Comment le hasard permet-il de transformer l’espace de la ville en espace poétique ?

Luna Elmac LEMA 28700699

Karlheinz Stierle, dans son livre sur Paris intitulé La Capitale des signes,

affirme que « le hasard est le grand poète de la ville. »

Analyse de la citation :

        Le critique insiste sur la forme d’irréalité, d’incertitude et de rêve qui forme le hasard, et que procure la grande ville. Il met en avant la figure poétique de la ville et la multiplicité de la figure du poète. Ainsi que la diversité de la ville, espace de rencontres fortuites qui permet une réserve inépuisable de possibilités à l’inspiration des artistes.

La ville permet au poète de flâner, de la découvrir, d’observer les gens qui l’entourent et qui évolue avec elle.  On peut alors se demander comment le hasard permet-il de transformer l’espace de la ville en espace poétique ?

Nous verrons dans un premier temps le rôle du hasard dans les œuvres. Nous verrons ensuite celui de la ville et puis la figure du poète dans la ville.

        Le hasard est une forme d’irréalité, d’incertitude et de rêve qui accompagne la figure du poète dans sa flânerie. Dans la promenade, on se livre au hasard, qui devient source d'observation immédiate. Elle amène à d’innombrables lieux de rencontres ( exemple : la rue Pagevin, celle des Vieux Augustins p111 ). Ces rencontres du au hasard produisent des scènes inattendus et des coïncidences imprévisibles. Le hasard dans Ferragus est un thème récurrent.

Les rues de Paris sont un motif récurrent dans les œuvres étudiés, elles offrent de multiple lieux de rencontres. Balzac met en scène l'une de ces coïncidences à deux moments déterminants de l'intrigue, celui de la rencontre fortuite de M. de Maulincour, qui va déterminer l'enquête sur le secret de madame Jules, et celui de la rencontre de ce curieux mendiant, qui n'est autre que Ferragus, à la faveur d'une pluie torrentielle qui conduit le personnage sous un porche (p. 112-114).

On peut aussi retrouver ce hasard dans la lettre d’Ida que perd Ferragus dans un une circonstance imprévisible et que Auguste de Maulincour ramasse, ce qui relance l’enquête et entoure de mystère le personnage de Ferragus.

Il l’accompagne dans sa déambulation dans la ville à l’instar de Baudelaire dans le Spleen de Paris, et lui permet au fil de ses déambulation de dégager la beauté et la poésie des êtres et des situation de la ville .On remarque aussi l'abondance, chez Baudelaire, des tournures qui insistent sur le caractère fortuit des “possibles” surgissant dans la grande ville. Dès qu'il sort, le poète se livre aux possibles: “Comme j'arrivais à l'extrémité du faubourg” (Mlle Bistouri” (p.185), “Comme j'allais entrer dans un cabaret” (“Assommons les pauvres!”, p.195).

Cependant, il ne faut pas oublier que ce hasard repose sur le rôle de la vie moderne dans les œuvres. La représentation de Paris se fait, dans ce roman, par un parcours qui est celui de la flânerie, d’une déambulation au hasard, dans tous les sens, et qui permet donc de saisir quelques-unes des multiples et peut-être infinies facettes de la capitale.

        La ville tient un rôle important dans les œuvres.

En effet, la ville devient un objet de représentation privilégié dans la littérature du XIXe siècle, elle joue un rôle très important dans les textes de Baudelaire et Balzac. Elle évolue avec son époque grâce à une urbanisation massive, qui voit la naissance de grandes métropoles. Il est évident que la littérature, en tant que forme de connaissance de la réalité, ne pouvait ne pas observer ce nouvel objet qui se présentait dans l’univers réel : la ville moderne. L’aventure dans la ville ( ici Paris ) laisse une grande place au hasard et aux péripéties dans les romans. La ville est donc à l’image d’une société qui change de vitesse, qui accélère de tous les points de vue : sociale, économique, moyen de communication et d’information.  Le personnage de Jules dans Ferragus est à l’image de ce changement de vitesse, en effet, là où Maulincour prend des mois à enquêter sans succès ; lui arrive à résoudre le mystère autour de l’identité de Ferragus en deux jours. Il représente le bourgeois de la ville moderne, il évolue en utilisant ses capacités nouvelles ( notamment l’argent en payant son portier pour lui relater les déplacements de sa femme p. , et aussi la mère Gruget pour pouvoir espionner la rencontre entre Ferragus et Mme Jules p.181 ).

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