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Commentaire composé incitation au voyage de Baudelaire

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Par   •  11 Janvier 2023  •  Commentaire de texte  •  1 108 Mots (5 Pages)  •  467 Vues

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Commentaire composé Baudelaire incitation au voyage

L’Invitation au Voyage

Charles Baudelaire

Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l’âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
– Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (1857)

L’angoisse fit de Baudelaire un homme redoutant le monde, ce qui l’amena à créer son propre univers. L’Invitation au voyage est un poème qui chante un refrain suivant chacun des trois dizains, le songe du poète, sa réalisation progressive, ainsi que la matérialisation d’un idéal.

Certes, le songe évoqué par Baudelaire dans ce poème est celui d’un voyage. Mais les allusions successives aux surfaces planes et lisses où se reflètent les images, telles des miroirs, laissent penser que le voyage rêvé par le poète est la traversée de l’une de ces surfaces, espérant que les reflets adoucissent les contours de la réalité. L’intensif amplifiant l’effet déjà produit par la diérèse dans le pentasyllabe « Si mystérieux » prouve la fascination de Baudelaire pour le mystère du miroir. Ainsi, le phénomène miroir apparaît à travers les « yeux brillants » , d’ailleurs insondables, « traitres » ; mais aussi à travers les « meubles luisants », renfermant les secrets, les souvenirs des années passées, puisque « polis par les ans ». De même, « les miroirs profonds » sont insondables, la profondeur même empêchant la perception complète. Mais il y a aussi « les soleils mouillés » du septième vers, auxquels répondent « les soleils couchants » des derniers vers, qui, eux, se reflètent sur les « canaux », d’ailleurs sous forme de « vaisseaux », ce dont nous pouvons conclure que le phénomène miroir auquel il fait allusion n’est pas celui d’une reproduction exacte, mais d’une métamorphose, la traversée d’un miroir magique.

Ce rêve, ce désir de traverser le miroir évolue au fil des vers, jusqu’à devenir réalité. Tout d’abord, dans la première strophe, il ne s’agit que de l’évocation d’un songe. Nous sommes encore dans le monde réel, puisque pour mentionner le ‘’voyage’’, Baudelaire écrit « songe », puis « là-bas ». Cette première strophe insiste en fait principalement sur le caractère « mystérieux » constituant le principal attrait du voyage. La seconde strophe quant-à-elle représente le voyage, faisant jouer l’imagination des lieux, avec l’utilisation du conditionnel : « décoreraient », « parleraient ». Puis le songe devient réalité, la dernière strophe est écrite au présent, premièrement impératif : « Vois », puis indicatif : « l’humeur est », « c’est », « ils viennent », « Revêtent », « s’endort ». Mais cette évolution s’effectue progressivement. La brièveté des mètres, donc le retour rapide à la rime, marque fortement le rythme. Mais l’intervention de l’heptasyllabe tous les trois vers permet un rappel, un retour en arrière, d’autant que les heptasyllabes riment entre eux. Ceci adoucit et ralentit le rythme. Ce poème représente donc bien l’évocation de la réalisation progressive d’un songe.

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