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Commentaire de Texte Thérèse Raquin : Le portrait de Thérèse (Emile Zola)

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Par   •  26 Juillet 2016  •  Commentaire de texte  •  1 864 Mots (8 Pages)  •  7 058 Vues

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Commentaire de texte :

Le portrait de Thérèse

Lorsqu’Émile Zola réalise son premier grand roman, Thérèse Raquin, paru pour la première fois

en 1867, il ne manque pas déjà d’y insuffler, déjà, une certaine perspective narrative qui confère à

cette œuvre, bien avant la construction de sa grande fresque des Rougon-Macquart, une véritable

esthétique naturaliste. D’emblée, dans ce texte, se retrouvent le primat donné aux tempéraments,

l’influence souvent terrible de l’hérédité, et le même souci caractéristique de tout l’œuvre de Zola de

confronter différentes espèces sociales. À cet effet, l’extrait qui nous est proposé s’avère particulièrement intéressant puisqu’il

s’attache à nous illustrer dans un portrait l’intériorité de Thérèse, personnage principal de l’œuvre, et

nous livre dans le même temps nombre de clefs d’analyse nous aidant à mieux comprendre la suite du

texte, puisqu’on y devine déjà les traits du tempérament de la jeune fille qui vont induire le drame de

la suite du roman. Cet extrait s’insère dans le second chapitre du roman, après un premier chapitre qui

se déroulait après le récit et nous introduisait le passage du Pont-Neuf qui ne manquait pas de dérouter

le lecteur par la description mystérieuse et particulièrement obscure qui en était faite : c’est seulement

par le biais de la suite du roman que le lecteur pourra comprendre qui est cette « Thérèse Raquin »

annoncée par la devanture de la boutique et quel rôle déterminant a joué ce lieu. Le second chapitre

introduit une rupture, avec un retour dans le temps, venant nous présenter la vie de la famille Raquin

en nous expliquant l’histoire des trois personnages.

Pour mieux orienter notre étude autour de ce passage, nous nous demanderons comment cet

extrait nous présente-il un portrait d’un enfermement physique et moral de Thérèse ? Pour cela, nous

nous intéresserons dans un premier temps à l’enfermement que semble subir Thérèse par son

entourage dans son quotidien, puis dans un second temps nous étudierons la perspective de la maîtrise

de soi chez celle-ci.

*

I. Un enfermement matériel

1. Une « vie forcée de convalescente » :

Tout le texte s’attacha à mettre en avant Thérèse comme victime d’une « vie forcée de

convalescente » (l.5) : celle-ci se voit imposée un mode de vie particulièrement rigoureux du fait de la

proximité avec son cousin. En précisant que la jeune fille a « une santé de fer » (l.2), le narrateur réalise

une métaphore, associant à la santé de Thérèse la solidité et dureté du métal : néanmoins, cet élément

va entrer en contradiction avec la suite du passage qui montre comment la jeune fille est traitée. On

observe ainsi une comparaison, avec « comme à une enfant chétive », (l.2), l’adjectif s’avérant

péjoratif, qui rabaisse Thérèse au rang d’une malade, sans regard pour sa bonne santé et son énergie.

La mention de l’« enfant moribond » (l.14) souligne une vision négative de Camille par l’emploi de

l’adjectif « moribond » qui met en exergue la faiblesse du jeune garçon. Cette vision s’inscrit dans un

portrait plutôt négatif de Camille, visant à accentuer sa fragilité pour mieux l’opposer à la force de

Thérèse et par là à mieux la mettre en avant.

2. Condamnée au silence :

Thérèse est une jeune fille qui n’a pas voix au chapitre et, en tant qu’adoptée au sein de la

famille, celle-ci semble n’oser jamais s’exprimer. Avec le parallélisme des lignes 5 et 6, doublé d’une

accumulation, « de parler à voix basse, de marcher sans faire de bruit, de rester muette et immobile »,

le narrateur produit une insistance sur toutes les actions qui se révèlent entravées et contraintes chez

Thérèse, qui n’est jamais libre d’agir comme elle le souhaite. L’expression à la ligne 12, de ces fougues

qu’elle tenait « soigneusement cachées, au fond d’elle » met en avant cette discrétion et ce secret qui

sont imposés à Thérèse : ce segment de phrase met en avant un élément redondant, celui d’une

dissimulation de ses émotions au plus profond d’elle-même, comme montré avec ces « secrets

tressaillements » (l.11) qui sont la seule expression de la jeune fille. Lorsque la tante demande à la

jeune fille si la nouvelle maison lui plait, la réponse de Thérèse, absolument silencieuse, souligne

l’enfermement total de Thérèse dans le silence : en précisant que « pas un muscle ne bougea » (l.18)

la narration réalise une paraphrase pour exprimer littéralement que la jeune fille ne dit pas un mot,

rappelant plus encore le silence auquel elle est cloisonnée.

3. Enfermée dans un rôle de garde-malade :

Si le texte dresse un paradoxe entre la bonne santé de Thérèse et la condition de malade qu’on

lui impose, la jeune femme est même dotée d’un rôle de garde-malade qui la sort violemment

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