Commentaire Phèdre, acte V, scène 6, Jean Racine

Racine, Phèdre

ACTE V, scène 6

Vers 1 à 73

Commentaire littéraire

Le XVIIème siècle est marqué par l’avènement du classicisme en France, sous le règne de Louis XIV. Auteur de tragédies à succès, Jean Racine est reconnu comme le maître incontesté de la scène au cours de la seconde moitié du XVIIème siècle. Ses tragédies, conçues comme de véritables huis-clos destinés à broyer les héros, sont considérées comme les chefs-d’œuvre du théâtre classique. Phèdre, tragédie en cinq actes datant de 1677, est une de ses œuvres les plus célèbres. Dans l’extrait de la sixième scène de l’acte V, Théramène rapporte à Thésée le combat d’Hippolyte contre un monstre divin, et la mort tragique d’Hippolyte qui s’en suit. Il sera donc intéressant d’étudier comment le combat épique d’Hippolyte contre ce monstre divin confère une dimension tragique à sa mort. Nous nous attacherons à analyser dans un premier temps le registre épique de cet extrait et, dans un second temps, sa fin tragique, marquée par la mort d’Hippolyte.

Nous nous attacherons à analyser le registre épique de ce récit, illustré par l’héroïsme d’Hippolyte et par la description du monstre envoyé par Neptune.

L’héroïsme d’Hippolyte est présent tout au long de cet extrait. D’abord désigné par le pronom personnel indéfini « il » (v.2), Hippolyte évolue au fil du récit, pour devenir un véritable héros, désigné par la périphrase : « digne fils d’un héros » (v.30), faisant référence au courage unique de son père, Thésée, lors de son combat contre le Minotaure. Le parallélisme : « arrête ses coursiers, saisit ses javelots » (v.31) illustre l’appartenance d’Hippolyte à cet héroïsme familial. Le pronom personnel à tournure emphatique : « lui seul » (v.30), en position forte à la fin de l’hémistiche, renforce cette bravoure unique et exceptionnelle. En effet Hippolyte se démarque des autres hommes : « tout fuit » (v.28) par son courage remarquable. La synecdoque « lancé d’une main sûre » (v.32) souligne sa maitrise et son courage devant le danger. Enfin, la succession d’actions au présent de narration : « arrête » (v.31), « saisit » (v.31), « pousse » (v.32), « fait » (v.33) met en avant l’héroïsme d’Hippolyte. Cela donne également l’impression au spectateur de vivre cet événement à ses côtés. Ainsi Hippolyte devient un véritable héros au cours de cet extrait.

De plus, le registre épique dans ce récit est renforcé par la description terrifiante du monstre envoyé par Neptune et contre lequel Hippolyte doit combattre. L’apparition de ce monstre est annoncée par le champ lexical de l’eau : « liquide » (v.16), « humide » (v.17) et « onde » (v.18), relatif à Neptune, dieu de la mer et des océans. Le chiasme « indomptable taureau, dragon impétueux » (v.22) met en avant l’horreur de ce monstre divin mais également son caractère invincible. Il engendre ainsi l’effroi du spectateur. Cet effroi est accentué par la métaphore : « son front large est armé de cornes menaçantes » (v.20). Par ailleurs, l’allitération en r : « sa croupe se recourbe en replis tortueux » (v.23) annonce la violence du combat à venir. Le champ lexical des cinq sens tels que l’ouïe : « cri » (v.10), « voix » (v.12) et « mugissant », ou la vue : « voit » (v.25), « image » (v.48), « œil » (v.63) permet de transmettre au spectateur les différentes sensations engendrées par l’arrivée de ce monstre et de percevoir la scène comme s’il était présent. Les personnifications d’éléments naturels telles que « le ciel avec horreur voit ce monstre sauvage » (v.25) et « le flot qui l’apporta recule épouvanté » (v.27) renforcent l’ampleur de la terreur engendrée par ce monstre divin. Ainsi la description de cet effroyable monstre participe au registre épique de ce récit.

Dans cet extrait, le registre épique est ainsi mis en avant dans un premier temps à travers l’héroïsme d’Hippolyte et, dans un second temps à travers la description de ce monstre divin.

Cependant, l’héroïsme d’Hippolyte contraste avec sa mort tragique. Nous nous attacherons donc à la fin tragique de ce récit, tout d’abord à travers la mort d’Hippolyte puis à travers la détresse de Théramène, lors de son récit à Thésée

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