Caractériser la poésie de Baudelaire

CARACTERISER BAUDELAIRE

Lorsque Baudelaire arrive sur la scène littéraire, deux grands mouvements littéraires dominent : le Romantisme et le Parnasse. Baudelaire s’est inspiré de ces deux mouvements, et a été le précurseur d’un autre mouvement : le symbolisme. Il est donc difficile de « classer » Baudelaire dans un mouvement, on trouve des aspects de chacun dans son œuvre Les Fleurs du Mal.

Par certains aspects, Baudelaire est un poète romantique : ses poèmes sont lyriques, utilisent des images frappantes et suscitent de l’émotion.

Situé au tout début des Fleurs du Mal, L’Albatros est un poème qui présente un aspect romantique. En effet à la lecture de la dernière strophe, on s’aperçoit que l’albatros dont nous parle Baudelaire n’est pas seulement un « vaste oiseau des mers » (ligne2), en réalité Baudelaire fait une comparaison entre cet oiseau et le Poète (« le Poète est semblable au prince des nuées » ligne 13). Il est personnalisé et est caractérisé par des sentiments humains. Baudelaire nous parle de lui-même. L’expression du moi, des émotions est primordial dans le Romantisme. Les adjectifs péjoratifs sont nombreux dans ce poème : « maladroits », « honteux », « gauche », « veule », « comique », « laid » (lignes 6 à 10). Ce poème évoque des émotions vives, et la vision de l’albatros majestueux et noble (« prince des nuées ») lorsqu’il est dans les cieux (c’est-à-dire le poète lorsqu’il est en pleine création) contraste avec celle de l’oiseau ridicule qui a perdu sa grâce lorsqu’il est sur le bateau parmi l’équipage (c’est-à-dire pour le poète lorsqu’il n’est plus dans son environnement, quand il est parmi les hommes). Le lecteur ne peut qu’être touché par ce contraste.

Elévation est un peu le poème inverse de L’Albatros qui montre la chute et le malaise du poète parmi les hommes. Le lyrisme de Baudelaire évoque cette fois l’envol (« au-dessus », « envole-toi », « vers les cieux ») du poète, ce qui contraste avec l’albatros dont les « grandes ailes blanches » (ligne 7)  trainent sur le sol.

L’invitation au voyage est également un poème lyrique où Baudelaire invite sa bien-aimée à faire un voyage avec lui. Des émotions intenses sont évoquées (« aimer et mourir » ligne 5), Baudelaire décrit un lieu idéal, on a l’impression de se trouver devant un tableau avec des couleurs chaudes (« d’hyacinthe et d’or », « la splendeur orientale », « une chaude lumière » lignes 23, 38 et 40).

Paysage nous montre le poète qui rêve à sa fenêtre, et qui crée son propre monde par l’imagination. La création lui permet de transformer un objet de la vie quotidienne (« les tuyaux, les clochers »ligne 7) en objet poétique : il livre son rêve au lecteur.

Baudelaire est aussi parnassien par certains aspects : il célèbre l’art en lui-même dans certains poèmes à la composition rigoureuse. Il maîtrise l’art de sculpter le langage.

Dans son poème Les Phares par exemple, on voit le travail du poète sur la prosodie et la forme même du poème : la composition est très rigoureuse. Il est formé de onze quatrains, dont huit sont consacrés aux huit artistes que Baudelaire considérait comme les phares de l’humanité : Rubens, Léonard de Vinci, Rembrandt, Michel-Ange, Puget, Wattreau, Goya et Delacroix. Ce poème est écrit en alexandrins, avec des rimes croisées. Dans ce poème il célèbre la peinture et les peintres. Il rend hommage à l’art en lui-même, qui éclaire le monde (« c’est un phare allumé sur mille citadelles » ligne 39).

...