Analyse de la soupe et les nuages poème de Beaudelaire

La soupe et les nuages

Le symbolisme. C’est toujours le « nous ferons route ensemble » des voyageurs qui partent en même temps. A l’arrivée, on se sépare. C’est ainsi que Jules Renard, écrivain français (notamment celui de Poil de carotte) nous décrit dans sa maxime le mouvement du symbolisme. Les symbolistes ont une conception différente du  monde, très spirituelle et souhaitent dépasser la simple représentation réaliste comme moyen d’expression. Notre auteur, est lui-même considéré comme LE précurseur de ce mouvement. Les poètes sont, des personnes vivant en marge de la société et sont les seuls êtres humains capables de déchiffrer les mystères du monde. « La soupe et les nuages », œuvre  nous allons aujourd’hui étudier,  est extrait du Spleen de Paris recueil posthume de Charles Baudelaire suivant les fleurs du mal, un recueil qui a essuyé de très nombreuses controverses à l’époque.

LECTURE

C’est donc un renouvellement de la tradition de la poésie amoureuse que nous offre le poète par la tension entre l’idéal et le présent que l’on devine bien entendu incompatibles. Cela crée une ironie cruelle autour de la vie du Poète.

Nous étudierons donc la structure de ce poème (en prose), la position de la femme entre ange et démon et enfin la position du poète, un être contemplatif ou un marchand de nuages.

Plan :

I/La poésie violentée par la prose

1. Un texte à deux nombres
2. Une structure en diptye

II/ La femme, ange ou démon ?

1. L’ambiguïté de la femme aimée
2. L’ambigüité de la relation

III/ Le poète contemplatif ou marchand de nuages

1. Le poète parmi les hommes
2. Le statut du poète en question

A/ Un texte à deux nombres

• Thèmes traditionnels du récit mais aussi les thèmes du récit réaliste
• Le titre résume les deux natures : nuage (au-delà) soupe : (trivial et quotidien)
• Poème en prose avec comme caractéristiques celles du roman réaliste (cadre urbain du 19eme) salle à manger, fenêtre (ciel= Poète dans un appartement dans une chambre, une scène du quotidien
• Soupe (poète du petit peuple parisien) (décrit par Zola notamment dans l’assommoir)
• Poésie : envolées lyriques réduites certes mais présentes. Contemplation de la nature, périphrases métaphoriques : nuages + thématique de l’amour = éloge des beautés de la femme aimée, les deux sont liées.

B/ Une structure en diptye

• Construction en diptye avec opposition ; 1ere personne : ciel 2eme personne : chute retour sur terre, mise en valeur par un parallélisme de construction (discours direct). La voix du rêve est écrasée par le deuxième paragraphe
• Chute au monde réel= passé simple qui rompt avec l’imparfait (tout à coup) qui interrompt le rêve
• Ironie cruelle du poème construction en diptye qui oppose la représentation qu’il a de lui-même par son activité de rêverie et de conception du monde qu’il observe à la véritable nature de ce dernier
• Mouvement ascendant dans le premier paragraphe et descendant au deuxième qui renvoie à la double construction du poème liée à la double nature de la femme

A/ L’ambigüité de la femme aimée

• Ambiguïté apparait dans les connotations multiples des termes pour la caractériser : périphrase « ma petite folle bien aimée » = hypocoristique assez banale de la femme bien aimée comme une enfant. « épithète belle » « petite folle » qualifie de beau tort les caractères dépeints. Monstruosité ne renvoie pas à la laideur mais au sur naturel «  épithète homérique » aux yeux verts renforce le coté surnaturel
• Mention des yeux assimilée aux chats notion spéciale pour Baudelaire, fascination pour le son mystérieux regard renvoie au poème « le chat » ou encore « les chats ». La femme aimée devient une créature dont on ne sait pas si elle est magnifique ou angélique et dont on ne connait pas la nature de la folie
• Mégère + créature mystique =caractérisation de la voix= alliance des termes rauques et charmante « sens étymologique la beauté fascinante bizarre + l’adjectif trivial rauque » (signe du surnaturel) + expression comparative « comme enrouée par l’eau de vie) image de la mégère alcoolique suggérée par comme qui amène à une réalité possible

B/ L’ambiguïté de la relation

•  Tradition de l’amour non partagé est traitée de manière ironique et cruelle. Topos de l’amour impossible=amour sublime éprouvé par le poète « ma bien aimée » s’oppose à sacré bougre. Violence physique manifeste la rupture radicale avec toute la tradition amoureuse de la poésie
• L’ironie et l’autodérision face aux illusions du poète

A/ Le poète parmi les hommes

• Appartenance du poète au peuple, référence autobiographique + culturelle (19eme, les artistes n’ont plus de mécènes statut intermédiaire entre l’ouvrier et l’aristocrate)= bohème littéraire, le poète se retrouve à fréquenter les bas-fonds de la ville et les prostituées
• Originalité de Baudelaire est de justement transformer cette réalité sociale pour bouleverser l’image du poète.
• Pouvoir du poète = capacité à voir au-delà des autres, transformer la réalité
• Périphrases pour désigner les nuages, transforment les éléments naturels en œuvres d’art = métamorphoser la réalité qui devient spectacle fantasmagories : sens propre = art de faire paraitre les figures lumineuses
• Comparaison de cette reconstruction du monde aux yeux de la femme aimé à la capacité du poète de créer un univers à partir d’un caractère de la femme
• Aspiration du ciel symbolisée = la rêverie sur les nuages est suggérée par les vapeurs de la soupe illusoire avec la chute sur Terre
• Aspiration du poète qui se manifeste par le motif de la fenêtre ouverte devient symbole de la poésie Baudelairienne.

B/ Le statut du poète en question

• Nouveau lyrisme ? « je » poétique =fonction sujet tut au long du poème
• Récit, point de vue interne= un statut particulier auquel le lecteur ne peut que s’identifier car il ne perçoit la scène que d’un seul point de vue. Chute procède à la démystification brutale du poète
• Le poète ne tranche pas entre une lecture distancée et une lecture empathique » marchand de nuages » = incompréhension de la femme qui perçoit la poésie comme un délire pour un bougre mais qui pose la question de la poésie et de toute l’activité artistique comme une prostitution un acte ou l’on se vend et où l’on fait de notre mieux pour plaire aux acheteurs du plaisir que l’on leur offre

Ainsi dans ce poème Charles Baudelaire procède à une réelle mise en question du genre de la poésie amoureuse, dans laquelle il exprime tout son amour pour le bizarre à travers le portrait qu’il dresse de cette femme et de leur relation ambiguë, aussi il livre toute l’ironie de l’amour qu’il ressent perdu entre ses aspirations sur naturelles s’élevant par-delà es cieux ramenés brutalement à la réalité par sa bienaimée. Il pose enfin une réflexion sur la condition du poète entre le ciel, figure de hauteur dans la réflexion échappant à la perception du commun des mortels et à la trivialité du monde privé de mécènes dans lequel il vit. Il s’interroge enfin sur la nature de l’art, ou il pose la question d’un poète se vendant pour le plaisir suscité à l’acheteur, un nouveau mode de prostitution spirituel.

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