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Chênes et Chien - Queneau

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Par   •  16 Mars 2021  •  Cours  •  1 931 Mots (8 Pages)  •  1 518 Vues

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Chêne et Chien de Raymond Queneau

Introduction

Dans cette époque où tout était encore illusoire apparait pour la première fois en 1937, un roman en vers, intitulé Chêne et Chien de Raymond Queneau. C’est à force d’effectuer plusieurs recherches sur le langage que Queneau en est venu à instaurer un style qui lui est propre c’est-à-dire à la fois romancier et poète. Nous allons donc vous faire la présentation générale de l’œuvre en 3 parties. Nous évoquerons d’abord le titre du livre, puis nous étudierons sa structure et nous terminerons par la question du genre de l’œuvre.

I -  Le titre

  • « Quen », racine de Queneau
  • apparence pas de liens entre « chêne » et « chien » sauf l’allitération en [ʃ] > confusion possible entre les deux paronymes
  • deux mots normands « quenne » (= chêne) ou de « quenet » (= chien)
  • chêne : grandeur, noblesse, force, un penseur qui s’élève dans le ciel, symbole de spiritualité
  • chien : dominé par son instinct, sans capacité de réflexion, férocité, impulsivité, une bête sale, naïve, mais aussi très fidèle à son maître, l’ordure, la monstruosité et envies destructrices
  • deux noms reliés par la conjonction de coordination « et » qui peut marquer soit le choix entre les deux termes « chêne » ou « chien » soit leur addition
  • Mythologie personnelle
  • concordance entre le titre et son nom tend à confirmer la double identité du narrateur et à affirmer son propre blason et autobiographie poétique
  • symbolique intime, avec une signification que lui seul comprend et à laquelle il s’identifie
  • Ambivalence du chien : positif (loyauté, fidélité > chien d’Ulysse) mais aussi symbole de la mélancolie car il accompagne son maître mort jusqu’aux enfers (> Égypte);

Le titre renvoie donc à l’ambivalence que Queneau comprend vivre en lui. Affronte cette double réalité en lui à travers la cure.

D’autre part, à la page 81, dans le dernier poème, il nous explique enfin la signification de ce  titre avec le vers « Chêne et Chien voilà mes deux noms » qu’il nous présente comme étant une vérité qu’il nous confesse, en même temps qu’une interprétation symbolique et psychanalytique.

II – La structure

  • Série de poèmes sans titre répartis en 3 ensembles : les deux premières parties ne portent pas de titre mais deux épigraphes ; seule la troisième  porte un titre « la fête au village ».
  • En littérature, une épigraphe est une citation en tête d'un livre ou d'un chapitre illustrant la réflexion et/ou les sentiments qu'il aborde
  • Première partie : 13 poèmes pour les 13 premières années de sa vie / dans notre culture : symbole de malheur + entrée dans l’adolescence. Ici la double symbolique s’applique au récit d’une enfance malheureuse qu’il commence à raconter de sa naissance jusqu’à ses treize ans.
  • Seconde partie : 9 poèmes sans titres, récit de la cure psychanalytique et du travail qu’il fait sur lui-même.
  • Troisième partie : 1 seul poème assez long avec des pauses marquées par des blancs, lyrisme assez marqué (expression de la joie, de la nature, du soleil) = renouveau pour lui-même, impression d’avoir trouvé un sens à sa vie, d’avoir compris quelque chose sur lui-même et de n’être plus dans un malheur d’être soi.

🡺 Structure progressive et significative > La première partie du récit symbolise le Chien, qui « dévore et nique » et la troisième partie le Chêne qui « se lève – enfin ! ».

  • Début de l’œuvre
  • débute par une préface allographe d’Yvon Belaval > présente et recommande l’ouvrage  
  • on remarque un sous-titre p. 27 sous le titre de l’œuvre. Il y est inscrit « roman en vers »

  • Première partie
  • Première épigraphe : citation de Boileau: «Quand je fais des vers, je songe toujours à dire ce qui ne s’est point encore dit en notre langue. C’est ce que j’ai principalement affecté dans une nouvelle épître… J’y conte tout ce que j’ai fait depuis que je suis au monde. J’y rapporte mes défauts, mon âge, mes inclinaisons, mes mœurs. J’y dis de quel père et de quelle mère je suis né ». > Citation correspond à un art poétique qui rappelle la formation d’une autobiographie
  • On suppose que malgré le différend qui les sépare, Queneau lui rend hommage
  • Boileau est un fervent partisan du classicisme, il respecte les codes et lois de la versification dictée par Malherbe et réprime la modernité.
  • Queneau lui, s’il prône le travail et les consignes, privilégie la fantaisie dans les écritures poétiques ce qui le projette dans la modernité avec son mouvement l’OuLiPo, fondée en 1950
  • Queneau situe son histoire dans l’espace et le temps.
  • Il crée de nombreuses coupures entre ses poèmes avec des strophes
  • On y perçoit une ponctuation variée
  • exclamative : « Maintenant à la Tour Eiffel ! » (p.40), 
  • interrogative : « Abandonné, trompé, enfant, dans quel miroir verrais-tu ton image autre que déformé ? » (p.46),
  • déclarative : « De mon père un ami Lambijou s’appelait. » (p.38)
  • La versification
  • les vers sont hétérométriques, il joue avec l’alexandrin et l’octosyllabe : « J’ai découvert une caverne (p.46)/Le couronnement du défunt roi George V.» (p.47). 
  • les vers sont généralement courts, le but étant d’aller au cœur du sujet le plus clairement possible.

🡺 On comprend que, dans cette partie, l’auteur exprime beaucoup ce qu’il ressent. Le thème de cette partie relate l’enfance pas très heureuse de l’auteur, son enfer, ses cauchemars et ses craintes au niveau familial.

  • Deuxième partie
  • Comme pour première partie, ce seuil est une citation. Queneau choisit un autre auteur qui lui ressemble plus, Traherne : « To Infancy, o Lord, again I come ; That I my Manhood may improve. » traduction > « A l’enfance, Ô Seigneur, je reviens afin d’améliorer mon âge viril ». Traherne Thomas = 1 des principaux poètes métaphysiques.
  • 9 poèmes toujours sans titre qui relatent la cure psychanalytique > presque même taille (13 pages) et reprenant les mêmes variations dans les procédés d’écriture.
  • dans cette partie interviennent deux personnages : le psychanalyste et le patient.

On constate au fil de la lecture, un dialogue marqué par le signe de ponctuation [-], notamment page 80 : « - Puisque maintenant je travaille, puisque tu as bien travaillé […] (psychanalyste) ».

🡺 Cette seconde partie constitue la prise de conscience et l’effort que l’auteur fait sur lui-même pour combattre ses souvenirs malheureux et les démons qui le hantaient depuis son enfance.

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