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Commentaire Parfum Exotique

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Par   •  17 Mai 2019  •  Commentaire de texte  •  1 095 Mots (5 Pages)  •  506 Vues

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I La forme de l’île

Depuis son invention en Italie par Pétrarque, le sonnet est une forme propice à chanter les charmes d’une belle dame désormais inaccessible. C’est sans doute que le sonnet et la dame partagent des qualités communes : la perfection de la forme, l’idéal difficilement atteignable. Si Baudelaire choisit cette forme c’est donc pour s’inscrire d’abord dans une tradition encomiastique, de célébration, d’éloge. Mais il y a également d’autres éléments qui peuvent justifier le choix de cette forme : Le sonnet comme l’île est une forme close sur elle-même puisque le schéma de rimes est forclos grâce à un nombre de rimes paires : deux quatrains aux rimes embrassées, un distique de rimes plates, un quatrain de rimes croisées. Cette grande virtuosité sonore est propre à évoquer la beauté idéale de l’île et son harmonie.

II Le topos de l’île

  1. La nature pure et idéale

La nature évoquée est d’abord une nature rêvée, fantasmée. Le poète insiste sur la nécessité de se retrancher du monde. La posture « les deux yeux fermés » suggère cette nécessité d’abolir le monde réel. De même des deux groupes nominaux « les deux fermés », « en un soir chaud d’automne » suggère une esthétique du  tableau, troublée par aucune action, la fixité d’une pause et d’une pose comme s’il s’agissait de recréer une atmosphère propice au déroulement de la vision pour lutter contre l’hostilité du réel. L’évocation du moment et de la saison n’est pas anodine. Le soir suggère à la fois une atmosphère nocturne et érotique, mais c’est aussi le moment qui précède la nuit, temps mythique, où on lutte contre les forces du chaos. L’automne est souvent associé à la vieillesse , à la décrépitude. (cf.chanson d’automne « bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres, adieu vive clarté de nos étés trop courts ») Et l’apparition de la vision peut apparaître comme une conjuration du mal, qui guette et une façon de s’extraire du réel trop laid et trop vil.

La vision qui se déroule sous nos yeux convoque tous les procédés de l’hypotypose. On retrouve le verbe voir opérateur de la vision, l’appel aux différents sens : « je respire, je vois, des fruits savoureux, chant des tamariniers. » L’emploi du présent d’énonciation ou descriptif  permet d’actualiser la vision et de nous faire participer au titre d’acteurs au tableau qui se déroule sous nos yeux.  Le poète qui dit « je » apparaît alors à la fois comme un témoin mais aussi comme un guide. Initié par la belle dame à la beauté de l’île  natale, il nous guide à notre tour vers cette perfection en nous permettant d’en faire également l’expérience. Il s’agit d’une initiation dans le sens le plus noble du terme. Comme le poète, le lecteur est invité à se dégager du réel pour se hausser à la contemplation de la beauté idéale de l’île inspirée par la belle dame.

La nature entrevue étant idéale, elle est aussi pure, c’est-à-dire, unique. À travers la multiplicité des phénomènes, la diversité, l’œil initié est capable de reconnaître la perfection de l’un, de la beauté idéale.  Remarquons l’emploi du déterminant toujours singulier « une île paresseuse », « la nature », « le corps mince et vigoureux », « sa franchise étonne », « l’œil » comme si au delà du pluriel « des hommes », « des femmes » « des rivages heureux », c’était la même idée unique de la beauté qui s’imposait.

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