Commentaire A LA BELLE ETOILE Prévert
Commentaire de texte : Commentaire A LA BELLE ETOILE Prévert. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jennymbida • 2 Décembre 2022 • Commentaire de texte • 2 057 Mots (9 Pages) • 315 Vues
Le XXᵉ siècle est marqué par la naissance du surréalisme. De nombreux écrivains de ce siècle prennent position pour aller au-delà des apparences, exprimer la réalité de leurs pensées sans censure. Rejetant tout ce qu'il y a de rationnel et de logique le surréalisme entend libérer les humains des contraintes de la raison et de la logique grâce à l'imagination ; il pousse l'homme à se libérer de toutes les contraintes. On peut citer par exemple Breton, Aragon, Eluard et bien sûr Prévert. Ce dernier écrit le poème intitulé “A la belle étoile” en 1935 tiré du recueil Histoires publié en 1963. L'enjeu principal de ce poème proposé réside dans l'analyse des injustices du Paris populaire. Comment l'auteur réussit-il à sensibiliser le lecteur à la misère présente dans Paris ? Il s'agira tout d'abord de montrer comment Prévert réussit à créer une échappée dans Paris, puis d'étudier la défense des misérables.
Dans un premier temps, nous verrons que Prévert déambule dans Paris. Pour cela, nous étudierons le jeu d'écriture du poème, puis le récit du poète témoin impliqué et enfin la description des déshérités et des exclus.
En effet, force est de constater que Prévert a écrit ce poème avec une certaine liberté d'écriture. D'emblée, nous pouvons remarquer que l'anaphore « Boulevard » (l.1-5-10-15) illustre une déambulation des lieux, traduit le repérage des lieux et situe le tableau dans les quartiers populaires, en compagnie de ceux qui y vivent. Prévert souligne une liberté d'écriture : le refus de toute considération logique et esthétique. Il le formule par le biais de vers libres, hétérométrie et l’ irrégularité du schéma des rimes/du nombre de vers par strophe durant l'entièreté du poème. Ce modèle d'écriture va permettre de mettre en valeur un fait flagrant : le poète s'est dégagé de toutes les contraintes traditionnelles à forme fixe, permettant de mieux suivre les mouvements de son esprit. S'ajoute à cela l'absence de ponctuation, pas point d'interrogation dans la question directe partielle « Où est-elle l'étoile » (l.23), pas de point d'exclamation dans l'exclamation « quelle merveille » (l.17) et pas de guillemet dans le discours « Tire-toi d'ici tire-toi » (l.7) et « Encore un sale youpin qui vient manger notre pain » (l.13) ce qui dévoile une perte de repère, un égarement. L'auteur a la volonté de s'écarter de certaines convictions pour évoquer des marginaux.
Par ailleurs, Prévert cherche à montrer que c'est un poète témoin impliqué. Ainsi, les noms « Boulevard de la Chapelle » (l.1), « Boulevard Richard Lenoir » (l.5), « Boulevard des Italiens » (l.10) et « Boulevard de Vaugirard » (l.15) pour désigner les boulevards, revoie à la fantaisie et l'implication de Prévert, en donnant à chaque lieu une valeur symbolique associez-de manière surréaliste. Ainsi, nous relevons une connotation religieuse dans « Boulevard de la Chapelle » (l.1) atténué par une antithèse représentant des protituées « De veilles poupées font encore le tapin » (l.4) ce qui met en scène une nouvelle religion moderne. D'autre part l'attention du lecteur est directement capté et préparé au constat d'une violence par la révélation d'une antithèse « Richard Lenoir » et « Richard Leblanc » (l.4) qui nous le comprenons par son discours est un voyou « Tire-toi d'ici tire-toi » (l.7) et « Les flics viennent de passer » (l.8). De même, le « Boulevard des Italiens » (l.10) désigne une antithèse « un Espagnol » (l.10) ce qui évoque la diversité des étrangers, c'est une ville cosmopolite. Enfin, pour le « Boulevard de Vaugirard », l'association sonore avec « veinard » (l.8) contraste avec le « nouveau-né » (l.10) qui est mort. La scène de vie « Il y a » (l.2) créé à travers une tournure impersonnelle et un langage oral a pour but d'être plus proche du lecteur, créer une sorte de reportage. Le pronom « je » dans les vers « je vis » (l.22-28), « je n'l'ai jamais vue » (l.24), « j'ai rencontré » (l.5-10) et « j'ai aperçu » (l.15) accentue le fait que c'est un auteur engagé. Le lecteur est ébahit par un décor vite implanté et des associations d'idées antithétiques.
Enfin, Prévert décrit les déshérités et les exclus du Paris populaire. L'auteur commence par une allégorie « des filles très belles » (l.2) qui sont traditionnelles de la « petite femme » à Paris, s'ajoute à cela le terme péjoratif « vauriens » (l.2) qui transmet un jugement de valeur, une réputation. Puis pour attirer l'attention du lecteur et le sensibiliser il est mis en relief un terme péjoratif ayant un registre familier en contact avec le registre soutenu « Les clochards affamés » (l.3) enfin l'oxymore « De vieilles poupées » (l.4) souligne la réification des prostitués. Cette énumération : « des filles très belles » (l.2), « vauriens » (l.2), « Les clochards affamés » (l.3) et « De vieilles poupées » (l.4) contribue à un parallélisme entre le vers1, dans lequel elles sont encore « très belles », jeunes et séduisantes et le vers 4 où elles sont maintenant « de vieilles poupées », âgées et maquiller à l'abus afin d'accomplir leur métier aussi longtemps possible. Le champ lexical de la misère se développe par « Les clochards affamés » (l.3) et l'emploi de l'imparfait « fouillait les ordures » (l.12) pour l'autre affamé qui est l'immigré espagnol, cela témoigne de la valeur d'habitude, description de la misère sociale. Dernièrement le « nouveau-né » (l.15-17) est mis en valeur à la fin de cette description des personnages par un effet de surprise, d'abord par l'endroit où il se trouve, son lit « une boîte à chaussures » (l.16) et enfin par le contraste entre la récurrence du verbe dormir « Le nouveau-né dormait dormait » (l.17), et la métaphore qui annonce la mort du nouveau-né « De son dernier sommeil » (l.18). La destinée des démunis et des exclus est tracée sous la forme de sentence à vie, une proscription/condamnation à vie.
Nous avons vu ainsi que Prévert laisse libre recours à son envie pour l'écriture de son poème, qu'il est impliqué et cherche à surprendre son lecteur. Cependant, derrière cette légèreté, son autre objectif reste de savoir qui prend la défense des misérable. C'est ce que nous verrons dans une seconde partie.
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