourrait en partie s’expliquer par leur mouvement littéraire, comme le romantisme pour Balzac, et le contexte historique, qui étaient des périodes d’après-guerres pour Proust et Cohen.
Commentaire
Les intrigues amoureuses sont sans doute celles les plus prisées des romanciers pour leurs potentiels dramatiques et mouvementés qui peuvent aussi bien être heureux que tragiques. Dans son roman de la Comédie humaine La Duchesse de Langelais, Balzac fait le portrait d’une aristocrate représentative des nobles familles du faubourg Saint-Germain. Antoinette de Langelais aime séduire les hommes pour satisfaire son orgueil, et a ainsi charmé Armand de Montriveau. Le général de l’armée de Bonaparte, tombé fou amoureux de la duchesse, lui rend un jour visite avec la ferme intention de la faire céder à son désir. Balzac s’inspire certainement de sa propre aventure avec la Duchesse de Castries, qui l’humilia en se refusant à lui. Ainsi, l’auteur nous présente la rencontre entre le général et la duchesse sous la forme d’un affrontement verbal dramatisé qui donne part de la relation amoureuse entre les deux amants à personnalité fortes, tout en donnant sa dure vision de l’amour mondain.
Cet extrait du roman retranscrit le dialogue entre la duchesse et le général, dont la majeure partie est au style direct comme au théâtre. En effet, le passage à tout d’une scène théâtrale tant elle est dramatisée. Balzac nous donne de nombreuses indications quant à l’intonation des personnages par des verbes de paroles : « s’écria-t-il », de leurs expressions du visage : « d’un air de hauteur auquel se mêla quelque surprise » et de leur attitude : « salua gravement ». Les mouvements des personnages sont également décrits, qui témoignent eux aussi du caractère mouvementé de l’extrait. Au début, la duchesse calme d’emblée l’entrée soudaine du général, mais vite la tension s’accentue pour atteindre son sommet lorsque Montriveau « voulut s’élancer ;la duchesse sonna ». Les actions brusques s’enchainent, mais l’atmosphère se détend immédiatement après quand « la femme de chambre parut ». L’auteur fait ensuite une analyse de la situation et des pensées d’Armand et installe ainsi une pause dans l’action. La fin du dialogue s’achève cependant sur une note tendu, d’où la brièveté et la rythme haché des dernières réplique : « Je vous rend mille grâces, monsieur de Marsay vous a prévenu, j’ai promis ». Les indications de l’auteur nous donnent des renseignements très précis sur le déroulement de la scène, et permettent ainsi au lecteur de se visualiser clairement la scène. Tel un metteur en scène, Balzac décrit les faits et gestes des personnages de manière à ce que le passage puisse être joué sur scène.
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