Analyse L'évadé - Boris Vian
Commentaire de texte : Analyse L'évadé - Boris Vian. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Justine Burgener • 21 Janvier 2017 • Commentaire de texte • 2 316 Mots (10 Pages) • 11 044 Vues
L’Evadé
Présentation de l’auteur
Boris Vian, né le 10 mars 1920 à Ville-d’Avray, près de Paris et mort d’un arrêt cardiaque le 23 juin 1959 à Paris (soit à 39 ans), était un écrivain français antimilitariste, un poète, un chanteur, un musicien de jazz (trompettiste) et ingénieur diplômé de l’Ecole centrale Paris, l’une des plus prestigieuses écoles d’ingénieurs de France.
Boris Vian a écrit 11 romans, parmi les plus célèbres on peut citer L’écume des Jours (1947), J’irai cracher sur vos tombes (1946), L’Herbe Rouge (1950), Le Déserteur (1954), L’arrache-cœur (1953). Il a également écrit 4 recueils de poèmes (ex : Je voudrais pas crever (1962)), plusieurs pièces de théâtre (ex : Le Chasseur Français, Le Dernier des Métiers), des nouvelles, des chroniques musicales, des scénarios de films et des centaines de chansons (Le déserteur / Ah, si j’avais cinquante francs / Je bois...).
Boris Vian était malade et se savait condamné. En effet, dès l’âge de 12 ans, suite à une angine infectieuse, il souffrait d’une insuffisance aortique et savait qu’il pouvait succomber à tout moment d’un accident cardiaque. Il aspirait donc à vivre intensément, ce qui peut expliquer son besoin de toucher à tout.
Présentation de l’œuvre
Le poème « L’Evadé » ou « Le temps de vivre », a écrit en 1954, soit à la fin de la guerre d’Indochine[1] et juste avant la guerre d’Algérie[2]. Cependant, il a été publié en 1966 dans le recueil Chansons et poèmes (publication posthume).
Ce poème appartient au courant existentialiste (courant philosophique qui place l’existence individuelle au coeur de sa réflexion. L’individu est libre, unique et responsable non seulement de ses actes et de son destin, mais également des valeurs qu’il décide d’adopter).
Suite à toutes les morts, les angoisses et les privations dues aux guerres, Boris Vian adopte le précepte de Horace, Carpe Diem, c’est à dire « profite du moment présent, sans te soucier du lendemain ».
Description de l’œuvre
Il s’agit d’un poème composé de 9 strophes, dont 7 quatrains, 1 tercet et le dernier vers qui constitue la dernière strophe.
- Au total 32 vers, tous sont des octosyllabes ;
- ce poème respecte les contraintes poétiques formelles telles que l’usage de strophes et de vers réguliers, mais il n’y a aucune rime en fin de vers.
- Toutefois, même s’il s’est libéré de cette contrainte, les sonorités dans le poème ont beaucoup d’importance.
Analyse de l’œuvre
TENTATIVE D’EVASION
- Le décor du drame
∙ La scène se déroule dans un décor simple, où les éléments sont nommés sans être décrits :
il y a d’abord la prison qui évoquée à travers des termes très vagues : « là-haut » ; « les quatre murs » et « la sirène »
puis la nature, où il en va de même : « colline », « des arbres », « les herbes », « l’eau », « l’autre rive » et « ce ruisseau ».
→ Rien ne permet de situer le récit dans l’espace. Et aucun adverbe de temps, aucune date ne nous indique quand l’évasion a lieu.
∙ Dans ce décor, il y a également des êtres dont on ne sait presque rien :
il y a l’évadé, désigné par le pronom personnel « il » et dont on évoque les pieds (v.2), le corps (v.6), l’ombre (v.8), le visage (v.17) et la bouche (v.27)
et il y a les surveillants qu’on réduit d’abord à leurs armes: « les canons d’acier bleu » (v.13) puis qu’on qualifie « d’assassins » (v.29), terme qui montre qu’il s’agit d’un meurtre
∙ On remarque une certaine géométrie dans la composition : en effet, il y a une alternance entre les descriptions et les répétions du même propos « Pourvu qu’il me laisse le temps », que l’on prête à l’évadé et qui revient au total 4 fois dans le poème.
→ On peut ainsi dire que les deux premières strophes, dans lesquelles « pourvu qu’ils me laissent le temps » n’apparaît pas, servent d’introduction et les deux dernières de conclusion.
- La course de l’évadé
En lisant le poème, on ressent directement un sentiment d’agitation mais plutôt d’agitation entrecoupée, comme s’il s’agissait d’une course essoufflée, ce qui laisse déjà présumer la fin du poème, la mort du fugitif. Je m’explique :
∙ Si on observe la syntaxe, les phrases sont toutes construites de la même manière : on a le pronom personnel « il » suivi d’un verbe d’action à l’imparfait ou au passé composé
→ procédé qui témoigne de la succession monotone des évènements, tout comme le rythme de la course
∙ On remarque que cette course est semée d’obstacles qui la ralentissent : « des pierres » (v.2) ; « les herbes » (v.10) et « le ruisseau » (v.26)
→ cela renforce l’idée d’une course saccadée et haletante
∙ Au vers 6, dans la strophe 2, le corps de l’évadé est comparé à une forge (endroit qui émet beaucoup de fumée), cela souligne son épuisement
∙ Cependant, malgré ces remarques, on a un sentiment d’agitation qui persiste du début à la fin, mais qui est tout-de-même plus marqué à partir de la strophe 5. On observe cela avec l’accumulation des verbes d’action (dévaler, rouler, danser, sauter, cueillir, plonger, rire, boire, relever, etc.). qui sont plus nombreux encore à partir de la strophe 5 et qui accélèrent le rythme du poème.
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