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Apollinaire, Zone

Commentaire de texte : Apollinaire, Zone. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  17 Avril 2020  •  Commentaire de texte  •  2 482 Mots (10 Pages)  •  811 Vues

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LINEAIRE 1 – ZONE – APOLLINAIRE

L’affirmation de la modernité

AUTEUR + ŒUVRE : 

Guillaume Apollinaire incarne « l’esprit nouveau » selon l’expression qu’il utilisera lors d’une conférence en 1917.

Dans son recueil Alcools, ce vent de modernité est palpable puisqu’il s’inspire de la ville et de la peinture cubiste et supprime la ponctuation de certains poèmes. Le titre « Alcools » place alors le recueil sous le signe de l’ivresse qui désigne à la fois la soif de vivre et l’ivresse poétique qui permet d’accéder à un autre monde.

Toutefois, Apollinaire respecte une certaine tradition poétique. Effectivement, il est : « entre deux mondes ». C’est justement cette posture particulière, entre tradition et modernité, que nous retrouvons dans le poème « Zone », qui fait l’objet de notre étude.

PASSAGE : 

Placé en tête du recueil, ce texte est, pourtant, le dernier poème rédigé par Apollinaire avant la publication en 1913. Le choix de faire de ce poème le poème liminaire du recueil est significatif : « Zone » sera un manifeste poétique, par lequel le poète révolutionne le genre poétique, tant dans la forme que dans les thèmes. « Zone » est un poème fleuve, sans ponctuation (Apollinaire la retire au dernier moment) ni régularité de mètre ou de rime. Ce poème renvoie également au quotidien urbain moderne qui fascine Apollinaire.

PROBLEMATIQUE : Ainsi, nous nous demanderons en quoi ce poème célèbre-t-il la modernité ?

MOUVEMENT : 

Pour cela, nous relèverons trois mouvements dans ce texte : tout d’abord la lassitude d’Apollinaire vis-à-vis du passé des vers 1 à 4, puis l’évocation de la religion qu’il place hors du temps des vers 4 à 10 et enfin, sa déambulation dans la ville moderne des vers 11 à 24.

MVT 1 V.1 à V.4 : La volonté de renouveau (le rejet du monde ancien)

MVT 2 V.5 à V.10 : La religion hors du temps

MVT 3 V.11 à V.24 : Déambulation du poète dans la ville moderne

CONCLUSION : 

Ainsi, Sans renier totalement la tradition poétique qui l’a précédé, « Zone » se démarque par sa profonde originalité et donne le ton du reste du recueil.

En abordant le quotidien sous un nouvel angle, le poète utilise désormais son art pour sublimer le quotidien et transfigurer les éléments les plus banals du monde contemporain, qui acquièrent une qualité presque magique pour qui sait les regarder.

La forme épouse ici le sujet : c’est un poème résolument moderne et optimiste, célébrant la nouveauté et l’inventivité de ce début de siècle.

(En effet, l’espace urbain sert de décor à plusieurs poèmes d’Alcools comme par exemple « Sous le pont Mirabeau » qui a pour cadre Paris et un célèbre pont métallique, emblème de la modernité)

MVT 1 : La lassitude d’Apollinaire vis-à-vis du passé

Nous pouvons constater que les trois premières strophes, qui ouvrent « Zone », sont des monostiches (strophes d’un vers) et rendent palpables la lassitude d’Apollinaire quant au passé.

Vers 1 : « À la fin tu es las de ce monde ancien » 

Le premier vers est déroutant dans la mesure où il s’agit d’un vers classique, d’un alexandrin plus précisément, répondant à une certaine tradition poétique. Cependant, il s’agit déjà, pour le poète, d’annoncer un renouveau poétique. Effectivement, il est intéressant de noter que la diérèse sur le mot « ancien » concourt à donner l’impression que l’adjectif se brise : « anc-i-en » et donc que le passé s’efface. Cette décomposition du mot évoque aussi la peinture cubiste.

La présence de l’attribut du sujet : « las » met en évidence le désir de rupture d’Apollinaire. Le poète nous surprend en utilisant le pronom personnel « tu » pour se désigner. Le lyrisme (= évocation des sentiments personnels. Registre énormément utilisé par le romantisme mouvement littéraire du début du XIXème siècle) est, de la sorte, mis à distance. Pourtant, ce choix permet au lecteur de devenir, au même titre qu’Apollinaire, le destinataire du poème. 

Le premier vers ancre donc d’emblée le poème dans la modernité. 

Vers 2 : « Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin » 

Apollinaire abandonne l’alexandrin au profit d’un vers libre de 16 syllabes et inscrit, de la sorte, la modernité poétique au cœur de « Zone ». Néanmoins, comme au vers 1, nous sommes sensibles à la présence discrète de la poésie traditionnelle. En effet, l’utilisation du « ô » lyrique témoigne d’un certain élan lyrique, d’un héritage romantique. Pourtant, il est placé devant un symbole fort de modernité : la Tour Eiffel dont la construction en 1890 avait fait scandale, suscitant des réactions hostiles mais aussi enthousiastes comme chez le peintre Delaunay, un proche d’Apollinaire. Cette référence précipite le poème dans l’espace urbain comme la métaphore : « le troupeau des ponts bêle ce matin » qui métamorphose les arches des ponts de la Seine en dos de moutons et la personnification : « Bergère ô Tour Eiffel » qui transforme la Tour Eiffel en bergère. Apollinaire associe ici le modernisme des villes et la tradition des campagnes et donne ainsi une image insolite de la capitale.

Vers 3 : « Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine »

Le vers 3 insiste plus encore sur cette envie de modernité et fait écho au premier. Une formule plus familière exprime cette volonté de rupture et la lassitude à l’égard de l’Antiquité, considérée comme une inspiration et un modèle absolu au cours des siècles précédents.

Vers 4 : « Ici même les automobiles ont l’air d’être anciennes » 

On peut s’étonner que le chantre de la modernité critique ce qui est censé en être pourtant le signe par excellence : l’automobile. Mais il est vrai que les premières automobiles perpétuaient les formes des voitures hippomobiles, avaient l’allure de carrosses.

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