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Commentaire Victor Hugo, « l’homme qui rit » (portait de Gwynplaine)

Commentaire de texte : Commentaire Victor Hugo, « l’homme qui rit » (portait de Gwynplaine). Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  10 Novembre 2018  •  Commentaire de texte  •  2 240 Mots (9 Pages)  •  4 311 Vues

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Introduction : Dans La préface de Cromwell, Victor Hugo expose sa théorie du rire. Selon lui, le rire résulte de la conscience que l’homme a de sa double nature, corporelle et spirituelle. Par conséquent, la conception du beau doit être ré-envisagé puisque le laid coexiste désormais aux côtés du beau de même que le mal et le bien ne font qu’un. Hugo soutient alors que l’Homme étant corps et esprit, le beau peut tenir autant à l’un qu’à l’autre, d’où cette conception du grotesque qui conjugue le matériel au spirituel, le risible au sérieux. De cette idée forte nait l’esthétique Romantique qui autorise désormais le mélange des genres en art. Or, dans cette scène, Victor Hugo livre le portrait du protagoniste en fonction de ses principes romantiques : en effet, c’est un portrait fait de contrastes et d’antithèses qui concilie la beauté de l’âme à la hideur d’un visage mutilé, et le grotesque au sublime.

C’est pourquoi on se demandera quel est le projet littéraire qui anime ce portrait saisissant de l’homme mutilé Gwynplaine. Axe 1– L’art de la description : faire le portrait de Gwynplaine en oeuvre d’art Axe 2- L’engagement subjectif du narrateur : une description biaisée pour orienter la direction du portrait Axe 3. Faire admettre une vision philosophique de l’Homme

Axe 1– L’art de la description : faire le portrait de Gwynplaine en oeuvre d’art

Intro partielle : la dualité de Gwynplaine déconcerte le lecteur pour sa bizarrerie, autant que sa complexité : car si son visage paraît hideux jusqu’au grotesque, son âme en revanche, est sublime. Le monstrueux saltimbanque concilie dans sa chair les contraires au point de susciter la pitié, car il a été conçu par la main de la cruauté humaine.

Piste 1. La vision d’un monstre double, entre sublime et grotesque

La dualité de Gwynplaine tient à sa difformité extrême qui rend sa

condition à la fois insoutenable et clownesque. C’est ainsi que paradoxalement, au lieu de se cacher, sa monstruosité se met en scène, monte sur les planches pour se donner à voir en spectacle : c’est là un premier paradoxe ; le narrateur laisse entendre que Gwynplaine aurait été défiguré précisément dans le but

d’être exhibé : « et de cette sculpture puissante et profonde était sorti ce masque, Gwynplaine » Le reformulation par épanorthose « ce masque, Gwynplaine », précise bien à quel point le protagoniste n’existe qu’en fonction de son visage déformé. Bien plus, par une maxime au présent de vérité générale, Hugo tire une leçon sur la mutilation de Gwynplaine : Cette maxime repose sur un jeu d’antithèses rien/tout, beauté/laideur que souligne le parallélisme “l’Homme ne peut rien sur sa beauté mais peut tout sur sa laideur” (l.13). Cette maxime laisse entendre que sa mutilation le condamne à son destin de clown, s’il faut accepter le visage que la nature nous donne, la cruelle modification de l’apparence dont a été victime Gwynplaine fait de lui un héros de l’acceptation : une fois encore sa grandeur d’âme est liée à sa mutilation et c’est ici une 2eme contradiction que porte le personnage.

Gwynplaine associe les contraires car il porte un visage monstrueux qui

contredit son âme. Il est une alliance impossible de contraire, puisque il conjugue un faux rire de surface au désespoir d’être captif de son masque. Ainsi peut-on lire « c’est en riant que G. faisait rire. Et pourtant il ne riait pas. Sa face riait, sa pensée non. » (l.38) : un contraste se remarque entre son apparence ignoble et son être profond : ce contraste est marqué par le mot logique de liaison « pourtant », il est mis en valeur par le parallélisme de la construction de phrase ainsi que par l’alternance entre les phrases de formes positives et négatives. Ainsi, Victor Hugo fait de Gwynplaine un monstre romantique parce qu’il est un mélange de grotesque et de sublime, de laideur terrifiante et de grandeur d’âme.

« Chefs-d’oeuvre » à la ligne 9 ou encore « admirablement réussi » à la

ligne 23 font, on l’a vu, de Gwynplaine une oeuvre d’art. Les termes sont mélioratifs pour évoquer sa monstruosité. Même la nature ne saurait être aussi « prodigue » (l.1), ni donner (« avait donné » toujours l.1) ou faire « ses dons » (l.4) puisque « on ne naît pas ainsi » nous dit l’auteur (l.22). « Cette sculpture puissante et profonde » (l.20) est l’oeuvre de l’homme. La laideur est si horrible qu’elle en devient paradoxalement sublime et suscite l’admiration. Il est « admirablement réussi » (l.23). L’adverbe « admirablement » vient du verbe « admirer ». Gwynplaine possède une « fort satisfaisante renommée d’homme horrible » (l.31-32) Ainsi, le portrait de Gwynplaine fait de ce monstre un prodige de l’art secret des Comprachicos.

Piste 2. Un portrait pathétique sur la condition du monstre saltimbanque.

Les Comprachicos, ces « manieurs d’enfants » (l.13), comme le précise

la périphrase, ont abominablement façonné le visage de Gwynplaine. Ils « avaient t ravaillé cette +igure » (l.13): le verbe “travailler” comporte une étymologie ecl airante sur le calvaire de Gwynplaine: en latin « tripaliare » = torturer. Les Comprachicos sont ainsi présentés comme les connaisseurs d’une « science mystérieuse », « occulte » qui rapproche leur savoir-faire chirurgical d’une science aussi mystérieuse que « l’alchimie ». Par cette analogie qu i tisse la métaphore +ilée de l’art, on est dans l’ésotérisme. D’ailleurs, toute certitude est bannie: « Il semblait », l.14-15, l’adverbe « probablement » à la même ligne »); Hu go donne meticuleusement à voir au lecteur les étapes de cette chirurgie , comme si on assistait à l’opération même qui a « ciselé cette chair » (l.15). Cette

vision chirurgicale de l’intervention sur le visage de Gwynplaine suggère avec force la souffrance qu’il a dû subir enfant, et fait de Gwynplaine un objet que les hommes peuvent manier à leur guise. En suscitant ainsi la pitié du lecteur, ce portrait pathétique suggère avec puissance la souffrance physique endurée sous

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