Bac Français corpus: Zola, Camus, Césaire et Grumberg
Rapports de Stage : Bac Français corpus: Zola, Camus, Césaire et Grumberg. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 16 Mars 2014 • 1 730 Mots (7 Pages) • 4 764 Vues
1) Ce corpus se compose de quatre textes. Le premier est un passage du roman « Germinal » publié par Émile Zola en 1885. Le second document est un extrait de « L’Artiste et son temps » tiré de l'essai « Actuelles II » écrit par Albert Camus en 1946. Le troisième texte est tiré d'un « Discours sur le colonialisme » tenu par le poète martiniquais d'Aimé Césaire. Le dernier document vient d'une pièce, « L'Atelier », publiée en 1979 par le dramaturge Jean-Claude Grumberg.
2) Le registre dominant des quatre textes est le registre polémique. En effet, pour chacun des auteurs, il s'agit d'engager un combat, de dénoncer un état de fait intolérable en exprimant ouvertement sa colère.
Dans le texte 1, Zola exprime son sentiment de révolte au travers de son personnage, Étienne Lantier. L'ennemi, c'est le capitalisme. Il est désigné par un vocabulaire péjoratif qui exprime la spoliation (« tyrannie », « affamait », ligne 12 , « vole », ligne 18). Nous pouvons voir l'agressivité s'exprimer dans les gestes (« empoignaient », ligne 27, « lançant les poings », « comme pour mordre », ligne 29) comme dans les propos du syndicaliste. L'intonation, d'abord, (« … d’une voix plus vibrante. », ligne 32) met en évidence le sentiment de révolte. La forme impérative (« Entendez-vous ! », ligne 34) signale une forme l’autorité que le syndicaliste tente de prendre sur les ouvriers pour les maintenir dans la grève, la colère, la revendication, faire barrage à la résignation qui gagne les rangs. L'utilisation par l'auteur du discours indirect libre au travers de formes interrogatives (« Est-ce qu'il se trouvait des lâches pour manquer à leur parole ? », lignes 8-9) et exclamatives (« Quoi ! Depuis un mois, on aurait souffert inutilement, on retournerait aux fosses... », lignes 9-10-11) est un autre procédé qui renforce le caractère polémique de l'extrait.
Dans le texte 2, c'est en son propre nom (pronom personnel « je ») qu'Albert Camus s'exprime pour crier sa révolte. Sa visée est plus large que celle de Zola puisqu'il dénonce toutes les formes d'asservissement de l'homme par l'homme (« Le mineur qu’on exploite ou qu’on fusille, les esclaves des camps, ceux des colonies, les légions de persécutés qui couvrent le monde », lignes 2-3-4). Pour lui, l'écrivain ne vit pas éloigné de la société de son temps (« … s'endormir dans sa tour », ligne 15). La violence de l'oppression se retrouve dans la manière dont Camus exprime son rapport à la vie (« être tiré du côté de tous les jours », ligne 11). Il est un homme parmi les autres hommes (« nous avec eux », ligne 13-14). Son rôle consiste à se faire le porte-parole de ceux qui ne peuvent pas faire entendre leur éternelle misère (« pour toujours désespérés », ligne 13). Plusieurs compléments de temps (« jour après jour », ligne 5, « de mes premiers articles jusqu'à mon dernier livre », 9-10) montrent l'engagement incessant de l'écrivain dans la défense des opprimés.
Dans le texte 3, le poète martiniquais Aimé Césaire s'élève personnellement (pronom personnel « je ») contre l'oppression du colonisateur sur le colonisé, du blanc sur l'indigène. Ce discours passe par la déshumanisation des colonisés. Le langage mathématique («colonisation = chosification ») souligne le caractère particulièrement violent du rapport de forces qui s'oppose à la thèse officielle des blancs pour lesquels la colonisation est synonyme de civilisation. Le colonisé est ramené à l'état d'objet. Le procédé d'accumulation (« la corvée »... « la muflerie », lignes 1 à 3) signale la violence de la spoliation, la manière brutale dont la culture initiale des colonisés est remplacée par celle des colonisateurs. L'anaphore de « je parle » souligne la force du témoignage, de la vérité mise en lumière, face au « on » impersonnel représentant le colonisateur. Le propos de Césaire est catégorique (« Il n'y a de place que... », « Aucun contact humain »). L'évocation d'une violence exercée au moment même du discours (« à l'heure où j'écris, sont en train de creuser ») renforce encore la dénonciation.
Dans le texte 4, c'est au travers du personnage d'Hélène que Grumberg s'exprime. La colère de cette dernière se porte aussi bien sur son mari que sur la société de son temps qui refuse d'expliquer ce qui s'est passé exactement à Drancy. L'échange entre les deux personnages passe par l'expressivité de la ponctuation. En effet, les répliques de chacun contiennent des formes impératives (« Tiens, lis ! »), des exclamations, des interrogations (« Et alors ? Drancy ou ailleurs… C’est un papier non ? »). Léon ne veut pas qu’on parle et que l’on publie les souffrances des juifs. Les didascalies le montrent (« à voix basse », « après un silence, entre ses dents »). Il souhaite évacuer ce passé douloureux et se focalise sur le futur, le travail de l'atelier («(« … autant de commandes cet hiver... », ligne 24, « … ici, on travaille... », ligne 48). Les deux personnages partagent donc deux conceptions antagonistes du devoir de mémoire.
Jean-Claude Grumberg, auteur dramatique français du XXème siècle douloureusement marqué par la Shoah, publie « L'Atelier » en 1979. Cette oeuvre raconte, sur 7 années (1945 à 1952), l'histoire de treize personnages travaillant dans un atelier de confection. Dans la scène 7 qui nous occupe, quatre personnages sont présents sur scène : Léon, le patron de l'atelier, sa femme Hélène, Simone, une employée et Jean, le
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