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Analyse scène 1, acte II, Le Misanthrope, Molière

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Par   •  25 Février 2018  •  Commentaire de texte  •  1 646 Mots (7 Pages)  •  3 557 Vues

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Situation : L’un des ressorts comiques du Misanthrope provient de l’interruption récurrente de l’entretien sans cesse différé entre Alceste et Célimène. C’est un leitmotiv de la pièce. Cinq ans auparavant, Molière avait eu déjà eu recours à ce procédé dans une pièce écrite pour la somptueuse fête donnée par Fouquet à Louis XIV en son château de Vaux-le-Vicomte Les fâcheux. La pièce reposait alors sur le défilé incessant de personnages(un marquis vaniteux, deux précieuses) indésirables qui empêchent un gentilhomme de rejoindre sa belle. Au XVIIe siècle et au sens classique, un fâcheux est une personne qui dérange, qui survient mal à propos. On retrouve cet effet dans le Misanthrope avec le défilé des petits marquis, ce qui n’est pas sans favoriser le comique en exaspérant davantage Alceste. Celui-ci s’en plaint à Célimène à la fin de la scène 1 de l’acte II. Mais au-delà du rire du spectateur, on peut craindre pour le couple, Alceste ayant menacé Célimène de rupture= contretemps

     I/ Un microcosme au code et aux lois bien définies :

 Société fermée  oisiveté et raffinement

  1. le courtisan :

  Clitandre mentionne le Lever du Roi= étiquette = hiérarchie très stricte

Le courtisan doit être servile afin d’obtenir des avantages, des honneurs qu’il brigue sans cesse d’où sa flagornerie. Flagorner quelqu’un, c’est le flatter de façon servile. Molière s’en prend à des personnages qui, bien qu’ils peuvent inquiéter Célimène (« peuvent nuire »), n’en sont pas moins dépourvus de tout pouvoir réel. Ils peuvent tout au plus ruiner sa réputation dans les salons mais ils restent des représentants d’ une noblesse sédentarisée, d’une noblesse de cour fortement dépendante économiquement du « bon vouloir » du roi.  Bien que croyant avoir un rôle qu’ils n’ont pas, ils ne sont que des pions dans la société hiérarchisée Louis quatorzienne. Ils restent des « petits marquis » ( ce n’est pas un titre nobiliaire mais une appellation générique), objets de la satire molièresque :

                        -mode vestimentaire excessivement excentrique(rubans, plumes, canons-ornements de soie attaché au bas de la culotte)…)

                        -comportement maniéré, manière extravagantes= affectation( manque de naturel) = ostentation

                        -sottise des paroles : personnages fats, imbus de leur personne vantardise et flatterie mais aussi… médisance. Ils passent de l’un à l’autre sans difficulté.

Enfin, les deux personnages apparaissent en couple, véritables inséparables ce qui accentue leur côté mécanique. Ce sont des marionnettes, des fantoches. Ce sont donc bien des types, des caractères aveuglés dans leur suffisance. Oronte et ses vers, Clitandre voit le ridicule de Cléonte  et non le sien v.569-570 = ironie du dramaturge

  1. les applaudissements des petits marquis :

Leurs rires- qu’on devine avant même qu’ils ne soient indiqués dans les didascalies-, leurs suggestions, leurs jurons marquant l’approbation- Parbleu- ont valeur d’encouragement.

Ils applaudissent sans discernement à toutes les paroles de Célimène. Leur flatterie, leur participation à ce jeu repose en fait sur un code tacite= complicité avec Célimène flatterie +auto-flatterie, ce qui leur confère une supériorité factice= complaisance.

D’ailleurs, eux-même lancent un nom et deviennent ainsi les acteurs de ce jeu. Ils en prennent l’initiative.

Mais, en fait, fausse complicité : ce sont des futures victimes du jeu cruel de Célimène mais, enfermés dans leur aveuglement, ils ne le savent pas

                                      Célimène, égocentrique, ne cherche qu’à briller et les encouragements des marquis ne lui renvoient que le reflet de sa propre image. En fait, elle les méprise et n’a que des rapports d’intérêts avec eux( voir scène précédente).              

                            

                        c) une faible contestation :

Présence silencieuse d’Alceste qui n’intervient qu’à la fin mais qui demeure présent tout de même et doit endurer toutes ces médisances qu’il déteste. La scène lui est un supplice- d’autant plus qu’elle est menée par celle qu’il aime- et il n’éclate qu’à la fin.

Quant à la remarque ironique d’Eliante, elle passe quasiment inaperçue et ne semble même pas entendue par l’assistance, remarque d’ailleurs qui n’est adressée qu’à Philinte.  

II/ Une préciosité pervertie(altération, corruption de son but initial) :

                a) le portrait des Précieuses à Célimène :

Le portrait était une activité des Précieux et permettait une analyse psychologique d’un individu afin d’essayer d’en saisir toute la complexité. Ces portraits d’amis d’une même société étaient souvent élogieux, voire même idéalisés et présentaient ceux qui fréquentaient ces salons sous un angle très favorable.

Par la suite, dans la seconde moitié du siècle, avec ceux notamment qu’on appelle les moralistes et qui cherchent à saisire l’homme avec clairvoyance autant dans ses défauts que ses qualités, on aboutit à une perception souvent amère, narquoise, incisive(= se moque avec une ironie fine), leur dialectique étant elle de l’opposition entre l’être et le paraître. On recherche donc la lucidité et cela s’accompagne d’un certain pessimisme. Les Maximes de la Rochefoucauld paraissent en 1664 tandis que le Misanthrope est joué en 1666.

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