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Commentaire du "Pain" de Ponge.

Dissertation : Commentaire du "Pain" de Ponge.. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Janvier 2017  •  Dissertation  •  573 Mots (3 Pages)  •  859 Vues

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COMMENTAIRE DU « PAIN » DE PONGE

Introduction : partir des impressions du lecteur moyen, dérouté par le caractère inédit du texte. On pourrait croire un poème, mais au sujet trivial et sans aucun des signes de la poésie traditionnelle, ni même de la poésie moderne (vers libre, rencontre d'images qui défient la logique). Cf. réticence de Ponge à revendiquer le nom de poète.

=> est-ce de la poésie, et si oui, à quelle définition répond-elle ?

I prendre le parti des choses :

  • usage de la prose, de paragraphes, de phrases sans audace syntaxique ni rencontre lexicale surprenante.
  • Texte entièrement descriptif d'un objet unique et quotidien

=> on croirait un article d'encyclopédie (Ponge s'inspirait beaucoup des dictionnaires, de Littré notamment) ; effort d'objectivité.

- par ailleurs, nombreuses images qui transfigurent complètement l'objet en lui donnant les dimensions de la Terre (croûte = montagnes, mie = sous-sol, pain à cuire = formation de la Terre), en contraste avec la modestie de l'objet. MAIS toujours tirées de son aspect physique !

=> parti pris des choses, changer notre regard sur les objets du quotidien que nous ignorons (cf. « le cageot », « l'huître »).

- tous les aspects présentés comme extraordinaires, du pain, sont tirés de ses qualités réelles : le pain tire sa valeur de lui-même et non parce qu'il serait le symbole d'autre chose.

=> on rejoint la critique que Ponge fait de la poésie lyrique pour laquelle les objets ne sont que les symboles commodes pour des sentiments et valeurs morales tout humains (lion = courage, automne = mélancolie)

=> parti pris des choses : libérer les objets de la tyrannie du regard humain.

II Critique du lyrisme traditionnel

  • Ici, le pain est débarrassé de toute valeur symbolique :

* symbole de la nourriture (l'homme n'est presque jamais évoqué dans le texte)

* symbole chrétien (allusion à la création de la Terre avec absence notable du boulanger ; cf. athéisme virulent de Ponge). Cf. d'autres poèmes comme « de l'eau » où le sujet est débarrassé de toute les valorisations qui lui sont habituellement attachées.

  • second degré présent dans les jugements de valeurs aussi outranciers que ridicules : admiration de la croûte, exécration de la mie... Confirmation dans la parodie d'alexandrins « ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie... » avec une touche d'humour final sur « éponge » qui rappelle le nom de l'auteur : Ponge raille les ambitions de la poésie traditionnelle. Le pain n'est ni grand ni petit, ni bon ni mauvais.
  • Du reste, dernier trait d'humour « brisons la » pour mettre fin au texte et souligner qu'il ne se prend pas au sérieux : le travail poétique sur l'objet change notre regard, mais il ne change pas la réalité de l'objet, ceux qui lui prêtent plus qu'il n'a sont des imposteurs.

=> mise en avant du jeu : le travail sur les choses et sur les mots est un amusement

Conclusion : en modifiant par le travail sur les mots notre regard sur les objets, Ponge nous fait prendre conscience du rapport que nous entretenons avec le monde ; la poésie telle qu'il la conçoit, loin des effets de manche et d'une harmonie artificielle, s'efforce de rendre ce rapport à la fois plus intense et plus modeste. Il s'agit aussi de relativiser le pouvoir du poète, et loin d'imposer un certain regard sur le monde, il joue avec la multiplicité des manières dont le langage permet de traduire le monde.

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