Camus, l'étranger
Commentaire de texte : Camus, l'étranger. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mtourpin • 24 Janvier 2019 • Commentaire de texte • 9 493 Mots (38 Pages) • 617 Vues
L'étranger – Albert CAMUS – La mort de l'arabe
Après une altercation entre son ami Raymond et deux arabes, Meursault esr retourné seul sur la plage.
Pour éviter tout débordement, Meursault a forcé son ami à lui remettre son revolver.
Sur la plage, il rencontre par hasard l'un des deux arabes.
Toute la scène se présente comme un concours de circonstances où le hasard joue un rôle déterminant.
Mais en même temps, un certain nombre d'éléments insistent sur la fatalité de cette rencontre.
Un personnage dominé par ses sensations physiques
Le rôle du soleil – Personnification
Son environnement et surtout le soleil est présenté comme un troisième personnage. (1 – 2 – 12 – 23 - 26 – 31)
Meursault y fait référence de nombreuses fois, directement ou à travers ses deux principales manifestations: la chaleur et la lumière => champ lexical du soleil, de la lumière, de la chaleur (lumière + chaleur => feu)
Ce soleil est insupportable. (6 – 9 - 11 – 12 – 13 – 30 – 31 – 36 – 37 – 38 – 39 )
C'est lui qui semble déclencher tous les évènements. (5 – 15 – 16 – 26 – 29 – 32 – 43)
C'est le soleil modifie la perception de Meursault.
Plus encore que l’Arabe, il semble que ce soit le soleil son véritable ennemi.
C'est contre le soleil que Meursault semble se défendre. Il évoque très peu son véritable adversaire.
La souffrance physique
Il semble que tout son environnement veuille le faire souffrir. Le soleil mais aussi la mer (10), le ciel (41)
Meursault cherche à se défendre car il souffre physiquement et sa souffrance va crescendo.
Tout au long de la scène Meursault présente le caractère agressif du soleil par la lumière et la chaleur.
Ses sensations douloureuses sont évoquées tout au long du chapitre: au départ (5 - 6), le soleil qui s'appuie sur lui (11) contre qui il veut triompher (12), l'ai enflammé (22), animation de la plage se pressant derrière lui (26).
Puis il parle de brûlure (30 – 32). A ces impressions visuelles et tactiles externes, s'ajoutent alors des sensations internes : « le front surtout me faisait mal et toutes ses veines battaient ensemble sous la peau » (31)
La souffrance est symbolisée par des comparaisons du soleil avec des armes, dès le départ (13) puis renvoyant au couteau de l'arabe mais faisant référence à la lumière du soleil, véritable agresseur de Meursault (36 - 39)
Cette souffrance devient même torture (rongeait, fouillait) (39)
Il évoque même des sensations auditives pénibles => Hallucination auditive. (“retentissante, cymbales”) (5 - 38)
A ce malaise s’ajoute celui produit par la sueur. Evoquée trois fois directement et une fois à travers l’image du “rideau de larmes et de sel”, elle est ressentie comme une gêne : elle l’empêche de voir correctement. (30 - 37)
C’est sur le visage de Meursault que se concentrent les effets désagréables du soleil et de la sueur.
Toutes les composantes du visage sont évoquées: chaque millimètre de celui-ci devient souffrance (front, dents, mâchoires, joues, sourcils, paupières, yeux) (12 – 13 – 30 – 31 – 36 – 37 – 38 – 39 )
=> Le lecteur a accès aux sensations physiques détaillées du personnage. Ses pensées ne sont évoquées qu'à la fin de l'extrait. A nouveau, Meursault semble subir et non agir.
Il apparait comme un héros tragique qui n'est pas maître de son destin.
Un personnage dominé par son destin (mécanisme tragique)
Enchainement inéluctable (inévitable) des évènements
C'est le soleil qui semble à l'origine des évènements: Il ne rentre pas avec son ami, à cause de la chaleur (5 - 6) Il se dirige vers la source, pour fuir le soleil (15 – 16).
Il ne revient pas en arrière à cause de la plage vibrante de soleil (26)
Il a l'impression que l'arabe se moque de lui, à cause des ombres (29).
Le soleil le brûle, il faut un pas en avant, pas d'une importance démesurée (32).
C'est alors que tout s'enchaine.
L'arabe sort son couteau qui réfléchit la lumière qui éblouit Meursault (35 - 36).
Concours de circonstances, “au même moment, la sueur coule sur le visage de Meursault qui est aveuglé.
Il est aveuglé à cause de la sueur et donc la chaleur (37)
La troisième étape est marquée par la formule d'emphase mettant en valeur une action: “C'est alors que tout a vacillé” (40). Maintenant tous les éléments naturels semblent se lier contre lui (41)
On assiste à un véritable embrasement de l’univers qui fait penser à l’apocalypse.
Autre formule d'emphase pour la quatrième étape: “c'est là … que tout a commencé” (42)
Une fois “l’erreur” commise, Meursault est pris dans un engrenage et comme le héros tragique, il est manipulé par le destin.
C'est le connecteur logique “Alors” qui signale la dernière phrase: les autres derniers coups de feu (45)
Un personnage qui subit
A aucun moment Meursault ne semble avoir le choix de ses actions.
Le seul geste qu'il fait (le pas en avant) il semble le regretter aussitôt (33 - 34).
C'était plutôt un geste instinctif pour se débarrasser du soleil qui provoque toute une série d'évènements dont il semble être le spectateur impuissant.
Même le coup de revolver est indépendant de sa volonté. Il semble manipulé à la fois par son environnement (le soleil puis la mer, le ciel...) (41) mais aussi par les objets (le couteau, le revolver) (42). Tous semblent s'allier contre lui.
Dans son hallucination, il a l’impression que les objets et les lieux sont vivants.
Le thème de l'aveuglement
la dimension tragique de la scène est aussi présente sous la forme de l'aveuglement (cf Oedipe).
Si Oedipe se crève lui-même les yeux pour se punir, ici c'est le soleil qui aveugle le personnage.
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