Commentaire composé sur L’Ingénu, Voltaire l. 6-32
Commentaire de texte : Commentaire composé sur L’Ingénu, Voltaire l. 6-32. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Félix Karl • 6 Avril 2021 • Commentaire de texte • 2 350 Mots (10 Pages) • 468 Vues
Félix Karl
Commentaire composé sur L’Ingénu, Voltaire l. 6-32
Philosophe du XVIIème siècle, François-Marie AROUET prénommé Voltaire, inspire et forme une élite européenne éclairée depuis son domaine de Ferney. Essentiellement connu pour ses tragédies lors de la parution en 1767 du conte philosophique L’Ingénu, il est aujourd’hui considéré comme le grand écrivain français des Lumières. Ce conte raconte les aventures d’un Huron, l’Ingénu, tout juste arrivé en France qui découvre la vie française avec méfiance et bon sens. Dans le chapitre 14, il est emprisonné avec Gordon et discute avec lui, un vieux janséniste persécuté par les jésuites. Il se trouve que Gordon, précédemment responsable et « mentor » de L’Ingénu, va remettre en question le fonctionnement de la société et des religions européennes suite à son échange avec l’Ingénu. Dans quelle mesure l’Ingénu critique-t-il les travers des hommes et ouvre-t-il les yeux à Gordon ? Tout d’abord nous allons étudier comment les thèses du Huron et de Gordon s’opposent dans une discussion animée où le maître (Gordon) devient élève et l’élève (l’Ingénu) mène l’entretien ; à travers ce dialogue Voltaire fait la satire de l’obscurantisme et prête au Huron les idées des philosophes des Lumières.
Dans cette discussion, deux personnages et deux thèses très différentes s’opposent, celle du Huron, un sauvage qui se base sur la réflexion et la raison, et celle de Gordon très imprégnée par le jansénisme, la société et les dogmes religieux. Gordon est un être qui réagit affectivement et prend au début un ton paternel, voire protecteur face au Huron comme le démontre la périphrase affective “mon cher enfant“ (L.11), cette métaphore montre qu’il considère alors le Huron comme son enfant puisqu’il pense qu’il n’a pas finalisé son éducation. Gordon répond au Huron en « soupirant » (L.11) : ce gérondif met en évidence le fait qu’il semble supérieur à Huron ; c’est lui le maître qui corrige son élève. Il tente aussi de raisonner et répond à L’Ingénu de façon didactique, prenant le ton d’un maître face à son disciple : « tous les hommes sont d’accord sur la vérité́ lorsqu’elle est démontrée, mais ils sont trop partagés sur les vérités obscures » ; l’expression “tous les hommes sont d’accord“ joue comme un modalisateur qui manifeste la certitude avec laquelle il exprime sa propre pensée. Il s’exprime de manière très généralisée comme le souligne l’expression « tous les hommes » (L.11) et le présent de vérité générale. Le connecteur logique « mais » montre qu’il n’a aucun doute sur ses propos ; pourtant il s’exprime sur la vérité qui est un mot abstrait et une notion très relative. L’on peut alors s’imaginer qu’il souhaite impressionner L’Ingénu par une structure de phrase claire et rigoureuse et des mots techniques pour mettre en évidence sa culture et s’opposer au “sauvage“ Huron. La suite de leurs échanges est très mouvementée et prend un caractère extrêmement didactique, progressant par une sorte de “question-réponse“ qui fait penser au dialogue philosophique comme ceux de Platon. Gordon est qualifié de « janséniste » (L.10) Il est partisan des croyances jansénistes (de Jansénius, qui soutient que : tout dépend de la volonté́ et de la grâce de Dieu). Mais le Huron qualifie le jansénisme comme une secte et remet en question le savoir et les idées de Gordon ; il trouve qu’il ne réfléchit pas suffisamment par lui-même et se suffit de répéter ce qu’on lui a dit et est donc un peu ignorant du monde. La qualification de « le bon Gordon » (L.12) remet également en question le statut de savant de Gordon ; elle suggère toute sa gentillesse et sa bonté d’âme, et gomme toute dimension scientifique à son savoir et à ses thèses. L’antéposition de l’adjectif suscite la sympathie mais aussi la peine chez le lecteur qui voit ce savant réduit à l’état d’élève.
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